Un animal blessé

HRP: Suite directe de la campagne Nemesis. Rappel de la situation du personnage: Samus vient de perdre sa moitié Kadararan, son meilleur ami et drone qu'elle a développé depuis toute petite Poutchy et son vaisseau ultime héritage de son père qu'elle a réparé et amélioré avant de s'exiler... Samus vient d'être déposé par l'AT-AR sur la citadelle.

La projection 3D se reflétait sur la visière masquant la moue dubitative de la quarienne. Comme aucun mot ne franchissait ses lèvres, Chellick se leva, parcouru quelques pas en direction du balcon donnant sur le lac du Présidium et ajouta d'un air gêné :

« Tu sais ce que cela implique... »

Elle le savait pertinemment en effet, et elle ménagea un silence oppressant avant de déplier ses bras croisés et de saisir ses genoux.

« Tu m'as mentit... » Accusa-t-elle froidement. Le turien paru décontenancé.

« Je ne pouvais rien te dire sans risquer un incident diplomatique avec l'alliance... »

La chasseuse de prime tourna le visage avec dédain.

« Pourquoi tout me dire maintenant alors ? »

L’exécuteur s'appuya contre son bureau et plongea ses yeux noirs dans ceux de la quarienne, striés par les fissures de son casque. Son regard mêlait incompréhension, pitié et affection.

« Je ne saurai sans doute jamais tout ce qui s'est passé sur cette fichue planète mais la quarienne que j'ai en face de moi n'est pas la Samus que je connais... »

La chasseuse de prime haussa les épaules et se leva.

« Si c'est tout ce que tu as à me dire, je vais m'en aller »

Alors que la quarienne avait déjà tourné le dos en boitant, Chellick souffla longuement, à la fois satisfait d'écourter cet échange embarrassant et mal à l'aise de laisser repartir son amie aussi mal en point. Son armure portait encore les stigmates de son dernier affrontement. Son voile en lambeau retombait sur sa cuirasse marquée de profondes entailles. Quelques joints grinçaient encore, désaxés. La chasseuse de primes avait une démarche peu stable et irrégulière et tenait encore son bras droit meurtrit contre sa poitrine.

« Je ne te retiens pas... Mais tu devrais te reposer, voir un médecin. Que comptes-tu faire à présent ? »

« Récupérer ce qui m'appartient » conclut elle en lui lançant un dernier regard plissé avant de sortir du bureau en direction des ambassades.

L’exécuteur se laissa retomber dans son siège d'un air absent. Il avait pris un risque important en dévoilant à la quarienne ce qu'il avait appris sur l'alliance humaine.

Des années auparavant, Samus avait servit sous les ordres d'un jeune officier humain du nom d'Adam Malkovich. Elle n'aimait d'ailleurs pas en parler, même à Chellick. Mais l’exécuteur avait un dossier complet sur la chasseuse de prime et connaissait les grandes lignes.

Il avait appris de source sûr que les humains avaient profité de la naïveté de la jeune quarienne pour s'emparer des technologies de son vaisseau, scannant l'infrastructure et s'introduisant dans les systèmes.

Le vaisseau de la quarienne, bien qu'il ne payait pas de mine, intéressait fortement les scientifiques et technologues humains car représentait un concentré de technologie et de génie quarien. Depuis peu, l'alliance avait développé un prototype issu de leurs observations sur l'une de ses bases de la lune terrienne Séléné.

Rien n'obligeait Chellick à dévoiler cette information à la quarienne et, tout en inspirant profondément, il se dit qu'il avait sans doute fait une énorme erreur. Mais voir son amie dans cet état l'avait sans doute plus affecté qu'il ne l'avait laissé paraître.
Le turien activa son terminal holographique et commença a écrire un message à l'un de ses officier.

Samus marchait d'un pas peu assuré dans les rues du présidium. Certains passants la regardaient d'un air indigné, témoignant le dégoût pour les quariens et sans doute leur mépris pour les mendiants. La chasseuse de prime en avait l'allure. D'autres badauds quant a eux faisaient mine de l'ignorer, détournant le regard. Samus n'en avait cure, comme un animal blessé, elle partait en direction des quais résolue à évacuer la hargne et la haine qui l'enserrait douloureusement, plus rien ne lui importait.

Secteur 13, un des lieux les moins fréquentables de la Citadelle. Presque un second Oméga. Presque. Un semblant d'ordre régnait ici, les commerces tournaient bien, la plupart du temps. Mais un agent du SSC évitait de traînait dans ce secteur ; A certains endroits, les éclairages ne fonctionnaient plus, des agents avaient disparus, ici, mais les enquêtes n'aboutissaient jamais ; jetés dans les canalisations, simplement tués...
Sarogar essayait de ne pas penser à ce qui avait pu leur arriver. L'officier, lui, pourtant, flânait dans ce Secteur 13, portant son armure Kestrel.

La seule chose qui le différenciait d'un chasseur de primes aux gros bras étaient cet écusson "SSC" sur le plastron sur son armure, son écusson signalant son grade sur épaule droite, ainsi que l'insigne de la Division Intervention sur la gauche. Ça faisait plusieurs années qu'il avait été affecté ici, les gens commençaient à le connaitre, et écusson du SSC ou pas, on évitait de lui chercher des noises.
Un Butarien lui cracha sur les bottes en passant à côté de lui. Tiens, lui, il était nouveau. Sarogar ne se laissait jamais entraver par les protocoles, il saisit l'alien par le cou et le ramena brutalement contre le mur.

-La procédure, c'est pas d’appeler des renforts, Turien ?

-Là voilà ta procédure.

Le Butarien sembla intrigué une demi-seconde avant que le genou de l'Officier ne percute son ventre. Sarogar le lâcha, et il tomba par terre, à quatre pattes, toussant et jurant.
L'altercation avait attiré des spectateurs, qui riaient et discutaient des deux opposants. Vyrnnus se retourna et les chassa d'un geste de la main et d'une phrase commune à tous les SSC.

-Circulez !

N'attendant pas la suite des évènements, Sarogar se fondit lui aussi dans la masse du Secteur 13, mais soudain, un Volus aux airs maladroit le percuta.

-Désolé Officier ! D'accord, pas besoin de me le dire, je circule...

Dit-il entre plusieurs aspirations, avant de repartir comme il était venu. "circuler" Voilà le code. Sarogar regarda dans sa main, un petit datapad s'y trouvait. Ce Volus était vraiment fort. L'Officier vint se poser sur le bord d'un banc miteux. Il alluma le datapad qui afficha sa boite Extranet. Chellick y avait déposé un message, qui lui intimait de suivre une quarienne, sans faire de vague, et discrètement si possible. Remonter dans les quartiers chics, enfin une idée qui plu au Turien. Il rentra au comptoir du SSC qui servait aussi de base opérationnelle pour la Division Intervention. Il entra dans son bureau et se débarrassa de son armure. Il se contenterait de l'uniforme standard de tous les agents. Il regarda longuement son fusil Mattock, mais ça, c'était loin d'être standard et Sarogar ne garda que ses deux pistolets Phalanx. Enfin prêt, il se souvint qu'un lien dans le message de Chellick lui indiquait un numéro de dossier, estampillé "Confidentiel". Il rentra ce numéro dans sa base de données, et vit apparaitre, comme voulu, le dossier de la Quarienne ; Vyrnnus le parcourut rapidement, retenant les grandes lignes sans difficulté. Empruntant un véhicule de patrouille, il se dirigea vers la Présidium.

En arrivant, il inspira un grand bol d'air. Ici, toutes les les lumières fonctionnaient, et il n'y avait pas de petites frappes à corriger. Toutes les plantes avaient la même taille, les vêtements étaient tous de grandes marques. Pas un pet de travers. A peine avait-il fait quelques pas, qu'un évènement attira son œil, il se dirigea vers un agent qui contrôlait une Quarienne. S'approchant, tel l'officier moyen qui venait superviser le travail de son subalterne, il constata que ça ne pouvait pas être Samus, cette quarienne n'était ni assez grande, ni assez forte, et n'avait surement pas l'armure qui était montrée dans le dossier.

-Tout va bien, ici, mon Capitaine, simple contrôle de routine.

Lui indiqua le jeune humain, agent du SSC.

-Parfait agent. Toutefois, auriez vous vu une autre Quarienne, ici ?

Un autre agent, Turien, s'approcha.

-Oui, j'en ai vu une autre, son armure était étrange, elle se dirigeait vers les vaisseaux mon Capitaine.

Sarogar se tourna vers ceux-ci, il y en avait des dizaines.

-Lesquels partent vers la Terre ?

Le Turien se pencha sur son omni-tech et ne releva la tête que pour indiquer un vaisseau de luxe du menton, qui s'apprêtait à partir.

-Celui-ci, et uniquement celui-ci.

Le sang de Vyrnnus ne fit qu'un tour. Il salua les deux agents en une parodie de salut en amenant deux doigts à sa tempe et se mit à courir le plus possible vers le vaisseau qui décollait à peine. S'appuyant sur la rambarde de sureté, il s'élança au dessus des quais, risquant de s'écraser quelques centaines de mètres plus bas, sous les regards incrédules des badauds, vite rassurés par les deux agents du SSC qui lancèrent un "Opération du SSC, aucune inquiétude." Vyrnnus, ne regarda même pas en contrebas, et dans un juron, s'accrocha au rebord du vaisseau en réception de son saut. Un virage du vaisseau le fit glisser jusqu'à une petite trappe qui avait été visiblement forcée à coup de pied. Non sans mal, il lança une autre série de juron quand il se se faufila dans les conduits étroits, jusqu'à la soute. Il finit par arriver, se relevant, il constata toutes sortes de produits humains. Une alarme retentit, les sas se fermèrent, la soute se pressurisa. Ils quittaient la Citadelle. Sarogar se jeta dans un coin d'ombre, par réflexe, à l'entente de l'alarme. Réflexe d'autant plus utile qu'il aperçut Samus, boitillante qui se dirigeait vers le fond de la soute, dans un coin aussi sombre que le sien. Sarogar ne pouvait plus la filer maintenant, c'était inutile. Il se leva de sa cachette et se dirigea vers elle, sans se cacher, redressant les épaules. Samus était toujours de dos, elle il ne voulait pas la surprendre, de risque de déclencher un combat dans une soute où ils ne devraient pas être.

-Ma p'tite dame ; Quoique vous vouliez faire, réfléchissez-y à deux fois avant. Vous ne réussirez pas à infiltrer une base de l'Alliance comme ce vaisseau. Pas dans votre état, et pas toute seule.

Le Gold Steam était l'un des plus luxueux batiment de croisière de la firme Asari DreamTravel. Tout à l'intérieur n'était que luxe et seul le gratin de la population cosmopolite de la citadelle pouvait se payer ce genre de voyage d'agrément.

Sur le pont supérieur équipé d'une baie donnant une vue magnifique sur l'immense étendue galactique, plusieurs star du showbusiness se côtoyaient dont le grand William, un acteur Elcor particulièrement reconnu dans sa profession.

De l'autre coté du vaisseau, dans un endroit beaucoup moins glamour, Samus se faufilait entre les tuyauteries et autres gaines de la salle machine, tentant de rester furtive et de se trouver une cachette efficace et confortable pour le reste du voyage.

Une ombre passa devant elle et elle s'acroupit pour se fondre dans l'obscurité. Elle attendit quelques secondes que la personne s'éloigne mais lorsqu'elle se releva, une voix à consonance turienne résonna dans son dos.

"-Ma p'tite dame ; Quoique vous vouliez faire, réfléchissez-y à deux fois avant. Vous ne réussirez pas à infiltrer une base de l'Alliance comme ce vaisseau. Pas dans votre état, et pas toute seule."

La réaction de la quarienne ne se fit pas attendre et en moins de temps qu'il ne faut pour le direelle avait fait volte face et pointait déjà son pistolet sur la face du Turien qui fit un pas en arrière en montrant ses mains désarmée.
Son doigt pressait légérement la détente mais elle relacha la pression lorsqu'elle vit a travers un mince fillet de lumière le symbole du SSC.

"J'aurai dû me douter qu'il ne me laisserait pas tranquille" siffla la quarienne entre ses dents.

"Je vous laisse exactement dix secondes pour faire demi-tour, m'oublier et dire à Chellick que votre mission est un échec. Je vous ai échappé. faites ça et vous n'aurez pas d'ennuis, dans le cas contraire..."

Elle laissa sa phrase en suspend mais la mine de l'officier laissait penser qu'il avait bien compris. Le turien n'eut pas le plaisir de répondre quoi que ce soit. La quarienne le saisit avec force par l'épaule, le prenant au dépourvu et l'envoya valser dans un recoin sombre. Puis elle bondit en silence dans ce même recoin et avec son omnitech, ferma a distance la porte tout en plaquant sa main sur la bouche de l'officier. Ils étaient désormais dans l'obscurité la plus totale et deux mecano passèrent là où ils étaient quelques secondes plus tôt. Après un certain temps, la chasseuse de prime libéra le turien et se releva en pestant.

"Vous avez failli me faire repérer. Je devrais jeter votre cadavre dans l'espace et nier vous avoir rencontré."

L'envie de coller une balle au turien était forte. Pourquoi Chellick avait-il envoyé un agent aussi incompétent? Il savait très bien que la quarienne le détecterait facilement et qu'elle n'accepterait aucune aide.

S'accroupissant près de la porte en activant sa vision nocturne, elle court-circuita le système d'ouverture, puis elle activa les lumières minimales de survie. Des néons encastrés aux pieds des parois s'allumèrent, baignant la salle dans une douce lueur rouge sombre et faiblarde. Des caisses de matériel et divers pièces y étaient entreposées. Au vu de la poussière, cet entrepôt ne devait pas être bien souvent visité ce qui rassura la quarienne. Elle regarda le turien qui s'était relevé, se demandant comment elle allait bien pouvoir se débarrasser de lui.