Kadararan était énervée. Très énervée. À un point inimaginable. Surtout après qu’elle ait été bâillonnée. Elle se dit intérieurement qu’elle ne tomberait plus jamais inconsciente, car c’était décidément très mauvais pour elle. Si elle n’était pas dans cet état lamentable, pieds et poings liés, sans armes et armures, elle ne se serait pas fait avoir aussi facilement. Et cette Quarrienne n’aurait pas fait main mise sur elle.
Sans étonnement pour Samus peut-être, L’Asari ne ressentit presque aucune gènes à entrer dans cette atmosphère si pauvre. Au début peut-être, mais elle s’adapta rapidement à ce nouvel environnement.
L’énervement s’empara de plus en plus de la demoiselle. La discussion entre le scientifique et son ravisseur ne la calma pas le moins de monde. C’était plutôt le contraire. Son regard était assassin et tout en elle était crispé. Violence. Elle ne pensait qu’à frapper. Au sang verdâtre qui s’échapperait du corps inerte de ce Galarien une fois qu’elle lui aurait arraché la tête, puis le cœur, puis ses membres.
Au grand étonnement de Kadararan, Samus se retourna contre le scientifique en lui tirant une balle dans la tête pour ensuite détacher la demoiselle. Elle resta quelques minutes les yeux rivés sur la Quarienne. Son attitude était différente, bestiale. Ses iris jaunes étaient injectés de sang. Où bien était-ce leur couleur qui changeait. Kadararan avait envie de la griffer, de la mordre, de se jeter sur elle. Un éclair de lucidité lui fit prendre conscience que, si elle se retournait contre la chasseuse de prime, elle ne pourra ni quitter cette planète, ni comprendre ce qu’il se passait. La demoiselle prit sur soit. C’était un exercice de sang froid difficile car sa colère était sans précédents.
Calme-toi. Rappelle-toi de l’entraînement. La méditation. C’est ça.Elle respira un grand coup.
"
T’aurais au moins pu essayer d’obtenir mon accord avant de tenter un truc pareil. Histoire de me mettre au courant avant la baston, par exemple ! "
Les gardes, interpellés par le coup de feu de la Quarrienne, s’étaient préparés à riposter. Ils tirèrent dans la direction des deux femmes. Kadararan, qui ne faisait pas vraiment attention, se fit presque toucher par une rafale qui éclata le sol à ses pieds. Elle jura en l’esquivant à la dernière minute.
"
L’entraînement. La méditation. Rappelle-toi. ", fit-elle en grinçant les dents, essayant de retrouver son calme.
Une balle s’insinua dans son épaule. La douleur réveilla sa colère qui avait enfin trouvé une cible qu’elle pouvait massacrer.
"
QUI OSE ?! ", grogna-t-elle en se retournant subitement.
Faisant fi de sa souffrance, Kadararan serra ses dents et concentra ses pouvoirs biotiques. Rapidement, une gigantesque aura bleu entoura l’Asari qui, ne se préoccupant pas d’être à moitié nue et sans armes, se dirigea vers le mercenaire qui lui avait tiré dessus.
"
Code rouge, les gars ! ", fit le Butarien en apercevant Kadararan. "
On tue d’abord la Quarienne. L’Asari, c’est du menu fretin comparé à elle. "
Ils tirèrent des rafales en direction des deux femmes que la demoiselle arrêta à l’aide de sa biotiques. C’était une sorte de barrière bleutée où les balles, prises dans un champ gravitationnels, s’arrêtaient subitement dans leur lancées pour s’envoler vers le plafond.
Kadararan se propulsa rapidement vers le mercenaire Butarien et lui décocha un coup de poing qui l’envoya valser quelques mètres plus loin. La demoiselle bondit sur lui et, en agrippant sa tête, l’éclata violemment contre le sol. Un horrible craquement s’échappa du crâne du Butarien tandis que le sang et la cervelle se répandait par-terre.
Les scientifiques s’alarmèrent, la plupart se cachaient derrière les machines et sous les tables.
Tandis que les autres gardes voulurent riposter à cette nouvelle menace qu’était l’Asari, celle-ci avait complètement disparut de leur champ de vision. Ils étaient désemparés.
Samus, de son côté, avait armé son fusil à pompe et courait vers le mercenaire le plus proche. Ce dernier tira sur la Quarienne mais son bouclier tint bon. Ce fut au tour de cette dernière de riposter et, arrivée au corps à corps, elle plomba la tête du mercenaire qui sombra dans le repos éternel.
Le dernier garde voulut tirer sur la chasseuse de prime mais son arme fut violemment projetée sur le côté par un projectile bleuté. Kadararan tomba du plafond à ce moment-là et le mercenaire vit tellement d’agressivité et de bestialité dans le regard de l’Asari qu’il eu un haut-le-cœur.
Cette dernière tourna violemment la tête de l’humain. Un craquement et il s’effondra.
Elle toisa les scientifiques qui se cachaient, apeurés. Kadararan estimait qu’elle n’avait pas encore prélevé assez de sang. Une fureur animale grondait en elle. N’écoutant que son instinct, elle se jeta sur eux.
Ce fut en carnage. Entre les cages thoraciques défoncées, les membres arrachés et les têtes écrasées, Samus ne pouvait pas dire ce qui était le pire. Presque la totalité des scientifiques furent gravement blessés ou morts. La demoiselle souleva une Asari en la tenant par la gorge, bien décidé à serrer sa trachée jusqu’à ce que mort s’ensuive.
"
Ka…Kada, attend ! C’est... urk, c’est moi! ", fit-elle dans un murmure.
Kadararan ne réagit pas immédiatement. Ses yeux qui auparavant étaient jaune étaient maintenant d’un rouge éclatant. Son iris n’avait plus sa taille normale et semblait s’étendre sur la totalité du globe oculaire. L’esprit tourmenté de la demoiselle se calma en reconnaissant l’Asari.
"
Ka... Kaniya. "
La demoiselle lacha sa prise et l’Asari se réceptionna sur le sol. Elle tenait sa gorge meurtrie, pliée en deux, aspirant avidement une goulée d’air.
"
C’est ça. ", dit-elle entre deux respirations. "
Kaniya. C’est moi, Kadararan. Calme-toi. "
La demoiselle prit conscience de ce qu’elle faisait et du sang qu’elle avait sur les mains et qui avait splitté sur une bonne partie de son corps.
"
Je ne sais pas ce qui m’a pris. ", s’enquit-elle. Elle se tînt la tête avec ses mains en regardant le sol. "
C’était dans ma tête. Ca me disait de les tuer. "
La dénommée Kaniya entoura la demoiselle de ses bras protecteur pour la rassurer.
"
Ce n’est rien. Ce n’est pas grave. Je te promet que ça ne t’arrivera plus. ", dit-elle en examinant les yeux de sa protégée. "
Calme-toi. "
Kadararan fronça les sourcils. Maintenant qu’elle était de nouveau lucide, elle se rendit seulement compte qu’elle venait de retrouver celle qu’elle considérait comme sa mère.
"
Kaniya ! ", dit-elle en s’arrachant à l’étreinte de la scientifique. La demoiselle recula de quelques pas. "
Impossible ! Tu es morte ! Tu n’as pas pu survivre ! Tu m’as toi-même jetée dans la dernière capsule de secours ! Je me souviens encore de ton corps déchiré par l’explosion de la station. "
Samus, qui avait suivis la scène de plus loin, s’approcha du duo.
"
Qui est-ce ? "
"
Ma mère. ", déclara la demoiselle. "
Je suis peut-être née dans une cuve, mais c’est quand même elle qui m’a créé. "
Suite aux paroles de l’Asari, la quarienne se figea. Elle jugea un moment de haut la scientifique, s’approcha d’elle froidement et lui assena un coup de poing en pleine face, puis toujours avec un calme d’apparence, la saisit par sa tunique et la plaqua contre le mur.
"
De quel droit jouez vous avec la vie ? Vous vous prenez pour des dieux mais nous n’êtes que des monstres ! "
La chasseuse de prime plaqua son avant bras sur la gorge. Il lui suffisait d’activer sa lame pour mettre fin aux jours de la scientifique.
"
NON ! ", s’exclama Kadararan en s’accrochant au bras de la Quarienne pour l’empêcher de commettre ce geste. Elle regarda Kaniya intensément. "
Je… Je ne sais pas. "
Sa poigne était de moins en moins intense. Au bout d’un moment, la demoiselle lâcha complètement sa prise.
"
Je ne sais pas quoi faire. Elle, ce n’est pas possible qu’elle soit toujours vivante ! "
"
Et pourtant, je suis toujours là. "
Un sourire malicieux orna le visage de la scientifique.
"
Samus Elhe’Haria. Pensez-vous réellement que ce soit nous les monstres ? "
Kadararan était médusée.
La Quarrienne appuya fortement sur la trachée de l’Asari.
"
La ferme ! Vous n’avez pas idée de ce que vous faites. Regardez là ! Regardez votre création ! Voyez à quelle vie vous l’avez condamnée, traquée comme une bête, objet de convoitise… Et tout ça dans quel but ? Vous vous amusez avec la vie comme un enfant avec une grenade, ne vous étonnez pas qu’aujourd’hui ça vous pète à la gueule. "
Elle renforça la pression, commençant à faire suffoquer Kaniya.
"
Vous n’avez pas idée, pas idée de ce que nous avons subis, de ce que nous subissons encore, vous… vous mériteriez que je vous torture pendant des mois pour prendre conscience, je vous déteste, tous, tous autant que vous êtes, vous les scientifiques… "
La demoiselle ne pipait pas un mot. Les yeux écarquillés, elle se retourna et commença à faire les cents pas.
"
Je ne sais pas… Je ne sais vraiment pas. "
Elle entendit le bruit d’une lame coupant l’épiderme suivit d’un corps tombant sur le sol. Kadararan s’arrêta brusquement. À ce moment-là, quelque chose se brisa définitivement en elle. La demoiselle baissa les yeux, l’air sombre.
"
Définitivement. J’ai tout perdu. ", dit-elle d’un air désabusé.
L’Asari détourna le regard. Elle resta silencieuse pendant quelques minutes avant d’ajouter une dernière chose.
"
Merci de m’avoir tiré de là. "
Samus se laissa glisser contre le mur et se prit la tête entre ses mains, tourmentée.
"
Je… Je suis désolée…je… ", bredouilla-t-elle, essayant de faire de l’ordre dans son esprit.
"
J’ai les yeux qui picotent. ", ajouta simplement Kadararan. "
Et je crois que tu as des choses à me dire. "
*
* *
*
L’Adam Malkovich s’était posé sur Almacrux pour la première fois. Maintenant, il décollait pour ne plus jamais y revenir. Samus avait posé des explosifs aux endroits stratégiques de la station pour, selon ses dires "effacer cet endroit abominable de notre plan d’existence". Le détonateur en main, elle regardait avec mépris la base du courtier de l’ombre qui s’éloignait petit à petit de son champ de vision.
"
Puisse vos dieux ne pas avoir pitié de vos âmes. "
Kadararan, de son côté, regardait un coin sombre du vaisseau en croisant ses bras, adossée à la coque. Samus allait appuyer sur le détonateur mais arrêta son doigt au tout dernier moment. Elle le balança à Kada.
"
Tient. À toi l’honneur. "
Surprise, l’Asari rattrapa de peu le détonateur avant qu’il ne tombe sur le sol.
"
Hein ? ", fit-elle en regardant l’objet avec des yeux ronds. La chasseuse de prime fixa la demoiselle avec intensité.
"
… Très bien. Adieu, naïveté. »
Et elle appuya sur le bouton.
*
* *
*
Ils étaient partis depuis quelques temps déjà. Samus éloignait le vaisseau de l’ancien avant-poste du courtier de l’ombre pendant que Kadararan soignait ses blessures. Alors qu’elle extrayait la balle de son épaule sans une grimace, Poutchy fit son apparition et virevolta autour de l’Asari.
"
Je suis très heureux de revoir vos magnifiques courbes en un seul morceau. "
Puis après avoir fait trois fois le tour de Kadararan rapidement, il ajouta : "
Je vous avais bien dit qu’elle était plus gentille d’habitude. "
Il vit la plaie ensanglantée.
"
C’est douloureux ? Ca fait quoi d’avoir mal ? Je me suis toujours demandé comment c’était la douleur. En tout cas, ça n’a pas l’air de vous faire plaisir à toutes les deux. Pourtant, dans certains holo, les Asaris appréciaient ça. "
Dans un magnifique mouvement de balancier, il esquiva la clé à molette envoyée par Samus.
"
Tu n’es pas une simple IV. Tu es une IA. ", dit l’Asari en tapotant la coque de Poutchy.
"
Les intelligence artificielles sont les cibles les plus dures à éliminer. Elles peuvent pirater les IV et soumettre les Mechas à leurs volontés. Généralement, les IA sauvegardent leurs données dans plusieurs disques durs, soit dans l’espace restreint de leur base, soit dans différentes galaxies. Elles sont théoriquement invincibles. "
La demoiselle appliqua une couche de médigel sur son épaule.
"
J’espère que tu ne seras jamais mon ennemi ! "
"
J’espère même qu’au contraire nous seront des amis… très très proches. ", fit Poutchy en virevoltant de plus en plus près de la poitrine de Kadararan.
Exaspérée, la chasseuse de prime se leva et shoota dans le drone.
"
Rustre ! ", dit Poutchy qui fila bouder dans son placard.
"
Hé ! Il est super affectueux ! J’aimerais bien en avoir un comme ça, moi aussi. "
"
Ouai, il l’est un peu trop justement, au bout de quelques jours, il est insupportable. Ca fait des années que j’endure ça. Bon, et ta blessure, tu supporte ? "
La demoiselle haussa les épaules.
"
Mes brûlures ne me font plus mal. Par contre, ma blessure par balle me fait encore un peu souffrir. Elle ne devrait pas mettre longtemps à se refermer, c’est toujours comme ça que ça marche avec moi.
Les dégâts auraient pu être moindre si j’étais équipée. Tu ne m’as toujours pas dit ce qu'il était advenu de mon équipement ! "
"
Je crains qu’il faille t’en confectionner ou en acquérir de nouveaux. On peut toujours revenir sur Daratar pour tenter de le retrouver, mais cela peut être dangereux et les chance de retrouver tes armes et armures sont minces. "
Tandis que la demoiselle pestait sur la disparition de ses lames si chères à ses yeux, la Quarienne se leva et s’appuya contre le casier.
"
Je t’avais promis des explications. Et d’ailleurs, je ne me suis même pas présentée en bonne et due forme. Je me nomme Elhe’Haria Vas Adam Malkovich Nar Archon mais on me surnomme Samus depuis toute petite. "
"
Wow, le nom à rallonge. Samus, ça ira très bien. ", s’exclama Kada. "
Avant toute chose, j’aimerais bien que tu me fasse le topo de ce qui se passe dans la galaxie. Il y a beaucoup de choses dont je n’ai jamais entendu parler et que j’aimerais pourtant connaître. Comme par exemple l’organisation de ce… couturier de l’ombre. "
Encore un nom massacré par Kada.