Coup de poker au Toaster Twister

Le secteur Zakéra recelait quelques bons coins pour le gars désireux de s'amuser, de gagner de l'argent, et de faire des découvertes intéressantes, et cela sans même quitter sa table. Naturellement tout ces lieux fascinants n'étaient pas sans une certaine dose de danger, d'imprévus bienvenus ou malvenus, voir même de ces instants ou on se disait que franchement, là, ça chiait dans la colle à plein tube.

Le Toaster Twister en faisait partie, manifestement. Ce qui le rendait légèrement supérieur à mes yeux était la programmation musicale, le patron préférant le blues et le jazz à la soupe insipide qu'on se mangeait dans les ascenseurs, et surtout le fait que le patron me laissait avoir une ardoise sur mes commandes de boisson. Autour de la table de Poker Skyllien, un silence explosif régnait. Mes adversaires avaient en commun de ne pas être humain, ce qui rendait la partie bien plus compliquée.

Je partageais en effet la table avec sur ma gauche une asari, probablement une gamine encore aux yeux des siens, du nom de Merya R'ktol. À coté d'elle, la terreur de tout joueur de poker, un élcor. Essayez donc de percer le jeu d'un de ces salopiauds. Il peuvent avoir une main à finir la partie en mettant tout le monde sur la paille, et te sortir un ''soupir résigné : je te suis, humain''. Ce qui ne t'éclairera jamais d'une manière ou d'une autre. Du reste il s'est présenté à la tablée, qu'il rejoignit un peu après les autres, mais me demandez pas son nom, j'étais trop occupé à gémir, la tête entre les mains. Encore à coté se trouvait un galarien, Loreon, qui semblait très nerveux. Devait avoir encore plus besoin de crédit que moi, et là il perdait. C'était un membre des Éclipses. Peut-être était-il aussi nerveux à cause de son voisin immédiat, un krogan, Quash Krong visiblement membre des Bersekers. Le krogan est la seconde Némésis des joueurs de poker. Quand ils perdaient, ils pouvaient parfois manquer sacrément de fair-play et décider d'exprimer leur grand désappointement en délestant les joueurs d'un bras ou deux, voir de leur vie. Moi je me sentais relativement en sécurité puisque celui-ci devait d'abord dessouder le robot qui s'occuper de distribuer avant d'écourter ma durée de vie.

Le tour se terminait, et les derniers jetons du galarien rejoignirent mon tas qui augmentait tout doucement. Bon prince et surtout bon commerçant, je lui en rendit une partie alors qu'il libérait sa place, tout en lui laissant ma carte, en lui soufflant qu'on a toujours besoin de quelqu'un pour répondre à certaine interrogations. Avec un sourire, je sirotais mon verre de bourbon pendant que Robert Johnson faisait gémir sa guitare. La soirée s'annonçait bonne.

J'avais passé l'essentiel de mes deux dernières journées à traîner dans les secteurs. Peut-être devrais-je plutôt dire nuit au lieu de journée, tant mes activités me conduisaient vers un cycle nocturne. La soirée était bien entamé, et je n'étais même pas levé depuis plus de six heures à dire vrai. Le problème était que j’attendais le moindre signal du mouchard qui avait été attaché au fichier qu'on m'avait dérobé deux jours plus tôt, et ça m'empêchait de me concentrer efficacement sur autre chose.
Et comme l'ambassadeur ne m'avait toujours rien demandé, je ne voyais pas de problèmes à passer le temps dans les bars des secteurs.

Bar actuellement en tête de ma liste : le Toaster Twister. Pas que j'en avais entendus de particulièrement bonne critique, mais il était l'un des seuls bars potables que je n'avais pas encore visités sous toutes les coutures depuis mon arrivée. Du moins, dans les environs immédiats de mon appartement, mieux valait que je soit à pied pour rentrer certains soirs. Et les taxis étaient toujours blindés de monde.

Je rentrais finalement dans un bâtiment d'apparence semblable à tant d'autres à l'extérieur, mais qui me frappa par son aspect vieillot à l'intérieur. Et vieillot dans le bon sens. La musique d'ambiance n'était pas le tube des dernières mamelles en vogues à l'échelle galactique, l'endroit avait un peu plus de classe que la plupart des autres bars et sous son ambiance très tranquille, apathique presque, on sentait l'agitation silencieuse des conversations et des échanges dissimulés.
Et, comble du bonheur, il possédait un casino qui semblait très correct. J'émis un son grave de satisfaction qui surprit la table à ma droite, et me dirigeai vers le casino sans plus faire attention.

Je cherchai une table libre, ce soir j'avais envie d'un bon poker. Ce n'était habituellement pas le genre de jeux que j'affectionnai le plus, trop sérieux, pas assez décontracté, le plaisir en était amoindris. Mais l'ambiance s'y prêtait bien, et il enfila sa paire de lunette de soleil. Non pas que je sois un joueur assez sérieux pour réellement m'investir à ce point, mais les quatre paupières des drells étaient vraiment trop handicapantes pour masquer mes sentiments. Jouer sans lunettes équivalait plus ou moins à un suicide budgétaire.

Je repérai une table hétéroclite, autour de laquelle était regroupés dans le désordre un elcor placide, un krogan à l'air belliqueux -comment ça j'annonce des trucs inutiles ?-, un galarien visiblement mal à l'aise, une asari sans doute jeune, peut-être trop pour l'endroit selon la race et enfin un humain qui semblait fait pour aller dans ce décor, légèrement blasé qu'il semblait être.
Lorsque le galarien quitta la table, je décidai de m'approcher, désireux de participer. Je remarquai furtivement l'humain qui donnait quelques jetons et une carte au perdant, sans doute un quelconque mercenaire. Vu la tête du galarien, pas sur qu'il ait les moyens de se payer les services de qui que ce soit.

A vrai dire, jouer contre un elcor relevait du suicide budgétaire aussi. Mais je me fichais pas mal de perdre de l'argent en fait, et il y avait un krogan également. La plupart des joueurs de pokers, ou de tout autre chose impliquant de l'argent, préférait éviter les krogans à cause de leur légendaire manque de fair-play -sauf dans les combats et les paris associés, ou personne n'était plus honnête qu'eux. Ceci dit, j'aimais bien terminer mes soirées par un peu d'animation, et espérait secrètement que le krogan fasse des siennes.
Je venais me placer derrière le siège vide pour m'annoncer.

-Bien le bonjour, pourrais-je me joindre à votre table pour quelques parties ?

Un grognement de mon voisin de droite, un salut aussi chaleureux que les banquises de Kahjé de celui de gauche, une ignorance totale de la part de l'asari et une invitation à jouer du robot distributeur m'accueillirent, aussi je m'installais en essayant d'éviter le contact avec les larges épaules du krogan. Je voulais qu'il s'énerve, mais pas maintenant. Et si possible pas directement contre moi.
Ceci dit, vu la répartition des jetons actuellement sur la table, je semblais être entre lui et sa proie de choix en cas de défaite. Je sortis quelques jetons que j'avais acheté à l'entrée et les plaça devant moi, puis attendit les cartes.

Elles ne tardèrent pas. Ma première main fut aussi catastrophique que la dernière fois que j'avais tenté la diplomatie, et je ne pris pas plus de temps avant de me coucher. J'espérai que mon jeu se rattraperait un peu par la suite.

Voilà qu'un Drell venait se rajouter à la table. Pas bête visiblement, il avait décidé de mettre des lunettes de soleil. Ce qui certes, cachait un regard trop expressif pour ceux de leur espèce, mais avait aussi parait-il l'avantage de cacher ces moment où leur yeux s'affolaient alors qu'il revoyait un moment passé avec une exactitude parfaite. Foutue mémoire eidétique ! Dans un jeu d'argent, où les trois points importants sont la capacité à cacher ses réactions, prévoir les mains des joueur via les précédents tirages, et utiliser les probabilités pour connaître les cartes qui risquaient le plus de tomber, ce genre d'avantage naturel est ma foi très pratique. Personnellement je n'avais pas une mémoire absolue, donc je devais me fendre le rectum en quatre à utiliser des combines mentales pour tenir la distance. Donner un nom et un visage à toutes les cartes, en faire des personnages qui vivent dans un manoir, chaque suite du manoir correspond à un joueur, chaque pièce de la suite correspond à un des cinq derniers tours, chaque carte dans le tas non distribué encore se trouve dans le jardin, chacune partant un numéro en plus du nom …. arghhhhh j'ai mal au crâne. La peste soit des élcors, des drells et des krogans !

Soit dit en passant ce drell semblait assez …. euh, disons que j'allais attendre un peu pour tricher. Il se déplaçait avec une facilité qui confinait à l'efficacité, et je ne pensais pas que ça cicatrice sur le visage trouvait son origine dans un faux mouvement lors d'un rasage matinale, genre soldat donc, mais pas un troufion.

La partie commença donc avec notre nouveau joueur, qui se coucha promptement. Ses trois premières parties furent sans éclat. Mais je devinais sa concentration, et imaginais sans problème ses foutus yeux tout observer et noter chaque petite réaction visible. Je réussissait tant bien que mal de mon coté à garder les quelques jetons j'avais réussi à gagner depuis le début de la partie. L'élcor, de manière prévisible, menait les débats, grâce en partie à l'excès de précaution des autres joueurs à son encontre. L'asari ne cessait de me rendre dubitatif, voir même carrément soupçonneux. Depuis le début elle ne cessait de renvoyer une image de relative inconscience juvénile, mais depuis le début de la partie, sans se faire remarquer, son tas n'avait cessé d'augmenter, tout doucement, certes, mais avec une régularité de métronome. Le krogan enfin commençait à m'inquiéter. Voilà deux tours qu'il poussait de petits grognements, tout en s'agitant sur sa chaise. Il ne restait plus qu'un tiers de ses jetons, et ne semblait pas accepter l'idée de s'en débarrasser, et encore moins de fuir ce petit champs de bataille.

Je me décidais donc à entrer en action. Le krogan était au fond la cible idéale. La quasi totalité des Omni-Tools ont une interface holographique. Ce qui certes avait l'avantage de l'ergonomie, mais avait aussi l'inconvénient de vous allumer comme un foutu sapin de noël à la première utilisation. Parmi les premières leçon données lors de mon entrainement militaire, on nous avait appris à utiliser une interface solide dans ces cas là. En l'occurrence un clavier à l'ancienne, pliant et miniaturisé. Taper d'une main en tenant les cartes de l'autre pour hacker un système, sans pouvoir lire ce que l'on tape, tout en gardant un visage impassible n'est pas évident, mais faisable. Surtout avec tout les programmes déjà installés pour le piratage, et calibrés pour l'occasion. Ma cible était donc l'Omni-Tool du krogan, dont je devais désactiver l'interface, puis depuis ce dernier, hacker le robot distributeur de carte. Le krogan allait s'enrichir. Moi aussi, juste moins que lui. C'était pas la première fois que j'utilisais cette combine, qui m'avait permis de tenir le coup les semaines de disette professionnelle. Le plus compliqué était en fait de créer le programme pour pirater le robot, sans que des alarmes s'affolent. Ça m'avait couté deux semaines de travaille non stop, cinq boites de cachets contre la migraine, vingt paquets de tabacs et douze bouteilles de whisky.

Jusqu'ici ça s'était révélé efficace, rentable et surtout je ne m'étais jamais fait remarquer.

Je lançais l'opération.

Le jeu se déroulait normalement. Le plus gros tas était devant l'elcor mais l'asari se débrouillait pas mal elle aussi. L'humain se maintenait à flot, tandis que le krogan plongeait. Et moi avec à dire vrai, mon tas descendait aussi sûrement qu'inéluctablement.
On se faisait pas mal d'idées sur les drells, faut dire que ma race est assez peu représentés parmi les étoiles, et quand je vois leur professions -disons que la mienne ne dénature pas du tout- le fait que les rumeurs courent autant ne m'étonne pas le moins du monde. Concernant le poker les plus fréquentes était au sujet de notre mémoire visuel.
Alors oui, pouvoir se souvenir avec exactitude du jeu de ses adversaires pendant plusieurs heures s'avérait un gros avantage. Mais personnellement je ne contrôlais guère mes visions, et je ne me penchais pas assez sur le poker pour que cela m'aide réellement, contrairement pour ce qui avais trait au combat.

Les parties s’enchaînaient toujours. La tendance continuait, mon voisin de droite nous dominait tous. Et mon voisin de gauche devenait carrément nerveux. Je déchaussait discrètement ma mitraillette Tempête de son holster. Bien sur je n'envisageai pas de tuer mon voisin pour une simple crise de colère, de toute façon un aussi petit calibre n'avait aucune chance contre de telles machines à tuer. Enfin, pas tout seul en tout cas.

Néanmoins, petit à petit, la tendance s'inversait. Le krogan gagnait de plus en plus, rattrapant presque ses pertes depuis le début. Principalement grâce à des jeux exceptionnellement bons. Très régulièrement. L'elcor commençait une lente descente, encore amortie par ses bénéfices énormes depuis le début. Ma chute, elle, était catastrophique. Mon tas avait diminué des trois quarts.
Quelque chose m'intriguait, cette remontée du krogan était trop bienvenue à mon goût. Et la qualité de ses mains était assez incroyable. En tant que pirate -informatique bien sur- renommé je savais que les robots distributeur pouvait être assez facile à utiliser si l'on y consacrait le temps et le talent nécessaire. Chose qu'un krogan ne faisait jamais, par expérience.
Néanmoins, ma pile de jetons arriva à son terme avant que je n'ai le temps d'élucider la situation. Cela m'intriguait, et, contrairement à mon habitude, je décidais de racheter des jetons pour continuer à jouer un peu.

Les gains de l'asari, bien qu'un peu ralentis, étaient toujours réguliers et inéluctables. Si elle avait déjà attiré mes soupçons, elle n'était sans doute pas liées à ce qui arrivait à mon voisin saurien. Elle semblait même en pâtir.
L'humain m'intriguait plus par contre. Il n'augmentait pas vite, même plutôt lentement, mais il augmentait, alors que la majorité de la partie avait pour lui été une lutte constante pour la survie de son capital, cela s'améliorait petit à petit.

Décidant de prouver un peu plus mes soupçons, je décidai d'utiliser mon avantage naturel : ma mémoire eidétique. Mais, plutôt que de voir cela comme un jeu de cartes, chose sur laquelle je n'arrivais jamais à me concentrer suffisamment , je m'imaginais alors un champ de bataille : chaque carte représentait un soldat pour les nombres, un véhicule pour les figures, et je retenais chacune des armées qui passaient entre les mains de mes concurrents, sans guère prêter attention à mes propres cartes -je limitais la casse en me couchant quasi systématiquement.
L'armée du krogan était hallucinante : beaucoup de véhicule et de bons soldats, généralement en formations de combat -comprendre : brelan, full, suite, couleur, carré et autre.
Celle de l'asari était plus humble, dans la normale, et je l'écartais. Enfin, du point de vue des cartes.
L'humain était en effet avantagé : pas un grand nombre de véhicule, et pas de très bons soldats, mais très régulièrement des formations de combat efficaces.
Je sortis de mes hallucinations alors que mon tas avait diminué de moitié, malgré ma prudence. Les tas des autres reflétaient la nouvelle tendance : gros pour le krogan, bien fournis pour l'asari et l'humain, faible pour l'elcor. Celui semblait d'ailleurs ne se douter de rien, et mettre tout sur le dos de la malchance.

Alors que le krogan abattait un nouveau jeu de cartes et raflait la mise, je décidai de mettre mon grain de sel.

-Et encore -j'insistai bien sur ce mot- une victoire. Vous êtres vraiment un expert.

Il me lança un regard soupçonneux, ne sachant s'il devait se sentir insulté ou flatté. Mes lunettes de soleil et le sourire de façade que j’affichai ne pouvaient guère l'aider. Les autres joueurs restaient impassibles, de vrais professionnels.
J'attendais une autre victoire -quinte flush, quelle enflure !-, pour l'asticoter de nouveau.

-Dites-donc, vous avez vraiment une chance incroyable !

Je soulignais chaque syllabe du dernier mot et cette fois c'est un grognement qui me répondis. Les autres commençaient à me regarder bizarrement, l'elcor était comme à son habitude indéchiffrable, l'asari semblait me prendre pour un suicidaire et devait penser que je serai gentil d'aller me tuer plus loin, et l'humain... et bien je n'arrivais pas vraiment à le voir à la vérité.
J'espérais avoir mis la puce à l'oreille des autres joueurs, en particulier de l'elcor, et attendais d'éventuels réactions avant de chercher de nouveau des puces au meneur du jeu.

Foutu bordel de m**** ! Voilà que le drell se montrait suspicieux. Il était clair qu'il y avait un soucis avec la programmation. Que le jeu soit à notre avantage, soit, c'était le but, mais là, c'était tellement flagrant que je pouvais me considérer heureux que seul un seul joueur s'en soit rendu compte. Un bilan de la situation tactique s'imposait. Utiliser le krogan permettait d'éviter que celui-ci fasse un jolie pétage de câble et tue quelqu'un (disons moi), et si la supercherie était percée à jour, ce gros tas de muscle enclin à la régénération ne risquait pas d'en mourir. Normalement toute personne normalement constituée n'irait pas souffler dans les bronches d'un krogan. Mais cet emmerdeur de drell ne semblait pas y voir un gros danger. Soit il avait une paire de gonades en acier trempé, soit il était inconscient, soit il cherchait la bagarre sachant qu'il gagnerait. Pendant ce temps ça s'agitait autour de la table.

"Hé, le toutou des tentaculeux, si t'es pas content tu peux te barrer, moi j'm'en bats la carré. Mais j'accepterai pas des insinuations venant d'un membre d'une race d'esclave consentant !"

Effet d'optique, phénomène physiologique, ou simple projection de mon inconscient trouillard, mais le krogan me sembla tout d'un coup plus épais, plus large. L'élcor leva pesamment une de ses énorme pattasse à hauteur de son visage, paume tendue, comme s'il demandait la parole et essaya de calmer les esprits.

"Consciliation aimable : allons messieurs, nous savons tous ici que le jeu favorise nécessairement un joueur au cour du temps, avant d'en favoriser d'autres."

Je risquais rien à tenter l'humour :

"Aller les gars un petite blague, et ma tournée en prime ! Combien faut-il de turiens pour changer une ampoule ? Cinq ! Un pour donner l'ordre de changer l'ampoule, deux pour lui cirer les pompes, un autre pour aller chercher une médaille qui reviendra au cinquième qui se charge de l'ampoule."

Un froid polaire accueilli ma blague, la tablée me gratifiant à peine d'un regard. Autant pour mon hypothétique carrière de comique.

De mon coté les choix avaient été pesés, jugés, et ma décision était prise. J'allais arrêter le piratage, au moins pour quelques tours, quitte à recommencer en favorisant un autre joueur. Je me mis à taper silencieusement sur le micro clavier. Très vite je me rendis compte que quelque chose n'allait pas. En cas d'échec d'une manipulation, le clavier me renvoyait un peu d'électricité statique dans les doigts, pas de quoi faire un sursaut musculaire, juste un petit picotement. Mon signal ne passait pas. Les possibilités expliquant ceci n'étaient pas fantastiquement nombreuses. Soit le krogan avait vu que son Omni-Tool était piraté, avait compris ce qui se passait, et avait coupé le piratage. Ce qui est peu probable. Soit quelqu'un était en train de trifouiller son appareil. Ce qui là par contre me semblait évident. Mais qui ? Le drell ? Mais dans ce cas pourquoi chercher la confrontation vu qu'avec un peu de doigté il pourrait retourner le piratage à son avantage ? L'élcor ne me paraissait pas vraiment capable de faire ce genre de coup fourré, pour la simple et bonne raison que tenir des carte ET trifouiller un Omni-Tool demandait d'être assis (ce qu'un élcor ne fait pas), ou de se tenir juste sur ses deux jambes (ce qu'un élcor ne PEUT pas faire). Il restait donc …

L'asari fit un petit geste gracieux de la tête qui mélangeait je savais pas trop comment à la fois dédain et impatience.

"Entretuez vous si vous voulez mais faite ça vite, certains veulent jouer ici. Le krogan a eu de la chance, elle va forcement tourner."

J'étouffais l'envie de l'insulter qui montait en moi. Elle m'avait bien eu. Je comprenais maintenant pourquoi elle gagnait régulièrement, tout doucement. Elle avait aussi triché, sans doute depuis quasiment le début de la partie. Probablement en passant directement par le robot. Quand elle s'était rendue compte que quelque chose n'allait pas, elle a du remonter la piste jusqu'à l'Omni-Tool du krogan. Un picotement dans l'avant bras. Je me faisais pirater ! Elle avait du détecter ma tentative d'accés, et essayait de remonter à la source. Je renforçais tout les protections passive et j'en enclenchais de nouvelles. Une goutte de sueur me dégoulina le long de la colonne vertébrale. Il fallait agir, et vite.

"Hé, le toutou des tentaculeux, si t'es pas content tu peux te barrer, moi j'm'en bats la carré. Mais j'accepterai pas des insinuations venant d'un membre d'une race d'esclave consentant !"

Les insultes, si désespérément prévisibles. De plus celle-ci faisait preuve d'un tel manque d'originalité que c'en était pitoyable. Je me retenais de lâcher une remarque sur la virilité des krogans, estimant que j'avais peu de chances d'échapper au point qui ne manquerait pas d'arriver.
Je l'énervais et j'en étais fier, il faudrait néanmoins que je le fasse sortir de ses gonds si je voulais pouvoir le surpasser véritablement.

"Conciliation aimable : allons messieurs, nous savons tous ici que le jeu favorise nécessairement un joueur au cour du temps, avant d'en favoriser d'autres."

Bon, apparemment l'elcor ne réagissait pas plus. Dommage, ça aurait été marrant que le krogan s'en prenne à lui. Juste le temps que je voie comment un elcor peut se battre, puis je serais intervenus.
Quoiqu'il en soit, il semblerait que je sois le seul à m'interroger sur cette mystérieuse chance.
C'est à ce moment que l'humain choisit de tenter une blague.

"Aller les gars un petite blague, et ma tournée en prime ! Combien faut-il de turiens pour changer une ampoule ? Cinq ! Un pour donner l'ordre de changer l'ampoule, deux pour lui cirer les pompes, un autre pour aller chercher une médaille qui reviendra au cinquième qui se charge de l'ampoule."

C'était nul, mais d'une nullité affolante. Oubliant presque le krogan, je me plaquait la main sur le front et secouait désespérément la tête. Cette partie était décidément un grand n'importe quoi. D'un autre côté, j'aimais bien, pour une fois qu'une partie de poker était animée et réellement divertissante -même si le divertissement risquait de prendre la forme d'un poing fonçant vers ma tête à tout moment.

-Après ça, je sais pas si je veux vraiment la tournée, murmurai-je dans ma barbe.

Apparemment j'étais pas le seul à trouver ça absolument à chier, et c'est un froid général qui accueillit cette vaine tentative de détendre l'atmosphère. Finalement, l'asari eut le dernier mot en s'adressant au krogan et à moi même.

"Entre-tuez vous si vous voulez mais faite ça vite, certains veulent jouer ici. Le krogan a eu de la chance, elle va forcement tourner."

Mouais, sa chance à elle ne tournait pas pour le coup... Oh, idée ! Je glissai un regard en coin à la jeune extraterrestre bleue tandis que la partie reprenait son cours normal. Je me souvenais que son armée -les jeux qu'elle avait eus en main- n'était pas exceptionnelle, mais je me souviens aussi qu'elle se couchait systématiquement quand ses adversaires avaient mieux qu'elle.
Elle devait avoir piraté le système pour être au courant des jeux des autres. Ainsi elle minimisait ses pertes et maximisait ses gains. Astucieux, très astucieux, et bien moins repérable que la technique qui était utilisée sur le krogan.
Ceci dit j'appréciais la technique, elle avait été parfaitement discrète. En fait j'appréciais tellement que j'avais envie d'en savoir plus. Je liquidais mes derniers jetons dans quelques mises désespérés, j'en gagnais même une qui ne suffisait pas du tout à me faire rentre dans mes frais, puis quittais la table.

-Messieurs, et mademoiselle enfin je crois qu'on dit ça, je suis contraint de vous laisser, d'autre activités m'appellent ailleurs. Passez une bonne soirée.
-Aimable : Bonne soirée à vous aussi.
-C'était bien la peine de faire toute ces accusations pour ça.
-Ouais, c'est ça, casse-toi avant que je ne m'énerve !

Je récupérai mes maigres jetons -si il n'y avait ne serait-ce que le dixième de ce que j'ai acheté c'était déjà pas mal- et m'éloignai de la table, puis allait faire échanger mes jetons et m'installer au bar, dos à la tablée, histoire qu'il ne voient pas mon omni-tech s'allumer.
Je pianotais rapidement sur les touches holographiques, et ne tardaient pas à sélectionner mes programmes intrusifs préférés. Quelques programmes de dissimulation pour parachever le tout, et je m'introduisais rapidement dans le système du robot distributeur. J'y repérais deux programmes intrus, l'un chargé d'en modifier le fonctionnement -sans doute celui qui favorisait le krogan et l'humain- l'autre chargé de transmettre des informations par canal sécurisé -je devinais que la source était l'asari.
Tous deux étaient du beau travail, mais il me fallait encore être sur de mes soupçons. Profitant du fait que je pouvais accorder une attention constante à mes programmes et les diriger en temps réels contrairement à ceux qui jouaient encore, je remontais le long des programmes pirates.
Le premier menait à l'omni-tech du krogan, mais était ensuite relié à celui de l'humain, que j'appris être un certain Marcus Freeborn. Le second programme menait... quoi, mais c'était pas l'omni-tech de l'asari ça. Le signal venait de plus loin, dans le bar.

Désireux de ne pas me faire repérer, je retirais tous mes programmes, puis jetai un coup d’œil par dessus mon épaule. J'aperçus seulement à ce moment là une autre asari, concentrée sur l'écran holographique devant ses yeux. Il semblerait que notre joueuse expert travaille en duo en réalité. Ce qui était bien plus dur car les systèmes de sécurité relatifs à tout casino était bien plus pointus quand on sortais de la zone du robot distributeur.
Je n'y avais échappé que parce que mes programmes ne modifiaient en aucun cas les données qu'ils observaient.

Joueur, je mettais rapidement au point un petit programme viral que j'envoyais sur l'équipement de l'asari. Il fut naturellement intercepté par des programmes de défense, cela dit c'était le but. Je l'observais, elle sembla surprise, puis leva les yeux vers le reste de la salle.
A ce moment je levais dans sa direction le cocktail que je m'étais fait servir et que je n'avais encore pas touché. Elle me remarqua et sembla hésiter un peu, estimant sans doute ses chances de ne pas se faire voir si elle se barrait tout de suite. Elle choisit finalement d'être raisonnable et replia son ordinateur puis me rejoignit.
Elle vint s'asseoir à côté de moi, lui demandait sa commande mais elle ne répondit pas.
Finalement elle lâcha une simple phrase.

-Bon, qu'est-ce que vous me voulez ?

Je l'observai un peu. Elle était jeune, plutôt jolie comme toute celle de son espèce et ressemblait beaucoup à celle qui jouait au poker actuellement. Peut-être des sœurs.

-Pour l'instant je propose qu'on attende que les deux joueurs là-bas -dis-je en désignant sa complice et l'humain- aient décidé de quitter leur table. Je serais curieux de discuter avec vous. Et non, je ne suis pas du SSC ou de quelque chose de similaire, rassurez-vous.

Je me sentais infiniment vexé. Se faire avoir ainsi, je ne m'y attendais pas. Ce devait être un sacré programme pour que je ne le détecte pas lors du piratage du robot. Faire ça à elle toute seule, d'un point de vue strictement professionnel, c'était assez bluffant. Mais vexant. La partie reprit donc de plus belle. Comme prévu, le krogan se remit a perdre, mon jeu devenait couci-couça, l'élcor revenait dans la partie, l'asari continuait de gagner tout doucement. Le drell faisait quasiment tapisserie, mais il ne semblait pas être intéressé par le jeu lui même. Au bout du compte il quitta la table. Il était temps que je fasse de même. Mais pas sans une légère surprise.

C'était quand même sidérant d'en arriver a devoir utiliser un piratage de niveau des renseignements militaires à une table de poker, alors que la somme en jeu n'avais rien de mirobolant. Je me mis rapidement au travail. Je piratais l'Omni-Tool de l'élcor, et de trois autre personne aux alentour, dérivant une partie de la puissance de calcul vers le mien. Si la manipulation de l'asari avait un doigté formidable, je me préparais à lancer ce que mes instructeurs auraient appelé une charge krogane. Pas très esthétique, mais l'efficacité est là. Une fois la puissance de calcul acquise, je fis une percée vers le krogan en utilisant l'intégralité des programmes de piratage que je possédais. Étonnamment, il n'y eu pas de résistance. Je remontais jusqu'au robot, lançais un programme qui dupliquait l'intégralité des programmes utilisés dans un programme simulant Omni-Tool virtuel, plaçait un programme de mon cru dans le robot. Je tentais, en passant par ce dernier, d'envoyer une légère surcharge vers l'appareil de l'asari, suffisante pour la faire tressauter un bon coup, mais très curieusement rien ne se passa. Tant pis, je quittais la table, décidé à profiter de mes quelques gains pour me rincer le gosier tout en étudiant les données collectées.

Je repliais donc le clavier, me levais en souhaitant poliment une bonne fin de partie aux reste des joueurs. Je me dirigea vers le bar, et fis signe au barman de me servir un verre. Le temps de me griller une cigarette, et je lançais le programme de diagnostique sur l'Omni-Tool virtuel. Il me fallut pas longtemps pour comprendre. Le robot avait été hacké et son programme ajusté en temps réel. Elle avait un complice. Avec un petit rire amusé, j'abattais ma dernière carte. Je lançais le dernier programme installé par mes soins sur le robot. Il commençait par effacer les donnés de l'Omni-Tool du krogan. Puis se mit à émettre le bip en crescendo caractéristique du robot au bord de l'explosion. Tout le monde s'écarta en poussant un juron, voir un petit cris. Bien sûr à la fin il n'y eu pas d'explosion, mais le programme formata le robot et provoqua la surchauffe de quelques composants, simulant la défaillance. Pour tout le monde la partie était finie. Ce sera suffisant. À tout point de vue c'était une petite vengeance qui tenait plus de la gaminerie que de l'ancien espion, mais flanquer la frousse à l'asari était suffisant pour que mon amour propre s'en remette. Et puis il n'y aurait plus de trace des piratages.

Je jetais un regard curieux autour de moi à la recherche du complice. Je vis le drell en compagnie d'une asari qui pourrai bien être la soeur, ou la mère, … ou la fille, difficile à dire avec ceux de cette espèce, de celle qui se trouvait à ma tablée. Avec un petit sourire, je m'approchais d'eux, mon verre de whisky à la main, en soupirant d'un air désabusé :

"Vous m'avez bien eu ! Mais je doit avouer que ça avait du style. Marcus Freeborn, si vous ne le saviez pas déjà.", leur dis-je en m'inclinant légèrement.

L'asari et moi restions à observer la tablée de poker qui continuait à jouer. La joueuse restait étonnamment calme, ne s'étonnant pas de la soudaine inactivité de sa complice. Le programme qui lui dictait les cartes des autres joueurs était peut-être automatique. Désireux d'en savoir plus, je me tournai vers celle qui me tenait compagnie et lui demandait la nature du programme qu'elle avait utilisée.

-Programme automatique, je l'ai lancé dès que vous m'avez repéré.
-Et vous n'avez pas peur d'être découverte avec un système comme ça ?
-Il a pour fonction de s’autodétruire si un autre programme quel qu'il soit vient interférer avec son support électrique.

J'utilisais régulièrement le même genre de programme pour espionner mes adversaires et connaissait donc leur efficacité. Pour rester discret ils étaient merveilleux, mais ils avaient vite leur limite en situation de combat, la moindre arme ou armure étant parcourue par des dizaines de programmes chaque minutes.

-Et, dans un autre registre, puis-je connaître votre nom et celui de votre complice ?
-Elle s'appelle Merya R'ktol, et moi c'est Vinna R'ktol, lâcha-t-elle dans un soupir résigné.
-Vous êtes donc...
-Sœurs, en effet.

C'est à ce moment que nous remarquions l'humain qui quittait la table. Il alla s'asseoir au bar, grilla une clope et sortit son omni-tech. Je faillis lancer un programme espion mais je préférai le contempler à l’œuvre. L'asari à côté de moi, elle, s'était reconnectée en quatrième vitesse pour suivre se qui allait se passer.
L'humain rigola un peu, puis de l'agitation autour de la table de poker se fit sentir. Les trois joueurs restants s'étaient écartés, le robot émettant des bruits signalant une autodestruction. Enfin, c'est ce que tout le monde croyait. En vérité il était très facile de faire s'autodétruire un robot sans causer les dits-bruits.

Finalement, après une série de bruits résonnant dans tout le bar de par leur puissance, le robot s'éteignit soudain, de léger filet de fumée s'élevant de certains interstices dans la coque. Trois ingénieurs du casino s'approchèrent soudain, désireux de l'examiner. Si l'humain était un vrai professionnel, il aurait formaté le robot et ils mettraient plusieurs jours à s'apercevoir d'un piratage.
C'est la douce voix de ma voisine qui me ramena à la réalité.

-Je crois bien qu'on nous a repéré, si ça vous intéresse.

En effet, l'humain s'approchait de nous, pas franchement l'air hostile mais je me méfiait quand même. Surtout je surveillais du coin de l’œil le krogan, énervé que le personnel du casino décide de garder les gains des trois joueurs encore là au moment de la surcharge, jusqu'à ce que la lumière est été faite sur ces événements.

"Vous m'avez bien eu ! Mais je doit avouer que ça avait du style. Marcus Freeborn, si vous ne le saviez pas déjà."

Il avait un air résigné, mais je n'étais pas vraiment dupe, je sentais le professionnel admiratif devant ce boulot, tout comme je l'étais à dire vrai.

-Je n'y suis pour rien, même si j'aurais aimé pouvoir prétendre le contraire, c'est elle qui est l'architecte de cette magnifique action, répondis-je en désignant l'asari à côté de moi, qui rougis légèrement.
-Oh vous savez, ce n'était pas grand chose... Ça demande juste un peu de préparation et c'est facile quand on a tout le temps de s'y consacrer. Vinna R'ktol, enchantée.

Je remarquai que l'équipe d'ingénieurs avait finalement relâchée l'elcor, l'autre asari et le krogan, même si ce dernier continuait à se plaindre auprès de trois videurs turiens, armés et au moins aussi menaçants que le plaignant. Je sut que le krogan ne poserai pas plus de complications au personnel du lieu, mais ça ne me rassura pas pas beaucoup, il était probable qu'il décharge sa colère sur la victime la plus tentante.
Et je pense être facilement en tête de liste si jamais il me revoyait. Or je n'avais plus envie de me battre à ce moment là.

L'asari joueuse était à quelques distances de notre petit groupe, où Marcus et Vinna conversait un peu sans trop que j'y prête attention. Elle détourna le regard au moment où elle croisait le mien, toujours recouvert par les lunettes de soleil. Désireux de pouvoir parler plus librement et de sortir du champ de vision immédiat du krogan, je me levai.

-Que diriez-vous d'aller nous installer à une table, nous y serions plus à l'aise ? Et nous pourrions au passage récupérer votre sœur qui semble un peu perdue si je ne me trompe.

J'attendis une quelconque réponse, dont je ne doutais pas vraiment de la teneur affirmative.

-Je n'y suis pour rien, même si j'aurais aimé pouvoir prétendre le contraire, c'est elle qui est l'architecte de cette magnifique action, répondis-je en désignant l'asari à côté de moi, qui rougis légèrement.
-Oh vous savez, ce n'était pas grand chose... Ça demande juste un peu de préparation et c'est facile quand on a tout le temps de s'y consacrer. Vinna R'ktol, enchantée.

Donc elles n'étaient que deux.... Vraiment pas mal du tout ! Malgré le fait que ce ne soit pas un travail en solo, le contrôle du programme était tellement parfait que c'en était bluffant.

-Vous savez, on début j'ai vraiment cru que votre euh... sœur ?, bref hochement de tête de la part de l'asari, Votre sœur donc était en train de me mettre la fessée cul nul en matière de piratage à elle toute seule. Superbement subtil comme hacking, mes programmes de surveillance sont passés à coté sans même broncher.

Vinna eut un très léger sourire. Comme sa sœur elle était assez mignonne. La pensée m'effleura qu'une race de jolie nymphette était un sacré avantage sur toute les autres. En ce moment la jolie nymphette me gratifiait pourtant d'un regard peu amène.

-C'était vraiment obligatoire votre coup du robot ?

Avec un sourire cynique, j'allumais une nouvelle cigarette, aspirait goulument dessus, et lui répondis.

-J'aurai sans doute du croire que vous alliez effacer non seulement toute trace de votre piratage mais AUSSI du mien ? Je pense pouvoir affirmer sans trop me tromper que vous auriez fait pareil dans ma position. Je me trompe ?

Je fus récompenser d'un franc sourire. Elle jeta un coup d'œil au robot qui se faisait transporter par l'équipe d'ingénieur du bar. Quelques minces volutes de fumée en sortait encore. Elle ramena son regard sur moi, relevant un sourcil.

-Et il était vital pour que ça marche de simuler une explosion ?

Je la gratifia pour toute réponse de mon sourire innocent, celui là même que vous ferait un krogan qui se dirait dentiste.

-Que diriez-vous d'aller nous installer à une table, nous y serions plus à l'aise ? Et nous pourrions au passage récupérer votre sœur qui semble un peu perdue si je ne me trompe.

Je signifiais mon accord d'un bref gromellement, Vinna d'un gracieux hochement de tête. Je m'envoya mon verre cul sec, et suivais les deux autres. Je vis l'asari faire un petit signe de la main à sa soeur, lui intiment de la rejoindre. Nous prîmes un table qui se trouvait dans le fond du bar, relativement à l'ombre. Je remarquais que le drell choisissait de s'assoir contre le mur, de manière à pouvoir surveiller tout le bar. J'étouffais une grimace. Dans la profession de toutes les personnes présentes, c'était celle que tout le monde voulait prendre. Je pris une de celle qui restait, qui me permettait tout au plus de surveiller discrètement la moitié du bar, les deux asaris prirent place elles aussi.

Un serveur, un galarien, vint prendre quasiment aussitôt des commandes.

-L'habituel pour moi, avec un cendrier en prime.

Celui-ci hocha la tête, et se tourna vers les autres, dans l'attente de leur commande

Les deux sœurs ne posaient aucun problème, pas plus que Marcus, à aller s'asseoir à une table. Nous nous installâmes et, profitant de mon avance, je choisis la place dos au mur. Celle que tout le monde voulait toujours et que je me débrouillai toujours pour avoir. Surtout lorsqu'un krogan ayant probablement une dent contre moi vocifère au milieu de la salle.

Un serveur galarien arrivait et demandait les boissons. L'humain signifia clairement son habitude des lieux -j'ai déjà fait la remarque qu'il allait parfaitement avec le décor ?- et les deux asaris commandait de quelconques cocktails exotiques. Pour ma part je demandais un cocktail sans alcool. Pas vraiment au cas où le combat avec le krogan éclaterait -j'étais sur de le battre, même en étant éméché- mais tout simplement parce que j'essayai de ne pas sombrer dans l'alcoolisme et que ma fréquentation abusive des bars ces derniers temps me poussait au vice.

Décidé à faire un peu connaissance avec ces deux jeunes femmes qui nous avaient royalement menés en bateau l'humain et moi, j'engageai la conversation avec celle qui tenait les cartes, Merya si j'avais bien compris.
J'enlevai mes lunettes de soleil, il est toujours plus agréable que des interlocuteurs puissent se voir dans les yeux.

-Vous avez un talent certain au poker. Ou dans la tromperie, je ne saurais dire...
-Ce n'est pour l'instant guère reluisant, expliquez-vous.
-Votre façade de joueuse professionnelle en aurait trompé plus d'un, personne ne devait se douter que vous trichiez.
-J'ai un peu d'expérience dans le domaine.
-Je me doute oui... Par simple curiosité, quel âge avez-vous ?
-Bien plus que ce que vous ne pouvez appréhender.
-Sans aucun doute, mais avoir des valeurs chiffrés -et donc concrètes- me rassure. Déformation professionnelle sans doute.
-Professionnelle ? Vous êtes banquier ? Fonctionnaire ?
-Une sorte de fonctionnaire en effet. Mais sans doute pas le genre auquel vous pensez en premier.
-En effet, le genre de fonctionnaire auquel je pense en premier est rarement autorisé à se balader avec une arme aussi imposante dans un espace public.

Je lui lançai un regard soupçonneux, et réalisai qu'elle avait du voir mon holster d’aisselle sous mon manteau -il faut dire qu'il n'était pas particulièrement camouflé. Je ne fit pas un geste pour cacher l'arme et me contentai de boire une gorgée de la boisson que venait d'amener le serveur.
Elle se contenta de me fixer d'un air malicieux. Elle était particulièrement jolie, il fallait lui reconnaître. Leur, d'ailleurs, puisque sa sœur était dans le même cas.

-Observatrice ?
-Je joue parfois sans tricher, c'est nécessaire.
-Je me débrouille sans, dis-je dans un élan d'auto-complaisance.
-J'ai en effet pu admirer vos formidables talents au poker durant la partie que nous venons de disputer, railla-t-elle
-Elle ne compte pas, trois des cinq joueurs trichaient, directement ou indirectement.

Je ne pouvais m'empêcher de sourire à sa remarque. L'idée de ne pas finir la nuit seul m'effleura l'esprit, mais je ne la retenais pas, je connaissais cette fille depuis quelques minutes après tout. Ouais, bon, C'était pas fondamentalement gênant, je le reconnais.

La conversation continua encore un certain temps, et je remarquai, soulagé, que le krogan avait quitté les lieux. Je parlais de tout et de rien, avec Merya principalement, mais aussi Vinna et Marcus. Comme expliqué par l'ambassadeur quelques jours plus tôt, je ne révélais qu'un minimum d'informations sur moi et mon métier, éludant les questions trop pointues sans m'en cacher.

De toute façon, c'était la conversation dans son ensemble qui s'éludait. Chacun autour de la table avait ses petits secrets qu'il était bien décidé à garder, et chacun évitait les questions susceptibles de trop en demander.
Le tout se déroula donc dans une atmosphère de secrets et de faux-semblant, mais néanmoins assez chaleureuse.

Au bout d'un certain temps, Merya s'excusa et quitta la table en direction des toilettes du bar. Je la suivais involontairement des yeux tandis qu'elle se frayait un chemin au milieu de la foule. Enfin je dois bien admettre que je suivais surtout la partie de son anatomie située entre les cuisses et le bas du dos.
Quelques secondes plus tard, le hasard voulut qu'un serveur passant entre notre table et celle de nos voisins, éprouvant quelques difficultés à se frayer un chemin, renverse sur moi la moitié d'un verre d'alcool bien chargé au vu de l'odeur qui m'agressait les narines.

-Oh, excusez-moi monsieur, je vais vous amener de quoi nettoyer...
-Pas la peine, je vais aller en chercher moi-même, ne vous dérangez pas pour ça, il ne craint pas grand chose, dis-je en secouant légèrement mon manteau.

C'était vrai, d'ailleurs, et pas uniquement de la politesse. Je me levai donc et rejoignit les toilettes où j'espérais pouvoir trouver de quoi essuyer l'alcool répandu. En y arrivant, d'étranges bruits me provenaient de la cabine des femmes, et je décidai de toquer à la porte pour savoir si tout allait bien -je n'ai jamais été très doué pour me mêler de mes affaires.
La seule chose qui me répondis vu un soudain silence, puis j'entendis distinctement un homme hurler sa douleur tandis qu'une voix, que j’identifiai comme celle de Merya, appelait au secours.

Je n'hésitai pas une seconde pour ouvrir la porte, me retrouvant nez à nez avec un humain en combinaison noire tandis que Merya disparaissait par la fenêtre, à priori pas de son plein gré.
Mon adversaire dégaina un couteau laser rapidement et plongea vers moi. J'évitai le coup qui aurait touché mon abdomen, bloquait son bras avec le mien et portait un rapide coup de poing dans l'articulation du coude, qui lui fit lâcher l'arme.

Pour tout réponse j'eus droit à un coup du tranchant de la main au niveau du cou, qui me fit légèrement chanceler -un homme normale se serait sans doute effondré, mais nous autres, drells, avons quelques particularités- et profitait de la surprise de mon adversaire pour porter un violent coup de poing au niveau de son abdomen, puis un coup de genou dans le nez, qui le fracassa.
En retour je reçus un coup de poing dans la mâchoire qui me fendilla une lèvre, puis je bloquai un autre coup de poing en lui attrapant l'avant-bras et lui tordait d'une torsion du poignet. Un coup de tibia dans la hanche l'empêcha de se libérer, et je l'achevai en lui cognant la tête sur un évier proche.

J'y allai sans doute un peu fort puisque je lui ouvris le crâne et qu'il s'affaissa au sol, totalement inconscient. Je pris son pouls et constatait, sans autre sentiment que la frustration d'avoir perdus une remarquable source d'information, qu'il n'était plus de ce monde.
Désireux de gagner du temps, j'enfermai le corps dans une cabine, essuyait méticuleusement le sang sur l'évier, qui heureusement n'avait rien, et me lavait la figure, ne souffrant que d'une blessure légère. Je constatai avec soulagement que mon combat n'avait pas été remarqué.

Je ressorti des toilettes, ayant complètement oublié l'alcool qui avait de toute façon eu largement le temps de sécher, et me dirigeai de nouveau vers notre table, rassuré quand je vis Marcus et Vinna toujours à leur place.
Ils durent remarquer ma lèvre quand je 'approchais car ils m'interrogèrent silencieusement du regard. M'adressant à Vinna, je ne lâchai que quelques mots.

-Je crains que votre sœur n'ait été kidnappé.

Chacun prit ses commandes, les araris un peu d'alcool, le drell, une boisson pour enfant (m'a l'air d'être un marrant celui là). La conversation s'engagea de manière assez détendue. De manière prévisible, chacun maintenait un flou artistique sur l'étendu de ses activités. C'était marrant, ça me rappelait les rencontres inter-services quand je bossais encore pour l'alliance. Bien qu'ayant eu la formation d'agent espion sur le terrain - lorsqu'on vous oriente vers cette branche de l'armée, on ne vous fait pas, bizarrement, remplir un questionnaire vous demandant si vous préférez rester planqué dans des bureaux – j'étais plutôt du genre ''vivons caché, vivons longtemps''. Malgré cela, les rencontres entre différentes branches des renseignements ou différentes agences ce faisaient de temps en temps. On appelait ça les John Doe Parties, où arriver à faire cracher ne serait-ce que la couleur préférée d'un des participants était une victoire en soi.

Au rang des maigres certitudes, je pouvais donc déterminer que : je suis un alcoolique nicotinomane, ancien barbouze reconverti privé (ça c'était facile), que les deux asaris étaient mignonnes (subjectif, certes) et qu'elles en avaient conscience, d'un age indéterminé, doués en bluff et piratage, que le drell bossait pour le gouvernement hanar et/ou la citadelle et que visiblement soit son pétoire qui se trouvait sous son aisselle n'était pas le seul et le plus gros qu'il avait sur lui, soit il jouait particulièrement bien l'étonnement. Je souriais légèrement alors que les premières notes de I Just Want To Make Love To You de Muddy Waters résonnaient dans le bar. Visiblement le drell n'était pas insensible aux charmes de nos deux petites nymphettes bleues, et ma foi je ne pouvais lui en vouloir.

Merya quitta la table pour les latrines, et peu de temps après, Loky y alla aussi, histoire de nettoyer son manteau maintenant parfumé au ryncol. Voilà que je me retrouvait en tête à tête avec Vinna. J'envisageai en un instant de la charmer, de lui raconter une blague ou de lui tirer les vers du nez, et rejetais aussitôt le tout en bloque. Il était toutefois évident que ce genre de rencontre était parfaite dans l'optique professionnelle, les asaris pourraient être clientes, ou du moins des collaboratrices ponctuelles. Quand au fonctionnaire, son utilité pourrait être évidente. Par contre je ne voyais que peu de possibilités d'emplois. J'avouais à Vinna ma profession, lui laissant mon contact et lui proposant de m'envoyer une adresse extranet à sa convenance si elle et sa sœur étaient intéressées par des boulots en extra bien payés. Elle prit mes coordonnées sans rien promettre, ce qui, ma foi, était tout ce que j'espérais pour le moment. La discussion reprit dans une ambiance agréable, jusqu'à ce que l'ami des hanar revienne. À voir son visage, soit le lavabo s'était senti gravement offensé d'être utilisé pour laver un manteau, soit il s'était retrouvé à danser un pas de deux avec un ou des inconnus dans les toilettes.

-Je crains que votre sœur n'ait été kidnappé.

Ou de l'art de lancer un bombe comme si c'était un pétard mouillé. Je reportais mon attention à toute vitesse sur Vinna. Le moins que l'on puisse dire c'est qu'elle absorba cette information à toute vitesse. Il y eut un bref éclair d'émotions, parcourant son visage en un instant. J'y vis de la culpabilité, de la honte même, de l'incertitude et de la peur. Mais à une telle vitesse difficile d'être sûr de soi. Je remarquais une tension nouvelle dans la ligne de ses épaules. Son visage avait maintenant abandonné toute forme d'expression. Je pouvais comprendre. Sa profession lui avait assurément attiré des ennemis, au point qu'il serait probablement difficile de trouver rapidement lequel. Elle ne pouvait pas nous faire pleinement confiance ne sachant pas si nous étions innocents dans cette affaire ou pas. Dans une telle situation, il n'y avait que peu de possibilités. Soit elle connaissait son ennemi, soit elle se fera contacter sous peu par le commanditaire de l'enlèvement. Restait à savoir ce que voudrait ce personnage mystère. La faire chanter ? Essayer de la capturer elle aussi ? Utiliser ses connaissances en piratage et l'utiliser comme bouc émissaire ?

Pendant ce temps je ne la quittais pas du regard. Soudainement ses épaules se détendirent, ses yeux se firent plus durs, plus résolus. J'appréciais décidément ce petit bout de femme. Derrière une tête bien faite, je pouvais presque entendre les rouages de son cerveau qui tournaient à toute vitesse. Elle tourna son regard vers nous, ses beaux yeux nous posant une question que je devinais sans peine. Nullement une supplique, juste une question avec en filigrane un avertissement :


Je poussais un soupir. Semblerai que la soirée risque d'être longue. Et rien ne me disais que je pouvais me fier à Loky. Je buvais néanmoins le reste de mon verre cul sec, hochais la tête, et me tournais ver le drell dans l'attente de sa réponse.

Je l'avais dit que je n'étais pas doué pour la diplomatie. Ceci dit, là j'avais été particulièrement brutal. Le fait que ma lèvre était explosé n'y était surement pas étranger, je déteste me faire taper dessus sans savoir pourquoi. Enfin, je savais la cause directe, on n'aime pas trop les témoignages pour les enlèvements généralement -et ils aimeraient encore moins le mien- mais je n'avais aucune idée de pourquoi Merya avait été enlevée. Tout ce que je pouvais supposer, c'est que cela avait un rapport avec son habitude à tricher.

Quoi qu'il en soit, Vinna mit quelques secondes à digérer la nouvelle -et encore l'avait-elle fait particulièrement vite- puis resta un instant figé. La situation était sans doute particulièrement compliqué. Après tout, vu les circonstances, je pourrais même faire le parfait kidnappeur à dire vrai, les possibilités étaient nombreuses. Après ses réflexions internes, elle nous questionna silencieusement. Lui apporterait-on notre aide ?
L'humain acquiesça, après avoir pesé le pour et le contre et but son verre cul-sec -pas forcément une très bonne idée vu ce qui nous attendrait mais bon. Je ne pus retenir une pointe de cynisme dans ma réponse.

-Je n'ai guère l'habitude de me mêler de ce qui ne me regarde pas, je feignais le regret, mais je me sentirais mal si je ne mettais pas au courant les employeurs de la personne que je crains d'avoir légèrement esquintée qu'elle serait désormais indisponible pour une période longue et indéterminée.

Bon, maintenant que nous étions décidés, encore fallait-il savoir par où commencer. Une bonne indication serait le corps de celui dont je m'étais occupés. Même s'il m'avait fait l'impression d'un professionnel et que je ne m'attendais pas à trouver un bon recommandé signé de la main du commanditaire, on pouvait toujours espérer glaner quelques informations intéressantes.
De plus, peut-être n'aurait-il pas prit la peine d'installer un sabotage de l'omni-tech en cas d'arrêt des fonctions vitales – j'avais personnellement installé des programmes de ce type, juste au cas où- et il était toujours possible de récupérer des programmes intéressants, mes deux acolytes avaient l'air doués dans ce domaine.

-J'ai eu quelques mots avec l'un des ravisseurs, peut-être serait-il à même de nous renseigner. Même si je doute qu'il puisse ouvrir la bouche...

J'interrogeais du regard Vinna et Marcus. Ils n'avaient pas l'air d'avoir beaucoup d'autres idées et acquiesçai rapidement. Le problème c'est qu'on risquait d'attirer l'attention si on allait tous les trois dans les toilettes.
La plus à même d'y aller sans se faire voir était sans aucun doute Vinna, mais je répugnait à la laisser seule dans pareilles situation. Je ne faisais pas totalement confiance à Marcus, mais si l'on ne parvenait pas à mettre ce manque de confiance de côté, on ne progresserait jamais. Je me penchai et murmurai à leur intention

-Bon, voilà ce que je propose. Je vais aller dans la ruelle arrière, sur laquelle donne la fenêtre des toilettes, Vinna vous y allez et me faites passer le corps que vous trouverez dans la cabine la plus éloignée de l'entrée. Marcus vous restez dans la salle et veillez à ce que personne de suspect ne rentre dans les toilettes. Je réceptionne le corps et vous me rejoignez dans la ruelle, après quoi nous pourrons nous concentrer sur la recherche d'indices, et vous pourrez nous dire les éventuels soupçons que vous possédez. Ça vous convient pour l'instant ?

Deux hochements de tête, je me redressai et faisais mine de les saluer, avant de me diriger vers la sortie du bar, tranquillement et décontracté. Je ne me faisais pas de soucis pour Marcus, mais j'espérais que Vinna parviendrai à donner le change, la situation devait être dure à supporter pour elle.
Je sortis du bar et me dirigeait rapidement vers la ruelle où je devais me rendre. Les rues étaient vides, l'heure déjà avancé et le léger éloignement de ce bar des voies principales rendait l'endroit calme. La ruelle, elle, était carrément morte. Silence oppressant, obscurité dans n'importe quel coin, de vieux lampadaires agonisants qui s'allumaient et s'éteignaient en permanence. Pour un peu je me serais crus dans un film d'horreur.

Je scrutai les fenêtres du premier étage, niveau où devaient se trouver les toilettes, en attente d'un signe de Vinna. Je n'eus pas à attendre longtemps, une fenêtre à quelques mètres sur ma droite s'ouvrit, révélant la charmante tête bleue, qui semblait un peu dégoûtée.
Je lui fis signe et elle disparut. Quelques instants après, une jambe vêtue de noire passa la fenêtre, puis une deuxième, et le reste du corps, qui me chuta dessus. Je m'étais préparé mais je ne l'imaginais pas si lourd et manquais m'étaler sur le sol.
La tête de Vinna reparut, et je lui fis signe que tout allait bien. Elle referma la fenêtre, elle et Marcus seraient surement là dans une ou deux minutes. En attendant, je pouvais à loisir examiner mon attaquant.

Sa combinaison ne semblait pas posséder de barrière cinétique, ou alors très faible. Par contre, elle était assez renforcée. Un facteur de perforation plus élevé ne serait pas mal sur ma mitraillette. A part ça, rien de très excitant. Il n'avait qu'une simple mitraillette basse catégorie, ainsi qu'un pistolet mal modifié. Il était assez jeune, pas un vétéran. Néanmoins il avait été un bon adversaire, peut-être un pratiquant d'un art martial quelconque.
Lorsque Marcus et Vinna arrivèrent, j'étais en train de modifier les munitions de ma mitraillette, adjoignant un effet cryogénique et perforant, si nos éventuels adversaires ressemblaient à ce garçon, nul doute qu'ils n'apprécieraient pas.

J'avais également vérifié l'omni-tech, il était encore intact et contenait probablement des données intéressantes. Mais je n'y avais pas plus toucher, je n'étais pas un spécialiste des piratages discrets, et préférait laisser cela à mes deux alliés qui avaient sans doute plus de doigté dans le domaine.
Je me tournai donc vers eux.

-L'omni-tech est intact, j'ai préféré vous le laisser plutôt que de le pirater moi-même, je n'ai pas d'idées des protections qu'il peut y avoir dessus.

Ce n'était pas tant un problème de protection -je possédai sans doute de quoi les détruire- que de discrétion, si cet omni-tech était en réseau, je serais immanquablement repérer. Et plus longtemps les ravisseurs ignoreraient nos actions, mieux se serait.

Loky accepta d'apporter son aide, nous étions donc trois contre un opposant inconnu. Il nous fallait un angle d'approche. Malheureusement e ne voyais rien. Heureusement le drell nous informa que le responsable probable de sa lèvre douloureuse se trouvait encore dans les toilettes. En sale état, mais c'était mieux que rien.

-Bon, voilà ce que je propose. Je vais aller dans la ruelle arrière, sur laquelle donne la fenêtre des toilettes, Vinna vous y allez et me faites passer le corps que vous trouverez dans la cabine la plus éloignée de l'entrée. Marcus vous restez dans la salle et veillez à ce que personne de suspect ne rentre dans les toilettes. Je réceptionne le corps et vous me rejoignez dans la ruelle, après quoi nous pourrons nous concentrer sur la recherche d'indices, et vous pourrez nous dire les éventuels soupçons que vous possédez. Ça vous convient pour l'instant ?

Nous acquiesçâmes, et Loky sortit du bar, à la suite de quoi Vinna se dirigea vers les toilettes. Quelques chose me gênait toutefois. Alors que je surveillais l'entrée des latrines, je me mis à réfléchir à la mise en place de cet enlèvement. On ne fait pas un kidnapping à l'aveuglette, ça demande un tant soit peu de préparation, une bonne reconnaissance du terrain, et surtout de maintenir un contact visuel constant sur tout le théâtre d'opération afin d'éviter que la tentative tourne cour.

Je retournais toutes les possibilités dans la tête. Des kidnappeurs ne pouvaient logiquement faire le pied de grue dans les toilettes en attendant que la bonne personne entre enfin. Il fallait au moins une ou plusieurs personnes pour informer ce qui se passait dans la salle principale du bar, ou du moins un contrôle à distance, des personnes dans la ruelle à coté du bar, un moyen rapide de partir. Ce qui m'inquiétais maintenant était de savoir comment ils avaient maintenus le contact visuel dans la bar avec la cible. D'expérience, à condition qu'il ne s'agisse pas d'amateur, ils feraient en sorte de continuer à garder ce contact aussi longtemps que possible, même après que l'opération soit réussie. Autre possibilité qui me fis franchement grimacer, était qu'ils avaient réussis à hacker les Omni-Tools des deux asaris, leur permettant de trianguler leurs positions. Je fis un balayage des personnes présentes dans le bar, mais rien ne retins mon attention. Je notais quand même les caméras de sécurité, moyen plus facile d'effectuer la surveillance.

Vinna ressortit des toilettes et me fis un léger signe de tête. Je quittais ma place et marchais à ses cotés. Une fois sortis du bar, je lui intimais de s'arrêter, et de se coller, tout comme moi, contre la façade. La main sur mon Carniflex, prêt à le dégainer, j'attendis en fixant la sortie du bar. Une minute, puis deux puis trois passèrent, et personne ne se montra. Visiblement aucun complice ne se trouvais dans le bar. Du moins aucun qualifié pour faire une filature. Je relâchais ma prise sur le canon à main, et me tournais vers Vinna, lui disant que l'on pouvais continuer. Encore une fois, elle me surpris agréablement en ne posant aucune question, ni même en paraissant étonnée. Je vous ai déjà dit que j'aimais les filles intelligentes ?

Nous arrivâmes dans la ruelle qui était … idéale. Tant pour planquer une équipe d'extraction que pour fouiller un membre décédé de cette même équipe. Loky était en train de tripoter sa mitraillette, s'ajustant sans doute à ses futurs adversaires. J'eus un grognement de satisfaction intérieur. J'aimais l'idée que quelqu'un d'autre que moi soit en charge du gros de la création de cadavres, ceci n'étant pas ma spécialité, j'aimais encore plus voir que cette personne avait un cerveau et savait bien s'en servir. Il se tourna vers nous à notre approche.

-L'omni-tech est intact, j'ai préféré vous le laisser plutôt que de le pirater moi-même, je n'ai pas d'idées des protections qu'il peut y avoir dessus.

J'avais dit en sale état mais ça tenait du doux euphémisme. Le bougre avait reçu un coup à la tête dont on ne pouvais se sortir avec juste un mal de crâne. M'était avis que ce serait pas demain qu'il pointerait en effet à son job. Vinna commença à sortir son ordinateur qu'elle avait utilisé pour le piratage plus tôt dans la partie et lança son Omni-Tool. Je l'arrêta d'un geste. Elle me fixa d'un air interrogateur, dont perçait encore les soupçons qu'elle devait entretenir encore à notre sujet.

-Je dois vérifier d'abord qu'aucun de vos matériels n'ont été piratés, c'est peut-être ainsi qu'ils ont connu vos déplacements dans le bar. Laissez moi vérifier. Vous pouvez regarder avec moi les données si vous voulez, ainsi vous verrez que je ne vous dérobe rien qui s'y trouve.

Avec une réticence évidente, elle s'exécuta. Le balayage prit quelques instant, et après avoir checké plusieurs fois les données, nous nous mîmes d'accord sur le fait que le matériel était clean. Nous nous attelâmes donc sur l'Omni-Tool du soldat. La partie délicate était de s'introduire sans faire retentir une alarme quelque part. Dans les trois quarts des cas, les mercenaires, armées personnelles et autres pirates sont d'anciens militaires ayant mal tournés … à l'exception des krogans qui sont … euh … krogans. Cela signifiait qu'en général ils adaptaient leurs anciens modes opératoires à leur nouvelle carrière. En général, un commando en mission synchronise les Omni-Tools entre eux. Cela permet au coordinateur, qu'il soit sur le terrain ou à un position sécurisée de connaître les positions de chacun, ainsi que l'évolution de leur condition physique en temps réel. Le truc était de repérer le signal émis, de le copier et de le faire tourner en boucle. L'opération prit une trentaine de secondes. Une fois que j'émis le signal, Vinna dirigea une intrusion sur l'Omni-Tool du cadavre. Je ne m'attendais pas à grand chose, en toute logique, à la mort de l'agent, le coordinateur aurait du détruire les données, mais au moins un début de piste était imaginable.

L'asari revêtît aussitôt une expression frustrée.

-Déesse ! C'est effacé ! Il va falloir reconstruire les données … Je connais quelqu'un qui pourrait nous aider. C'est un quarrien du nom de Hono'Casis . Il est spécialisé dans ce genre de … récupération de donné. Avec son matériel et son expertise, ça ne devrai prendre pas plus d'une demi heure.

Je me grillais une clope. Décidément la soirée s'annonçait loin d'être terminée. J'envisageais un instant de vérifier un éventuel piratage des caméras du bar, mais il était malheureusement peu envisageable que le patron me laisse entrer dans la salle de sécurité, tripatouiller les caméras, et encore plus difficilement envisageable d'en retirer une piste concrète.

-Ça me va, mais je veux d'abord que l'on fasse quelque chose. Je veux que chacun d'entre nous mette sur son Omni-Tool un tracker, afin que si qui que se soit se retrouve séparé des autres, on puisse le retrouver facilement. Je suis désolé si ça vous plait pas, mais dans votre cas Vinna, ça me paraît nécessaire si ils arrivent à VOUS enlever, et en général se sera utile si l'un d'entre nous se trouve dans la panade dans les quelques heures qui viennent.

Vinna accepta, sans faire d'histoire, ce qui me prit presque de court, tant je m'étais attendu à devoir défendre cette idée bec et ongles avec elle. Je me tournais vers Loky. En général, l'idée de propriété privée était très sensible dans le genre de cercle où on gravitait tous. Et nos Omni-Tools sont considérés comme très privés. Là aussi si il acceptait ce ne serait sans doute pas de gaité de coeur.

Avant que Vinna ai eu le temps de se pencher sur l'omni-tech du macchabée, Marcus l'arrêta d'un geste et lui demanda de le laisser inspecter le propre matériel de l'asari, ce qu'elle accepta sans trop de problèmes. Preuve, s'il y en avait besoin, qu'elle était choquée par ce qui lui arrivait en ce moment.
L'humain avait eu une initiative heureuse, je commençai personnellement à envisager les manières dont les ravisseurs avaient pus surveiller les lieux, et le piratage des omni-techs des deux asaris était en effet une hypothèse plausible. Mais le plus simple et le plus discret dans cette situation était sans doute le repérage manuel. Surtout lorsque l'on avait à faire à des filles de ce genre. On sous-estime toujours trop les bonnes vieilles méthodes.
Toutefois, pendant que les deux autres inspectaient l'omni-tech, j'essayai, par désœuvrement, de m'introduire sur le système des caméras du bar. Peine perdue, j'avais besoin d'un contact physique direct.

-Déesse ! C'est effacé ! Il va falloir reconstruire les données … Je connais quelqu'un qui pourrait nous aider. C'est un quarien du nom de Hono'Casis . Il est spécialisé dans ce genre de … récupération de donné. Avec son matériel et son expertise, ça ne devrai prendre pas plus d'une demi heure.

Guère étonnant mais j'avais entretenus l'espoir que des données soient encore récupérable. Ce qui était le cas d'après l'asari, même si je ne pouvais m'empêcher de me demander combien cela allait nous coûter. Et une demi-heure c'était déjà beaucoup. Espérons que cela en vaudrait la peine.
Marcus avait grillé une clope, sembla réfléchir quelques instants avant de proposer quelque chose que ni moi, ni la jeune femme bleutée, n'appréciâmes.

-Ça me va, mais je veux d'abord que l'on fasse quelque chose. Je veux que chacun d'entre nous mette sur son Omni-Tool un traqueur, afin que si qui que se soit se retrouve séparé des autres, on puisse le retrouver facilement. Je suis désolé si ça vous plaît pas, mais dans votre cas Vinna, ça me paraît nécessaire si ils arrivent à VOUS enlever, et en général se sera utile si l'un d'entre nous se trouve dans la panade dans les quelques heures qui viennent.

Les traqueurs, sans doute parmi les logiciels les plus détestés de toute personne ayant un minimum de discrétion, informatique ou non. Et Marcus, que nous ne connaissions que depuis une petite heure, nous demandais gentiment d'en installer un.
Vinna accepta sans protester, son état de détresse devait être encore plus grand que celui que j'imaginais. Marcus se tourna vers moi, un regard interrogateur.

Je poussai un long soupir. D'un côté, il n'avait pas tort, ce genre de truc nous aiderai grandement et préviendrait une nouvelle tentative d'enlèvement. Et d'un autre côté, j'en possédai déjà un, en tant qu'agent de l'Ambassade et indirectement de la Citadelle, on appréciait de pouvoir garder un œil sur moi. Et à la réflexion j'avais peut-être plus confiance en Marcus que dans le fonctionnaire qui devait s'occuper de garder mes déplacement à l’œil.
Résignée, j'abdiquai.

-Très bien, je vais faire ça...

Cela fut rapide, en quelques secondes je détournai une partie du signal du traqueur déjà installé sur mon omni-tech vers celui de Marcus et de Vinna. Certes, c'était une jolie violation en règle des pratiques militaires habituelles, mettre du matériel fournis par le gouvernement entre les mains de civils non aptes à s'en servir. Mais je n'en étais pas à ma première violation de ces règles, et ce traqueur était particulièrement sécurisé et discret, ce qui signifiait que nos éventuels ennemis pourraient bien moins facilement réussir à s'en servir contre moi.
Je me relevai d'un mouvement souple, rangeai ma mitraillette dans son holster et allai cacher me cadavre dans une benne à ordure que j'avais repérée.

-Bon, maintenant que nous sommes un minimum préparés, on pourrais rejoindre ce Hono'Casis non ?
-En effet, suivez-moi, nous y serons sans doute rapidement en taxi.

Nous regagnâmes la rue principale, essayant de ne pas trop attirer l'attention des rares passants qu'il pouvaient y avoir, nous venions quand même de planquer un corps dans une benne. Pas que je m’inquiétais vraiment pour moi, Agrastan pourrait me sortir des mains de la justice dans trop de problèmes et, même s'il n'apprécierait pas, il ne ferait pas tout un foin pour un simple ganger, qui plus est si j'étais en position de légitime défense.
Par contre, Marcus et Vinna pourraient être gravement dans la merde, eux.

Vinna arrêta un taxi et nous embarquâmes tous les trois dedans -il me semble avoir déjà fait remarqué à quel point je considérais cela comme un exploit- avant de foncer dans les rues vers l'adresse que Vinna avait indiqué au chauffeur.
Je connaissais vaguement le quartier qu'elle avait indiqué, de réputation. Pas franchement le genre d'endroit très net, même si le SSC y imposait la loi. Disons que c'était un repère d'arnaqueurs, de magouilleurs, de grand voleurs, de trafiquants et de barons de la pègre des secteurs inférieurs. Une partie de l'élite du crime si côtoyait, et si en façade tout semblait normal, tout le monde savait que l'intérieur était pourris.
Ce qui énervait d'ailleurs le SSC, qui savait pour tous ces sales types mais n'avait aucun moyen de les coincer légalement. De loin en loin, un baron tombait, un voleur faisait une connerie de trop, et les flics s'en donnaient alors à cœur joie. Encore plus rarement, des coups de force de leur part réussissait et faisaient tomber quelques têtes. Mais en règle générale ils se contentaient de patrouiller, sachant pertinemment que les vrais criminels les observaient bien tranquillement.
En conclusion : le genre d'endroits où j'adore aller mettre le bordel.

Le taxi nous déposa au pied d'un bloc d'habitation quelconque, pas parmi les plus luxueux mais correct selon les standards de la Citadelle. J'inspectai rapidement l'endroit, il me paraissait sûr. Néanmoins, par précaution, je fis signe au deux autres de rester dehors un petit peu, et je rentrais dans le bâtiment, prêt à dégainer au moindre doute.
L'entrée semblait tranquille, à cette heure la majorité des occupants devaient être en boîte, en train de dormir ou de travailler.
Je signala à Marcus et Vinna qu'ils pouvaient rentrer et gardait la tête de la petite troupe. Nous rejoignîmes le quatrième étage, où logeait notre contact, et Vinna alla toquer à une porte quelconque. Un quarien vint l'ouvrir plusieurs minutes plus tard, dans une combinaison de couleur blanche et bleue de plutôt bonne facture, il n'avait pas grand chose à voir avec certains des mendiants de son espèce que l'on croisait en nombre dans les secteurs pauvres.

-Vinna ? Mais qu'est-ce que tu fais ici à cette heure ? Tu me réveilles en sursaut. Et c'est qui ces mecs avec toi ? Tu m’expliqueras tout ça à l'intérieur. Allez, entrez.

Vu la vitesse à laquelle il avait débité tout ça, je me demandais s'il ne tenait pas un peu des galariens par hasard. Quoiqu'il en soit nous entrâmes dans un salon assez grand, et visiblement pensé pour accueillir du monde. A part la porte que nous venions de franchir, Seules trois fenêtres en face de nous donnaient un accès rapide à la pièce. Une porte épaisse, que je reconnus comme étant hermétique, était située sur le mur à notre droite, sans doute l'accès aux quartiers aseptisés du quarien. Il devait vraiment s’attirer une bonne clientèle pour s'offrir ce genre de luxe.

Loky accepta d'utiliser un traqueur et au final, chacun de nous synchronisa son Omni-Tool avec les autres. Le taxi que Vinna arrêta nous amena vers un quartier que je connaissais vaguement de réputation. Considéré comme une des zones les plus sûr de la ville. Marrant comme les criminels ayant pignon sur rue désiraient vivre dans la tranquillité et la sécurité. La moitié des personnes vivant ici pouvais devenir un employeur, sous une réelle identité ou non, ou devenir la cible d'une de mes investigations. Pas le genre d'endroit où foutre le bordel, sachant que les querelles de voisinages pouvaient se résoudre de manières expéditives, et que toutes les patrouilles du SSC étaient prêtes à foncer sur la moindre cause de désordre, espérant pouvoir coincer d'une manière ou d'une autre un de ces honorables citoyen de la Citadelle.

Le drell nous laissa devant le temps de repérer le lieu où résidait le quarrien en question, ce qui me permis de jeter un coup d'œil à la dérobée sur Vinna. Malgré ses efforts elle ne pouvait cacher dans son langage corporel une tension, qui semblait augmenter avec le temps. Il me faudrait sans doute la surveiller, car si cela s'amplifiait trop, elle risquait de se révéler une source de problème, dans le sens où elle pourrait, en pleine action, agir de manière erratique au point de nous mettre tous en danger, elle même en premier. Loky annonça la zone sécurisée, et nous nous dirigeâmes vers le quatrième étage. Vinna toqua à une porte, faisant apparaître quelques instant plus tard le quarrien sans doute le plus speedé de tout l'univers. Il nous fit entrer à l'intérieur de sa demeure, qui avait apparemment été équipé en partie pour satisfaire au besoins particulier de ceux de leur espèce en matière d'atmosphère aseptisé. La pièce n'était rien d'autre qu'un amoncellement de pièces détachés, de matériels informatiques, d'écrans en fonctions, allumés, éteins, à réparer, de notes et de divers objets et déchets indéterminés. Non pas que je sois une fée du logis, au contraire même, mais là c'était grandiose. Il s'activaient en ce moment à dégager un espace viable sur un canapé affaissé pour que nous puissions nous y assoir. Je me rendis compte qu'absorbé par ce que je voyais, je ne m'étais pas rendu compte qu'il n'avait cessé de débiter un flot continu de paroles depuis notre arrivée.

-…. presque fini de payer ma nouvelle Blue Box, il paraît que les nouvelles capacités de cette IA surpassent de loin celles des autres vendues sur le marché noir, j'espère que c'est des clients que tu m'amènes, je n'ai pas fini de la payer comme je te l'ai déjà dit. À moins que ce soit toi qui me propose en travail, ce serait sympa de rebosser pour vous les filles, même si j'ai trouvé que le conditions de travail étaient un peu en dessous de ce que devrait espérer un spécialiste comme moi …

-Hono'Casis, j'ai ….

-Oui je sais, on ne parle pas des anciens boulots, mais du coup je n'ai pas pu jouer pendant deux jour à Concilium Imperium, du coup j'ai perdu beaucoup de mes stats et un partie de mon territoire. Je gère une guilde tu sais, je ne peux pas me permettre de quitter comme ça du jour au lendemain mon poste, surtout que tu ne m'a même pas laissé le temps de mettre en place un programme pour gérer cette absence. J'ai du jouer en continu pendant trois jour, tu m'entends ? TROIS JOURS ! Afin de récupérer du bordel dans lequel vous m'aviez laissé. Un artiste comme moi a besoin de sommeil pour espérer rester à niveau et ….

Mais bordel il reprend jamais sa respiration ?! J'ai connu des galariens qui paraissaient en comparaison apathique par rapport à ce quarrien ! C'est pas possible il devait s'injecter des excitants dans le système de survie de sa combinaison ! Avec un soupire, je rejetais ma tête en arrière, voulant chercher un moyen qui ne soit pas brutal de mettre fin à cette logorrhée interminable. Encore deux minutes à ce tarif, et je ne saurai même plus la raison de ma visite. Je senti quelque chose de dur s'enfoncer dans ma nuque. Je me retournais pour trouver une immense pile de Fornax en équilibre instable sur le rebord du dossier. Bon, ça suffisait ces conneries, le temps jouait contre nous.

-Hono'Casis, je suis Marcus Freeborn, nous avons besoin de votre expertise pour reconstituer les donnés de cet Omni-Tool. Faite au plus vite je vous en prie, c'est une question de vie ou de mort, dis-je en lui tendant l'objet en question.

-Bien sûr bien sûr, ce sera fait en moins de deux, prenez un magasine si vous voulez le temps que je fasse cela. Au fait, euh, Vinna ? Merya ? Où est la deuxième, en général vous êtes plus inséparable qu'un krogan et son fusil préféré.

Vinna le regarda droit dans les yeux, puis posa son regard avec insistance et détresse sur l'Omni-Tool que tenait le quarrien. Celui-ci eut un air gêné.

-Ho ! Je m'y mets de suite !

Nous attendîmes donc, dans un silence tendu, qu'Hono'Casis puisse enfin tirer quelques chose de ce matériel. Visiblement personne n'avait envie de lire Fornax. Le quarrien brancha l'objet sur différents système, mis en action le fameuse Blue Box, pianota rapidement sur son Omni-Tool avant de se mettre devant un gros ordinateur, devant lequel il s'activa au point que je me demandais si il ne situait pas dans une distorsion spatio-temporelle. Dix minutes plus tard, il se tourna vers nous en lançant un triomphal ''fini !''. Nous nous approchâmes de l'écran. Peu d'informations avaient pu être extraites, si ce n'est une, importante. Le macchabée était un mercenaire appartenant à un groupe s'appelant la Légion de Kolrath. Jamais entendu parlé. J'allais demander l'avis du publique sur cette légion quand un bref signal sonore retentis. Vinna se mit à pianoter son Omni-Tool.

-Un piratage ?, lui demandais je avec inquiétude.

Une brève dénégation de l'asari me rassura sur ce point, mais elle semblait à la fois inquiète et pleine d'espoir.

-C'est un signal signifiant qu'un message viens d'être envoyé sur un boite extranet sécurisée. Elle nous regarda droit dans les yeux en enchainant. Seule ma sœur et moi connaissont cette adresse.

Elle enclencha en bouton, et le message se lança. Une IV d'apparence humaine, s'exprimant avec un ton guindé se matérialisa au dessus de son Omni-Tool.

-Bonjour mademoiselle Vinna R'Ktol. Nous vous faisons savoir que votre sœur se porte comme un charme, et qu'aucun mal lui sera fait aussi longtemps que vous agirez de manière responsable. Nous saluons par la même occasion Loky Thyrom et Marcus Freeborn, dont nous espérons une collaboration honnête et sérieuse de votre part, pour le bien-être de mademoiselle Merya R'Ktol. Je vous pris de vous rendre à ces coordonnées pour poursuivre notre entretien dans la meilleure des ambiances possibles.

Les coordonnées en question pointaient vers un espace ouvert, qui dans mes souvenirs tenait presque du jardin publique. L'hologramme s'effaça au dessus du bras de l'asari. J'étouffais un juron. Maintenant j'étais dedans jusqu'au cou. Je me tournais vers mes deux compagnons avec un regard fatigué, leur demandant silencieusement ''et maintenant ?''

Je restais stoïque et calme dans l'appartement. Ça n'aurais tenus qu'à moi le quarien se serzit trouvé avec un poing dans la gueule pour le calmer. Les professionnels de ce genre s’insupportent. Mais comme il avait l'air compétent et que c'était Vinna qui le connaissait, je réprimais mes ardeurs et restait inerte, appuyé contre un mur.

Jamais il ne s'arrêtait de parler, toujours quelque chose à rajouter, quitte à ne plus avoir réellement de sens. Sans doute un grand timide. Heureusement Marcus se décida à l'interrompre et à lui exposer le but de notre visite.
Après une gaffe monumentale, que même moi j'aurais pu éviter, le quarien se mit au travail. Au moins, pendant ce temps là nous étions tranquille. Il s'activa fébrilement autour de ses instruments. L'ambiance était toujours aussi tendue et je ne me risquai pas à quelques remarques sarcastiques, me contentant de fouiller d'un regard vide la pièce, sans vraiment noter ce que je voyais.

Puis l'opération fut finie, et nous pûmes accéder aux fichiers. Rien de bien concluant, nous savions juste que le mercenaire appartenais à la Légion de Kolrath. Hum... Légion, cela sous-entendait un côté para-militaire développé et sans doute très organisé, peu de chances que nous ayons à faire à un gang, plutôt un groupuscule mercenaire. Kolrath, ça ne me disait rien, et le nom ne donnait que peu d'indications sur la race probable de ce Kolrath.
Je pouvais seulement estimer que le plus probable étais que nous ayons des démêlés avec un groupuscule mercenaire engagé par un particulier, sans doute pas très net. Quant au pourquoi il s'en est pris à Merya, je n'avais aucun moyen de le savoir.

C'est ce moment que choisis l'omni-tech de Vinna pour se manifester, un bref signal sonore. Je croisais le regard de l'asari, elle semblait peu rassuré, puis regarda son omni-tech. Marcus s'inquiéta d'un piratage, mais cela m'aurait sembler étrange, pour des raisons que je ne saurais expliquer en détail.
Quoiqu'il en soit le visage bleuté devint à la fois inquiet et optimiste. Étrange cocktail néanmoins très éloquent. Elle nous expliqua rapidement la raison de cette attitude.

-C'est un signal signifiant qu'un message viens d'être envoyé sur un boite extranet sécurisée. Elle nous regarda droit dans les yeux en enchaînant. Seule ma sœur et moi connaissont cette adresse.

Ou bien Merya s'était échappée seule -ce qui m'aurait intrigué, non pas que je l'estime incapable de se défendre, mais ses ravisseurs étaient bien entraînés- ou bien c'était ceux qui la retenait qui contactait Vinna à l'heure actuelle -hypothèse la plus probable.
Un message holographique se matérialisa aussitôt, enfin plutôt un truc ressemblant vaguement à un humain -juste une silhouette humanoïde en fait- avec une voix de ferraille. Visiblement le correspondant n'avait pas envie de pouvoir être identifié. Comme il avait raison.

-Bonjour mademoiselle Vinna R'ktol. Nous vous faisons savoir que votre sœur se porte comme un charme, et qu'aucun mal lui sera fait aussi longtemps que vous agirez de manière responsable. Nous saluons par la même occasion Loky Thyrom et Marcus Freeborn, dont nous espérons une collaboration honnête et sérieuse de votre part, pour le bien-être de mademoiselle Merya R'ktol. Je vous pris de vous rendre à ces coordonnées pour poursuivre notre entretien dans la meilleure des ambiances possibles.

Je pestai intérieurement. Qu'elle que soit la manière, ce type avait eu vent de mon identité, ce qui me vexait prodigieusement. Pas qu'il ait appris trop de choses -l'ensemble de mes fichiers civils étaient soigneusement contrôlé par le service des renseignements hanaris comme pour n'importe quel agent d'un rang gouvernemental- mais je préférais garder un maximum de flou autour de ma personne. Toujours mieux de rester discret sur son lieu de vie.
Là, le plus tentant était de remonter comme une brute la liaison, sans se soucier des trente-cinq alarmes virtuelles, de localiser ce type, d'appeler le Mandragore et de foncer sur place pour le buter aussi sec. Il en savait déjà beaucoup trop à mon goût. Ceci dit la vie d'un otage était en jeu, et il était hors de question de la risquer pour des soupçons qui n'avaient si ça se trouve aucune raison d'être.

Bon, les coordonnées donnaient sur un espace découvert, idéal pour procéder à une transaction, même si elle impliquait un otage. Tout ce qu'il fallait pour les ravisseurs c'est que le tout n'est pas l'air d'être illégal.
Le silence était tombé dans la pièce, même le quarien avait cessé de parler, se tenant un peu à l'écart. Marcus restait silencieux, regard fatigué et interrogateur. Celui de Vinna passait de lui à moi rapidement, toujours aussi inquiète et à deux doigts de la crise de nerfs. Je passait mes mains sur mon crâne et m'étendis la nuque. Tout ça devenait franchement lourd. Je regardais mes deux acolytes d'un jour.

-Et bien... il semblerait que nous n'ayons guère le choix. Allons-y.

Il était inutile de se leurrer, nous n'avions aucun contrôle sur la situation. Mais j'essayai de mettre autant de spontanéité dans ma dernière phrase. Ne surtout pas paraître dépité, je ne m'inquiétais pas de l'humeur de Marcus -il m'avait l'air d'en avoir vus d'autre- mais Vinna avait besoin d'être moralement soutenus. Même si mon domaine à moi, c'est plutôt le physique -et que ceux qui y voient une allusion salace se la mette ou je pense !

Nous quittions rapidement l'immeuble, Hono'Casis n'ayant rien réclamé, j'avais même crus entendre un faible encouragement, qui tranchait avec ses incessantes discussions précédentes.
Un nouveau taxi et une nouvelle destination. Quelques minutes furent nécessaire pour arriver au lieu de rendez-vous. J'en profitais pour lancer quelques programmes sur mon omni-tech, notamment un miro extrêmement discret, au cas où.

C'était en effet bien dégagé, situé sur le toit d'un immeuble pour être précis, autant dire que la vue y était agréable. Je ne saurais dire si nous avions réellement changé de quartier, mais l'endroit était un brin plus classe. Sur la fausse pelouse du faux jardin faussement écologique se promenaient et discutaient des industriels et autres personnes dans le haut de la lutte sociale, qui s'estimaient extrêmement chanceuses de se trouver dans ce luxe vert. Il fallait avouer qu'à la Citadelle, Présidium excepté, ça ne courrait pas les rues ces bouts de nature.

Je repérais rapidement nos contacts. C'était exactement ceux qui essayaient de se faire le plus discret tout en guettant activement les alentours. Un couple, assis à l'ombre d'un grand arbre. Tous deux portaient d'élégants habits noirs sous lesquels un habitué pouvait reconnaître les formes caractéristiques d'une armure de combat légère.
L'homme tenait sur ses genoux une épaisse mallette métallique. C'était tous les deux des humains, et je commençais à penser que cette Légion était ''raciale''. Trop tôt pour le dire, mais c'était une information de choix. Il était assez musclé, de taille indéterminé par sa posture assise, les cheveux assez courts et bruns, un bouc naissant sur le menton, les yeux cachés par d'épaisses lunettes noires. Elle était fine, élégante, de longs cheveux roux rassemblé en une épaisse tresse et possédait un regard calculateur et intéressé.

J'encourageai d'un petit signe de tête Vinna et me dirigeai vers le duo. Ils n'avaient pas d'armes clairement visibles, mais je ne doutais pas qu'un ou deux snipers étaient occupés à surveiller notre progression à l'heure actuelle.
Nous arrivâmes finalement à hauteurs des deux humains, qui nous fixaient droit dans les yeux, particulièrement Vinna que je sentais en train de céder peu à peu. C'est l'homme qui parla.

-Bien, comme vous le voyez je suis là en personne.

En personne ? S'agissait-il du fameux Kolrath ? Possible, mais ça me paraissait gros. Un test pour voir si nous essaierions de nous débarrasser de lui ? Primaire et inutile. Non, s'il mentait, il devait y avoir autre chose derrière.

-Où est ma sœur ? Demanda Vinna d'une voix inquiète, les larmes aux yeux.
-Du calme, vous ne la verrez pas en personne, toutefois...

Il fit pivoter la mallette et l'ouvrit, révélant un écran holographique sur lequel on pouvait voir une jeune asari, facilement identifiable par ses traits et ses vêtements, qui était attachée, les yeux bandées. J'enregistrai autant de détails que possible, mais notre interlocuteur referma vite la mallette.

-Bien, maintenant que vous êtes plus ou moins rassuré, nous allons vous expliquer les termes de notre accord. Noémie tu veux bien...

La jeune femme rousse sortit une enveloppe et nous la tendit, je la récupérai et l'ouvrit, sortit une feuille juste assez pour voir le nom de l'en-tête, puis le montrait à Marcus et Vinna.

-Comme vous le voyez il s'agit d'un communiqué officiel de Devlon Industries, indiquant la mise au point de nouvelles armures de combats qui contiendraient une ''technologie révolutionnaire''. Si vous voulez revoir votre amie vivante, il va falloir nous en ramener un échantillon.
-Vous n'avez personne de plus qualifié à votre service ?
-Nous sommes des combattants, des guerriers, pas de vulgaires voleurs ! Rétorqua l'homme en se levant.
-Dans ce cas pourquoi les voler ?
-Faites attention, un seul appel de ma part et...
-Vous perdez votre précieuse monnaie d'échange ? Vous ne vous êtes pas donnés tant de mal pour rien quand même ?

Je soutins son regard à travers les épais verres noirs. Dans ce genre de situation, il ne fallait pas se laisser marcher sur les pieds, c'était la loi du plus fort et il valait mieux trop en faire que pas assez, sinon on se faisait bouffer.
De plus j'avais raison, tant qu'ils n'auraient pas les armures, ces types de feraient rien à Merya, trop précieuse. C'était après que cela allait se gâter.
La femme reprit après que l'homme se fut rassit.

-L'enveloppe contient des informations importantes, et vous serez surveillés à distance par une de nos équipes, n'essayez pas de les semer, et encore moins de les attaquer, est-ce clair ?

Seul le silence lui répondit. Ce fut l'homme qui clôt la discussion.

-Bien, vous avez jusqu'à demain même heure pour nous ramener ces armures, après quoi, Merya vous reviendra... un morceau à la fois.

Ils se levèrent d'un seul mouvement et nous laissèrent planter là, s'éloignant à grand pas. Je scrutai les alentours et repérai un groupe de cinq hommes à l'autre bout du parc, qui nous scrutaient avec insistance. Apparemment, la surveillance commençait maintenant.

Bien sûr nous partîmes vers le fameux lieu de rendez-vous. On avais pas trente six possibilités dans tout les cas. À nouveau en taxi, jusqu'à ce bout de verdure pour couche social favorisé où nous attendait patiemment nos deux contacts, assis sur des bancs. Des humains, encore, un homme athlétique et une très jolie rousse, aussi chaleureuse que le vide extragalactique. Ils avaient l'air à la fois capables et efficaces. Mauvais cocktail pour des adversaires. Je commençais à regarder autour de moi pour repérer les éventuels snipers et autres. Je repérais un reflet suspect sur un balcon à environ cinquante mètres, mais ce fut tout. Visiblement les tireurs d'élites devaient connaître leur affaire. Un groupe de gros bras attroupé au loin faisait tellement peu d'effort pour ne pas ressembler à une troupe de gros bras que c'était plus un message clair nous disant nous menons le débat. Nous arrivâmes devant le couple d'humains assis. Les premières parole du gars me laissèrent dubitatif.

-Bien, comme vous le voyez je suis là en personne.

Et ? Tu es qui au final ? Kolrath ? Un commanditaire ? Si c'était réellement l'homme en charge de cet enlèvement cela révélait une confiance absolue et peut-être fatale en ses subordonnés. Sinon et bien cela ne voulais rien dire de particulier. En général dans ce genre d'affaire, quand on a le choix, on ne se présente pas en personne, on télécommande les choses de loin. Sauf si la personne en question était un homme de terrain, auquel cas ça pourrai coller. Sauf que mes tripes disaient que ça collait pas.

Nous pûmes voir une vidéo de Merya. Bon point, elle avait un bandeau sur les yeux, ce qui laissait au moins un doute sur le fait que les ravisseurs la laisse peut-être en vie si ils obtenaient ce qu'ils voulaient, ce qui était mieux que rien. Ceci fait, on passa directement au vif du sujet. Super, on nous ''proposait'' de faire un vol de technologie. De nouvelles armures pour les troufion, ou peut-être plus de crédit après la vente des secrets technologique pour la légion. Dans touts les cas c'était révélateur du manque de moyens et d'appuis des petits gars de Kolrath. Sans doutes des gens relativement nouveau sur le marché des soldats de fortune. Ou alors ce service obligatoire qu'ils nous demandaient cachait autre chose encore. Appelez moi paranoïaque si vous le voulez, mais en absence d'information certaine sur l'ennemi, l'imaginer plus intelligent que vous était souvent le meilleur moyen d'éviter les mauvaises surprises.

L'enveloppe contenait en effet des informations complémentaires. Rondes de garde et leur horaires de relève, types de sécurité externe, plan d'organisation des caméras, description des pièces d'armures, et zone présumée où seront entreposés lesdites pièces. C'était un foutu bunker ma parole, en plein dans la citadelle! Du reste, ils étaient mignons nos cher ''clients'', mais leur informations importantes étaient utiles en cas d'assaut violent et lourd, par pour se la jouer roi de la cambriole. Et je pense qu'ils le savaient. Pas de plan interne des dispositifs de sécurités, rien sur le système de contremesure logiciel, pas de passe de sécurité ….

Une deadline de vingt quatre heures …. plus pour mettre la pression qu'autre chose. Cambrioler une grosse industrie pour voler de la technologie de pointe prendrait dans touts les cas plus de temps, du coup nous serons obliger de supplier pour des rallonges de temps, nous laissant à dessein psychologiquement redevable. Et limiter les possibilités pour nous de prendre la main dans les négociations. Avoir des chaperons sur le dos sans arrêt pouvait se révéler gênant pour la réussite de la mission, mais pouvait se révéler aussi une forme de pression psychologique à notre avantage si bien utilisés. Le cambriolage dans touts les cas devait réussir si nous voulions avoir un moyen de pression sur les ravisseurs. Il fallait mettre au point un plan d'action et se reposer.

Je me tournais vers mes compagnons, un sourire sadique aux lèvres.

-Faut qu'on discute touts les trois, et je connais le meilleur endroit pour une conversation posée et agréable.

Je me tournais vers la meute de gorilles, leur fit un signe du bras leur intiment de nous suivre, et me mis en marche. Une rapide recherche sur mon Omni-Tool me permis de trouver l'endroit idéal. Cinq minutes plus tard, nous nous trouvions en face d'une boite de nuit quelconque. Les basses, agressives, difficilement assourdies, perçaient à travers les multiples portes. Nous prîmes une table. Parler en boite tenait de l'exercice d'endurance vocal, du déchiffrement, et de la torture auditive. Mais c'était là tout l'intérêt. À plus de vingt centimètres de la bouche de l'interlocuteur, il était impossible de capter quoi que ce soit, même avec du matériel high tech, et lire sur les lèvres, contrairement à ce que disaient les holofilms, n'était certainement pas une science exact, loin de là même, puisqu'il fallait pouvoir entendre de manière ne serait-ce que fragmentaire pour pouvoir corréler ce que l'on lisait sur les lèvres, surtout quand plusieurs langages étaient en jeu.

Ils étaient mignons nos chaperons, debout, dans l'atmosphère surchauffée, complètement hors contexte dans ce paysage. La boite en elle même était le clone de nombreuses autres que l'on pouvait voir dans la Citadelle, avec un bar, une piste de danse, quelques rares tables, des toilettes, et cette pseudo décoration à la mode qui enlevait tout charme à l'endroit. En temps normal, je me serais pris un bon petit whisky, et je me serais calé confortablement pour observer les jolies demoiselles humaines et asaris onduler sur la piste de danse. Mais le temps n'était pas à la boisson et à la contemplation. Je me penchais vers mes deux compagnons d'infortunes.

-Il nous faut un plan d'action, sinon on y arrivera jamais. Tout d'abord quelqu'un reste en permanence proche de vous Vinna, même si apparemment vous kidnapper ne fait pas parti de leur plan, je pense que personne ne veut mettre cette hypothèse à l'épreuve. Nous devons en même temps nous renseigner sur Devlon Industries en général, sur le lieu où il pourrait garder, les sécurités, avoir un plan d'évasion et d'extraction. Je peux m'en charger si vous voulez. Il nous faut aussi savoir à qui nous avons affaire, qui est cette Legion de Kolrath. Peut-être pourrais-tu trouver quelque chose par des voies, disons, administratives, Loky, fis-je avec un sourire sardonique. Enfin nos chaperon. On doit les épuiser, les mettre sur les nerfs, mais sans jamais essayer de les semer. Lorsque tout se décidera, ils devront être proche de la crise de nerf, voir brisés moralement. Pour cela il faut les maintenir au moins en partie en mouvement, pour qu'ils ne puissent jamais se reposer. Par contre nous devrons être aussi frais et dispo que possible.

Je n'avais rien de plus à rajouter, et je ne voyais rien de mieux comme plan, mais c'est avec curiosité et espoir que je me tournais vers le drell et l'asari en leur demandant :

-Si vous avez un meilleur plan, des suggestions ou des idées, je suis tout ouïe.

Cette situation était loin d'être idéale. Enfin, comparé à ce qui s'était passé depuis le début, on s'en tirait pas trop mal, au moins on savait où et par qui Merya était retenue. Ce qui constituait déjà un avancement en soit.
Marcus nous entraîna, Vinna, moi et l'équipe de gros bras, dans une boîte de nuits. Bon choix pour éviter d'être espionné, mais énervé nos bergers pourrait être à double tranchant.
Une fois installé, nos surveillant à quelques tables de nous -ils ne devaient pas réellement s'intéresser à ce que nous disions, sinon ils seraient venus à notre table, après tout qui les en aurait empêché- Marcus commença à exposer son plan.

-Il nous faut un plan d'action, sinon on y arrivera jamais. Tout d'abord quelqu'un reste en permanence proche de vous Vinna, même si apparemment vous kidnapper ne fait pas parti de leur plan, je pense que personne ne veut mettre cette hypothèse à l'épreuve. Nous devons en même temps nous renseigner sur Devlon Industries en général, sur le lieu où il pourrait garder, les sécurités, avoir un plan d'évasion et d'extraction. Je peux m'en charger si vous voulez. Il nous faut aussi savoir à qui nous avons affaire, qui est cette Légion de Kolrath. Peut-être pourrais-tu trouver quelque chose par des voies, disons, administratives, Loky. Enfin nos chaperon. On doit les épuiser, les mettre sur les nerfs, mais sans jamais essayer de les semer. Lorsque tout se décidera, ils devront être proche de la crise de nerf, voir brisés moralement. Pour cela il faut les maintenir au moins en partie en mouvement, pour qu'ils ne puissent jamais se reposer. Par contre nous devrons être aussi frais et dispo que possible.

Pff, le renseignements, ce que je pouvais détester ce genre de truc. Mais bon, il avait raison, je disposai d'un accès privilégié à toutes les banques de données du SSC -pas tout à fait légal l'accès mais bon- et ils devaient bien avoir quelques trucs dessus.
Par contre je n'avais pas établis la connexion sur mon omni-tech, seulement mon ordinateur fixe, histoire d'éviter que de possibles renseignements soient interceptés en cours de mission. Bien sur je pouvais accéder à mon ordinateur à distance mais cela me fournirait une bonne excuse si besoin est pour récupérer quelques trucs chez moi -et moins nos ennemis en saurai mieux se serais.

-Je devrais pouvoir nous apporter quelques renseignements par cette voie en effet, mais je vais avoir besoin de passer par mon appartement. Je vous retrouve ici ?

Après avoir pris connaissance de la réponse, je quittai la boîte de nuit et pris un taxi. Je vis distraitement dans le rétroviseur deux des gros bras me suivre, les autres devaient surveiller Marcus et Vinna.
En quelques minutes j'étais arrivé à mon immeuble et je m'y engouffrai rapidement, sans toutefois paraître pressé ou quoique ce soit. Le but était de faire courir ceux qui me suivaient, pas de les semer.

Dès que je pus atteindre la sécurité relative de mon chez moi, je m'affalai sur le siège face à mon ordinateur et l'allumai rapidement. Quelques manipulations plus tard, je naviguais dans les bases de données du SSC et lançai une recherche sur cette fameuse Légion de Kolrath.
Rien de bien concluant au premier abord. Ceci dit, je trouvais quelques dossiers après avoir poussé la recherche. Des dossiers venant de la Terre. Après quelques piratages simples, je les consultai à loisir. Apparemment, il s'agissait d'un groupe paramilitaire à la réputation sulfureuse. Ils auraient trempés dans pas mal d'affaires louches, et leur chef, le dénommé Kolrath, n'aurait jamais été clairement identifié.

Cantonnés à la Terre jusqu'à il y a peu, il semblerait qu'ils se soient exportés vers la Citadelle, malgré ce que l'on pense être des tendances xénophobes. Les autorités n'ont en effet jamais connus de membres extraterrestre dans leurs rangs, même si leur collaborateurs sont sans doute variés.
En résumé une compagnie relativement nouvelle sur le dur marché du mercenariat à la Citadelle. Ils devaient savoir se montrer discret pour n'avoir pas été inquiétés une seule fois par le SSC, d'habitude celui-ci est prompt à arrêter les organismes de ce genre sous n'importe quel prétexte, les mercenaires sont mal aimés. Et apparemment ceux-ci étaient tout à fait le genre de raclure que je n'appréciais pas plus.

Bon, j'avais plus ou moins épuisés les renseignements officiels, je pouvais rejoindre Marcus et Vinna maintenant, ou bien tenter quelques autres sources d'informations. Bien décidé à en apprendre un maximum, j'optai pour la deuxième solution.
Désireux de me préparer davantage à un éventuel combat, je me dirigeai vers ma chambre pour m'équiper un peu plus lourdement. Une ceinture équipé de poches électriques semblables à celles de mon armure vint s'ajouter, et je changeai de manteau pour en adopter un pourvut d'une barrière cinétique mineure. Le bouclier que pouvait générer mon omni-tech était trop limité en cas de véritable engagement, tout au plus habileté à stopper une seule rafale. Et enfin je m'équipai d'une autre mitraillette Tempête, et tant pis pour mes restrictions d'armes en civil.

Je ressortis de mon appartement, constatant avec satisfaction que les gros bras me suivaient toujours, et quittai rapidement l'immeuble avant de prendre un nouveau taxis en direction des secteurs inférieurs.

J'y arrivai rapidement et descendis du taxi sans prendre garde à celui qui se posait derrière moi. La foule dans ces quartiers était compacte, et suivre quelqu'un relevait de l'exploit. Alors suivre quelqu'un qui allait vite. Je me pressai, juste assez pour les maintenir tendus, sans jamais trop m'éloigner, disparaissant tout au plus quelques secondes.
Je les observais du coin de l’œil et le spectacle était assez hilarant. Néanmoins je n'avais pas de temps à perdre, l'heure tournait et, même si je doutais de la menace de notre commanditaire, je préférais me hâter autant que possible.

Je m'éloignais un peu des rues fréquentées, en même temps que je ralentissais l'allure. Je n'étais jamais venus ici, mais on m'avait fournis l'adresse de ce contact comme étant fiable. Le quartier était assez pauvre, les rues mal entretenues étaient moins fréquentées. On n'atteignait pas le niveau de certains ghettos spatiaux -qui a dit Oméga?- mais l'endroit avait une atmosphère inquiétante et mal famée.
Je me déplaçais selon les indications que l'on m'avais fournis, un autre agent drell plus vieux que moi, ayant plus d'expérience de la Citadelle. Dans ce genre de métiers, connaître les bonnes personnes s'avérait souvent capital, et j'essayai d'accumuler autant de contacts fiables que possible.

Finalement j'entrais dans une ruelle déserte, seule une vitrine à quelques mètres de l'entrée semblait montrer trace d'activité, éclairant toute la rue de sa lumière chaude. C'était un magasin de différentes ferrailles et autres objets recyclés. Il était dirigé par un galarien expert en mécanique, mais ce n'était pas vraiment lui qui m'intéressais actuellement -bien qu'il soit très doué pour construire différents modèles pas très légaux de ce que j'en sais.

Je rentrais dans la petite boutique encombrée et sale. Le galarien était vautré dans un vieux fauteuil, regardant un vieux holofilm à l'aide d'un projecteur monté de toute pièce. Il se tourna en m'entendant approcher.

-Fjama ?

Il me désigna d'un doigt une porte un peu sur ma gauche et je m'y engageai, montant aussitôt un escalier étroit et raide. Les gros bras devaient probablement m'attendre dehors, de toute façon c'est bâtisse pauvres n'avaient souvent pas de sorties de secours.
J'arrivais sur un palier miteux où se trouvait trois portes. Deux d'entre elles étaient défoncées et donnaient sur des appartements en ruine. Comme l'escalier qui montait encore avait apparemment été détruits, je décidai de toquer à la troisième porte, qui s'ouvrit avant que je n'ai eu le temps de le faire, révélant une turienne que même avec ma nature reptilienne j'avais du mal à ne pas trouver laide. Sans doute dus à la balafre ignoble qui courait sur la moitié de son visage.

Sans un mot elle me fit signe d'entrer et me guida dans l'appartement, plutôt bien entretenu compte tenus du quartier. Elle me fit asseoir sur un fauteuil assez confortable et s'assit en face de moi.

-Alors, qu'est-ce que tu veux savoir ?
-La Légion de Kolrath, j'aimerais des informations. Tout ce que vous pouvez me donner.
-Tu as de quoi payer j'espère ? Ça te fera deux milles crédits, la moitié payée en avance.
-Très bien -j'activai rapidement mon omni-tech et effectuait le transfert. Alors ?
-Ces gars là sont pas très connus, il restent assez discrets. Mais y a pas grand chose qui peut m'échapper dans le domaine des gangs.
-Je croyais que c'étaient des mercenaires ?
-Ouais, et les Soleils Bleus aussi tant qu'on y est ! Ils se nomment mercenaires uniquement parce qu'ils se sont pas encore fait virer de l'espace concilien, mais ils n'ont rien de véritables professionnels. Ils n'exécutent que les missions faciles et lucratives, du genre tabasser un mauvais payeur, et s’assoient sur tout semblant de loi. Leur chef se cache derrière un honneur inexistant, c'est une engeance à exterminer, c'est moi qui te le dis.
-Et à part ça ?
-Je sais qu'ils se sont installés dans les secteurs inférieurs, mais pas plus précisément, ils semblent s'être répartis sur plusieurs lieux différents. Pour passer inaperçu se sont des pros, même si on ne le dirais pas au vu des balourds que tu te trimbales -elle esquissa un sourire. Au dernière nouvelles on dis qu'ils sont sur un gros coup, embauchés par quelqu'un de très important.
-Il me faut plus que du ''on dis que''.
-Leur chef et son assistante ont été plusieurs fois vus dans le Présidium, et de nombreux hommes à eux se sont installés dans les quartiers industriels plus chics, là où l'on trouve le siège de grandes firmes galactiques. Nul doute qu'ils sont employés par une grosse tête.
-Des informations plus précises ?
-Cinq cents crédit de plus. Et encore, c'est parce que c'est juste des rumeurs et que j'en ai deux qui se valent au niveau de la fiabilité.

J'effectuai le virement et elle se pencha en avant, chuchotant presque la suite.

-Bon, voilà ce qui se dit dans le milieu. On murmure deux noms : Elkoss Combine et Devlon Industries. C'est tout ce que j'ai, et c'est pas au delà de la simple rumeur.

Devlon Industries ? Peut-être une simple coïncidence, ou ce que les gangers ont pris pour un employeur était en fait une cible mais... c'est gros quand même, peut-être un peu trop gros.

-Merci bien -dis-je tout en effectuant le reste du paiement. Adieu, et portez-vous bien.
-C'est plutôt pour toi que tu devrais t'inquiéter.

Je m'arrêtai quelques instants et la fixait, elle semblait m'observer d'un air moqueur.

-Je peux emprunter la fenêtre ?

La moue d'incompréhension qui traversa son visage est encore l'un de mes meilleur souvenirs, et je n'attendis pas de réponse avant de me diriger vers la-dite fenêtre, de l'ouvrir et de sauter dans la rue pour atterrir juste derrière les deux gros bras qui observaient la vitrine et jetaient de temps en temps des coups d’œils discrets à la façade.
Ils se retournèrent brusquement en braquant leur armes. Ils étaient tendus, et cela se voyait. Sans leur accorder d'attention je rebroussai chemin et me dirigeai vers la première gare de taxi possible -ce qui était déjà assez loin- et pris un taxi, indiquant au chauffeur l'adresse où Marcus et Vinna m'avaient dis de les retrouver. Il fallait que je les mette au courant de ce que je savais, même si ce n'était pas foncièrement engageant.

Aucune objection ou autre idée ne venant s'ajouter à ce que j'avais dit, nous nous mîmes en action. Je donnais l'adresse du lieu de rendez-vous à Loky, qui parti sans attendre. Vinna posa sur moi un regard suspicieux en me demandant :

-Marcus, d'où est-ce que je connais cette adresse ?

Ma seule réponse fut un sourire énigmatique, et sans lui laisser le temps de poser d'autres question, je me levais de la chaise. En passant à coté de nos chaperons, je beuglais :

-Aller les filles, il est temps de passer aux choses sérieuses !

J'entendis derrière moi des raclement des chaises et des insultes à mon égard ma foi fort imagées. Nous primes un taxi qui nous amena vers notre destination et nouveau quartier général. À la vue du bâtiment, Vinna me fixa d'un air menaçant. Je secouais la tête avec un léger sourire.

-Non ne t'inquiète pas, je n'envisage rien.

Les Soies Bleues était un bâtiment assez particulier. S'élevant sur plusieurs étages, c'était un lieu où tout les aspects des plaisirs sensoriels était mis à l'honneur. Plaisirs culinaires avec un restaurant gastronomique, plaisir auditifs avec des salons où venaient se produire en petits comités les groupes à la mode, des expositions d'œuvre d'art, des petits jardin intérieurs, tout les aspects étaient pris en compte. Tous. Car ce qui faisait la célébrité de ce lieu était une partie bien précise appelée les Abysses Azurés -si vous aviez encore un doute, et bien oui, ce lieu avait été ouvert part des asaris- où les couples en touts genre et autres personnes ayant un certain type précis d'esprit d'aventure venaient s'engouffrer dans un mélange de chocs culturels et d'érotisme. Si le lieu n'avait ni la sophistication, ni l'élitisme de la fameuse Sha'ira la Favorite et de ses ''employées'', il n'en restait pas moins que les vingt quatre heures à venir risquaient de faire mal à mon compte en banque …

Une asari et une humaine se tenaient dans l'antichambre des Abysses, derrière un bureau. Elles nous accueillirent avec un sourire charmant, même si je sentais que Vinna était bien plus, et de loin, le centre de leur attention que moi.

-Bonjour mesdemoiselles, je suis Humphrey Bogart, et voici la délicieuse Audrey Hepburn. Nous voudrions une loge, s'il vous plait, pour trois personnes, notre compagnon, Clint Eastwood, leur dis-je en leur montrant une photo de Loky, nous rejoindra dans un petit moment.

Les yeux des deux jolies créatures se mirent à pétiller, je ne sais trop comment, sachant qu'elle avaient du voir tout et n'importe quoi arriver devant ce comptoir. Elles ne s'étonnèrent pas de l'utilisation grossière des noms d'empreint, une bonne part des clients avait au fond un certain désir de laisser leur visite des Abysses inconnue de certains. L'asari me demanda, d'une voix à la fois incroyablement douce, sophistiquée et sensuelle, pendant combien de temps nous comptions rester. La somme pour les vingt quatre heures était en effet douloureusement élevé, mais je la payais sans montrer que cela équivalait à un suicide financier. Elle nous donna à chacun une carte magnétique, et nous souhaita un agréable séjour.

Alors que nous sortions de l'antichambre, nous entendîmes les deux réceptionnistes saluer joyeusement nos trois gorilles de compagnie. La voix de l'humaine, joyeuse et entraînante, résonna dans la pièce.

-Que pouvons nous faire pour vous messieurs ?

-Heuuuuu …

En regardant derrière mon épaule, je vis les membres de notre ''escorte'' nous fusiller du regard.

-Nous avons de nombreux services à vous proposer. Par exemple vous pouvez assister à la prestation de nos fameuses danseuses, dans nos salons vous pourrez rencontrer de nouvelles personnes, nos ….

-La même chose qu'eux !, fis l'un d'eux visiblement plus prude que je ne l'imaginais.

-Oh, le salon privatif tout confort. Bien sûr ! Pour trois personnes donc ?

-Heu, non, deux de nos col'… amis vont nous rejoindre.

-Bien je vous fait le tarif de groupe alors. Voulez vous un supplément comme des huiles de massage ou des accessoires en plus ?

-Quoi ?! Mais nous ne somme pas, enfin on est pas ….

-Je ne voulais rien insinuer monsieur.

Vinna éclata d'un rire charmant, et me fis remarquer gentiment que j'avais vraiment des idées tordues. Je ne put que prendre un air faussement coupable, alors que nous nous avancions vers notre destination. Les Abysses étaient un lieu aussi cosmopolite que vous pourriez l'imaginer, et des nombreuses curiosités que j'entraperçus sur mon chemin, j'en tairais la plus grande partie. Malgré tout, je fus très amusé lorsque nous traversâmes une pièce assez particulière où des volus survoltés fixaient avec une attention dévorante un ensemble de caissons disposés contre les murs. Dans ces fameux caissons, on pouvais deviner, lorsque les vapeurs de méthane le permettaient, des petites silhouettes courtaudes danser lascivement. Je n'avais jamais aperçu avant des volus nus. Si cela ne tenait qu'à moi, ce sera sans doute l'une des dernières fois. Sans compter que le concerts des inspirations sifflantes de ces petits bonshommes, en pleine hyperventilation car visiblement très excités par ce spectacle, était à mes pauvres oreilles d'humain une véritable torture.

En tendant l'oreille, j'entendis les trois mercenaires pester bruyamment. Apparemment ils avaient du payer de leur poche l'entrée dans ce lieu de débauche. Au moins je ne serai pas le seul à en souffrir financièrement. Maigre consolation, mais consolation tout de même. Nous trouvâmes enfin notre petit salon privé, qui tenait presque lieu du petit appartement, avec un très grand lit, salle d'eau, console extranet, etc … Je remarquais que le petit nid d'amour de nos chaperons se trouvait à une quinzaine de mètres tout au plus.

La décoration était à la fois chaleureuse et ma fois assez romantique. Malheureusement l'heure n'était pas au romantisme, même si la demoiselle était ma foi fort charmante. Je lui intimais de se reposer pendant que je m'activais sur la console extranet, ce qu'elle accepta de mauvais cœur, et c'était parfaitement compréhensible. Rester inactif dans ce genre de situation tenait de la torture, mais je tenais à ce qu'elle puisse un temps soi peu récupérer de ses émotions, et évacuer au moins en partie la tension qui l'habitait. Je commençais à accumuler des informations sur Devlon Industries, leur historique, évolution des actions, faits divers, scandales, bruits de couloir et autres rumeurs naviguant sur le réseau.

Soudain j'eus une inspiration à propos de nos gardes du corps. Appelez ça un trait de génie ou une idée tordue si vous voulez, appelons ça un trait de génie tordu. La console extranet servait aussi de réseau interne aux Abysses Azurés, permettant entre autre de passer des commandes pour des services en plus. Pirater la console du salon des mercenaires me prit une bonne demi heure, mais une fois que cela fut fait, je pu rigoler un bon coup en modifiant ma voix et mon apparence via un petit programme.

-Oui la réception ? Nous voudrions s'il vous plait trois caisses de vin de Serrice, et un double supplément hanar aussi si vous avez. Un scénario est possible ? … Nous prendrons l'invasion tentaculaire et conversion musclée. Merci beaucoup … D'ici une heure et demi, deux heures ... Oui, vous pouvez rajouter ça sur notre note, merci !

Après ce petit tour, je me remis au travail, attendant le retour de Clint Eastwood.

Une fois assis dans le taxi je regardais l'adresse que m'avais donné Marcus et ne pouvais m'empêcher de me demander ce que ce type avait dans la tête. S'il voulait passer du bon temps avec Vinna il y avait moins cher, surtout que je doute que celle-ci soit très réceptive. Je savais que, comme tout types de mâles, les hommes pensaient parfois avec leur sexe mais là ça semblait abusif.

Les Soies Bleues, le summum de la détente et du luxe dans les secteurs. Le présidium devait abriter bien mieux, mais aussi bien plus chers. Ça me rappelait qu'il fallait que j'économise encore deux ou trois mois avant de pouvoir m'offrir un rendez-vous avec la Favorite -en sachant que je comptais les économies de mes trois dernières années de travail dans le calcul. Que voulez-vous, je suis curieux et il paraît que sa compagnie est divine...

Quoiqu'il en soit je reportais mon attention sur l'endroit où Marcus m'avait donné rendez-vous, un haut lieu des arts et des plaisirs sous toutes leurs formes. Et oui, je considère la prostitution comme une forme d'art pour peu que l'on y mette du talent. Ce qui n'empêchait pas mon sens artistique d'être quasi-nul, et je ne pouvais qu'appréhender ce qu'avait préparer Marcus, et peut-être Vinna.

Le taxi me déposait à l'entrée du bâtiment, un grand immeuble d'apparence assez quelconque, seuls les nombreuses lumières, provenant des fenêtres ou des néons, le distinguaient de la masse de bâtiments des alentours. Le nom, pour sa part, n'était inscrit que sur un petit panneau holographique à l'entrée principale.
Le fait est que cet endroit se connaît surtout par le bouche-à-oreille, tout le monde en avait entendus parler au moins une fois et cela suffisait à lui assurer une clientèle nombreuse.

J'entrai dans le bâtiment et prit un ascenseur, pressant le bouton des Abysses Azurées. Les deux gorilles qui me suivaient se ruèrent avec moi dans la cabine avant que les portes ne se ferment, sans que j'esquisse le moindre geste. Je n'allai pas leur faire le plaisir de s'écarter, et celui qui essaya de me pousser d'un coup d'épaule se prit lui-même le mur lorsqu'il dévia de sa course, tandis que je ne bougeais pas.
Notre musculature plus dense que celle des autres espèces était vraiment une bénédiction, pour l'effet de surprise ou juste une ''farce'' c'était très utile.

Nous arrivions finalement à l'accueil des Abysses Azurés, l'étage de tous les plaisirs charnels où m'avait donné rendez-vous Marcus. Une asari et une humaine -chacune comptant parmi les sexe-symbole de leur race respectives, qui elles-même comptaient parmi les sexe-symbole de la galaxie- nous accueillirent. Mes deux gorilles devaient me suivre d'un peu trop près car elles tirèrent quelques conclusions... hâtives.

-Messieurs, ravis de vous accueillir, désirez-vous une chambre pour trois ? Et peut-être quelques rafraîchissements ? Nous pouvons également vous proposez différents scénarios pour vos divertissements...

Généralement, lorsque je me sentais offensé à ce point, je le prenais à la rigolade. Cette fois-ci ne fit pas exception. Adoptant un ton faussement autoritaire, je m'exclamais.

-Mesdemoiselles, je suis outré !

Le ton de ma voix attira l'attention de toutes les personnes assez proches pour l'entendre, dont une asari qui semblait bien plus vieille -sans rien perdre de ses magnifiques atouts- et qui lança aux deux hôtesses un regard lourd.

-Euh... excusez-nous monsieur, nous pensions que vous étiez de cette catégorie...
-Ce n'est pas ça qui me gêne. Il est vrai qu'il est tout à fait possible de soupçonner un mâle aussi viril que moi de ''labourer dans l'autre sens'', mais croire que je traîne avec de telles loques -dis-je en désignant de la main les deux soldats qui affichaient des mines incrédules- c'est plus que ce que je ne peux en supporter !

L'effet escompté se produisit. Les deux jeunes femmes laissèrent échapper des rires charmants bien que retenus tandis que la plupart des clients et employés aux alentour regardèrent la scène, discrètement amusé ou en train de rire aux éclats. Quant aux gorilles, ils ne savaient plus où se mettre et je vis clairement la lueur meurtrière dans l’œil de l'un.
J'aurais adoré qu'il passe à l'action, mais finalement c'est sans doute mieux qu'il n'ai rien fait. Une fois les hôtesses calmés et tandis que les clients revenaient à leur activité normale, je m'appuyai sur le comptoir et continuait à voix plus modérée.

-Plus sérieusement, je suis ici pour retrouver deux personnes, une jeune asari et un humain, qui devraient être arrivé il y a peu.

Je savais bien que Marcus m'avais donné les noms qu'il emprunteraient, et celui qu'il me donnerait, mais je les avais oubliés.

-Monsieur Eastwood ?
-Exactement -dis-je alors que les noms me revenaient en tête- Clint Eastwood, et je cherche monsieur Bogart et mademoiselle Hepburn.
-Ils vous attendent dans un salon privé plus loin.

Elle m'indiqua le numéro et de brèves indication, puis je la saluai en m'éloignant. J'entendis également les renseignements que la jeune humaine donnait à mes deux surveillants.

-Oui, ils vous attendent dans un salon, suivez les deux hanaris transportant des bouteilles de vin là-bas, ils vous y mèneront directement.

Je ne comprenais pas vraiment pourquoi nos pisteurs avaient commandés ceci, mais j'imaginai ans problème que ce n'était peut-être pas totalement de leur fait.

En chemin je pus prendre un ver d'alcool sur un plateau en libre service que tenait une ravissante asari. Je jetai des coups d’œils furtifs dans les salons publics où de lascives danseuses exposaient leur courbes à des membres de toutes races pas forcément occupé uniquement à regarder le spectacle.
D'ailleurs certains offraient justement un spectacle bizarre. Je ne sais pas ce qui est plus glauque entre un couple de turiens occupés à des massages érotiques et une jeune asari soumise aux délires d'un couple d'hanaris très échauffés.
A la réflexion, ça doit être le salon de strip-tease pour volus qui m'a le plus marqué, et pas seulement parce que j'ai faillis asperger l'ensemble de la salle d'une bonne gorgée d'un alcool de premier choix quand j’eus compris la nature du spectacle.

Après quelques autres péripéties et spectacles étranges -même si la plupart des scènes que j'ai pu entrapercevoir restait assez classique et au combien attirante, comme ces deux asaris dans leur bain à bulles- j'arrivais au niveau du salon qu'étaient censé occuper Vinna et Marcus.
Mon verre étant vide, j'en attrapais un autre sur un plateau à proximité. Et mes restriction d'alcool ? Et bien, les occasions de goûter de tels nectars sont suffisamment rares pour que je m'en prive. Surtout si c'était offert.
J'entrais dans la petite... heu... immense pièce où je trouvait Marcus affairé à une console extranet et Vinna affalée sur le lit, visiblement inquiète malgré sa position décontracté. Bon, au moins je les retrouvais pas tous les deux sur le lit. Pas que ça me dérangerait en soit, mais je m'en voudrais de les interrompre.

-Me revoilà, vous avez appris de nouvelles choses ? Tant que j'y pense, si en sortant vous entendez une remarque concernant le drell particulièrement viril... oubliez-là.

J'attendais que Marcus m'explique ce qu'il avait trouvé sur Devlon, puis je fis un résumé de mes propres informations.

-C'est un gang qui vient de la Terre, et je dis gang car nous pouvons partir du principe qu'ils ne respectent aucune loi. On ne connaît pas grand chose de leur chef, le dénommé Kolrath, mais je pense que c'est un homme de terrain, peut-être celui à qui nous avons parlé. Ils avaient déjà une réputation sulfureuse sur Terre, et se montrent particulièrement discret ici. Ils sont bien organisés et assez entraînés pour s'être fait une place sur le marché du mercenariat.
D'après des rumeurs, ils seraient même engagés par un gros bonnet d'une entreprise galactique, mais je sais pas si c'est Elkoss Combine ou... Devlon Industries.

J'attendis que Marcus réfléchisse à tout ce que je venais de dire, et mon cerveau tournait également à plein régime. De même que celui de Vinna qui s'était redressée, apparemment heureuse de pouvoir se creuser les méninges au lieu d'attendre.

Loky entra enfin dans la pièce. Il semblait presque soulagé en me voyant en train de bucher sur ma console extranet. Ne me dite pas que … ? Il pensait sincèrement que j'allais profiter de la situation ? Je veux dire j'ai sans doute un esprit tordu, en effet, mais même moi j'ai mes limites !

-Me revoilà, vous avez appris de nouvelles choses ? Tant que j'y pense, si en sortant vous entendez une remarque concernant le drell particulièrement viril... oubliez-là.

Je levais un sourcil à la mention du drell viril. Je savais que du fait de leur rareté même, au delà de la beauté que l'on pouvait leur trouver, les membres de son espèces étaient relativement courtisés. Malgré tout je m'exécutais.

-Beaucoup de rumeurs, la plus grande part sans le moindre fondements véritables. Néanmoins si on regarde les actions et les avoirs de la compagnie, on voit qu'elle était en difficulté jusqu'à il y a peu. Parmi les choses qui l'ont stabilisée dernièrement, on voit surtout des annonces de mise sur le marché très prochainement de nouvelles technologie. Après c'est une grosse entreprise, elle ne laissera pas des informations sensibles filtrer sur le réseau extranet plus longtemps que quelques secondes. Il va falloir que j'aille au bunker sous une couverture si je veux en apprendre plus. Et de ton coté, Loki, du nouveau sur la Légion de Kolrath ?

Le drell avait, je devais bien l'avouer, été largement plus productif que moi.

-C'est un gang qui vient de la Terre, et je dis gang car nous pouvons partir du principe qu'ils ne respectent aucune loi. On ne connaît pas grand chose de leur chef, le dénommé Kolrath, mais je pense que c'est un homme de terrain, peut-être celui à qui nous avons parlé. Ils avaient déjà une réputation sulfureuse sur Terre, et se montrent particulièrement discret ici. Ils sont bien organisés et assez entraînés pour s'être fait une place sur le marché du mercenariat.
D'après des rumeurs, ils seraient même engagés par un gros bonnet d'une entreprise galactique, mais je sais pas si c'est Elkoss Combine ou... Devlon Industries.

Je me redressais lentement sur le dossier de la chaise, les mains sur les tempes. Elkoss Combine ou Devlon Industries ….. Les deux auraient de bonnes raisons de faire un tel coup.

-C'est soit l'un ou soit l'autre, mais lequel ?, fis-je avec un soupir las.

-Pourquoi pas les deux ?, fis avec un haussement d'épaule Vinna.

J'ouvris la bouche pour la refermer aussitôt. Elle avait raison, on ne pouvais ne pas envisager une telle possibilité. Je lui fit remarquer qu'elle avait parfaitement raison, ce qui fut récompensé par un jolie sourire et un regard qui affichait nettement qu'elle n'était pas née de la dernière pluie. Bon c'était bien vu mais ça n'arrangeait pas nos affaires tout ça. Arriver à démêler qui était à l'origine de quoi risquait d'être pour le moins ardu. Je soupirai, sachant que de toute manière arriver à tirer des conclusions viables dans le temps imparti risquait d'être impossible. Je me levais donc de la chaise, résolu à me concentrer pour le moment sur Devlon Industries.

Le seul moyen que je voyais était de rentrer dans le bunker, et de non seulement me renseigner mais aussi pirater un terminal interne. Pas question de se la jouer en furtif là. J'allais devoir passer par la porte de devant, et faire croire que j'avais toutes les bonnes raisons du monde d'être là. Le modus operandi, je l'avais en tête. Mais j'allais avoir besoin de l'aide à distance d'au moins l'un de mes compagnon. Je leur expliquais ce que j'avais en tête, se mettant d'accord sur qui prendra ce rôle. À peine j'eus terminé que j'entendis des cris et des jurons provenant apparemment de la pièce occupée par nos chaperons. Je pense que vous pourriez qualifier de diabolique le sourire qui ornait mon visage en ce moment.

-Celui-ci désire que vous acceptiez la vérité prothéenne, infidèls !

On entendait nettement d'ici des bruits précipités, un ou deux jurons étouffés puis soudain un grand cris de douleur, suivit de :

-Non de dieu Curtis, me regarde pas comme ça avec des grands yeux va chercher un responsable ! Arggghh ! Maintenant triple buse !

Je ne cachais pas une seule seconde mon hilarité, alors qu'une autre personne se joignait aux cris de détresse, et que des bruits de pas précipités se faisaient entendre. L'un d'entre eux avait apparemment réussi à éviter la conversion, et était en train d'appeler à corps et à cris un ou une responsable. Je me tournais vers mes compagnons avec en grand sourire, leur demandant de continuer pendant mon absence. Je tirais donc ma révérence, prêt à en découdre avec Devlon Industries. En sortant de la chambre, je vis une asari se confondre en excuse auprès des mercenaires qui sans doute auront besoin de fauteuil rembourrés pour un petit moment. Je m'approchais d'eux avec le sourire le plus insolent de mon répertoire.

-Bon fini de s'amuser les filles, je vais faire un tour. Est-ce que certaines d'entre vous sont disponibles ?

Je crus pendant un instant que j'avais poussé le bouchon trop loin au vu de l'expression meurtrière que je reçu pour toute réponse. Mais finalement deux gorilles furent affectés à la surveillance de mes petites miches, merci beaucoup. C'est donc avec eux que je pris la direction de la sortie des Abysses Azurés. Un taxi plus loin, j'arrivais en vue de mon appartement. Ils me suivirent jusqu'à l'intérieur, chose qui m'agaça. Là je me changeais. Tenue d'homme d'affaire, une imitation d'un modèle de luxe de bonne qualité. Je passais aussi rapidement à la douche, pris le temps de me raser, bref la totale. Alors que la vapeur quittait la pièce, je fixais un long moment le miroir.

*Je ne suis pas Marcus Freeborn, je suis Chuck Finley, représentant du conseil exécutif de Devlon Industries, j'ai fait des études à Berkeley en Californie. Je suis majors de promo de la promotion de 2180. Employé depuis trois ans chez Devlon Industries, je suis un salaud qui ne pense qu'à gravir les échelons.....*

Alors que je me récitais mon rôle comme un mantra, je voyais presque mon visage changer subtilement. C'était une illusion bien sûr. Mais mes épaules paraissaient moins affaissées, mon regard plus résolu, plus dur. Je renvoyais l'impression d'un homme compétant et sûr de lui. Je détestais ça. Le fait que les personnages que l'endossais avait souvent l'air plus réel que moi. Je sorti enfin de la salle de bain. Chuck Finley était prêt pour aller remonter les bretelles des employés de Devlon Industries. Je fixais les deux crétins qui me collaient aux basques, et leur aboyait de se mettre en mouvement. Je les vis sursauter et se mettre en action avant qu'ils ne se rendent compte de qui émanait ces ordres. J'eus un grognement de satisfaction. Ça devrai faire l'affaire.

Le taxi nous amena sur le site où se trouvait les armures. Pendant tout le trajet, les mercenaires évitèrent mon regard. Ils n'existaient pas de toute façon aux yeux de Chuck Finley, qui avait beaucoup plus important à penser que ça. Je gravis les marches qui menaient jusqu'à l'entrée du bâtiment, et entrait d'un pas sûr à l'intérieur, comme si le coin m'appartenait. Je n'entendais plus les pas des deux troufions derrière moi, je supposais donc qu'ils n'avaient pas osé me suivre à l'intérieur. Tant mieux, je ne souhaitais pas les avoir dans les pattes. Une humaine d'un certain age se trouvait derrière le comptoir de l'accueil. Elle m'accueillis avec un sourire polit, et me demanda la raison de ma visite.

-Je m'appelle Chuck Finley, j'arrive du siège administratif. Le conseil exécutif m'envoie pour une visite de routine, et un check up complet des services.

La dame pianota quelques instant, et releva la tête.

-Je n'ai aucune trace d'une visite programmée à votre nom, monsieur ?

-Finley, Chuck Finley. Écoutez je ne me suis pas tapé le voyage depuis la Terre pour m'entendre dire que je ne suis pas dans le registre. Appelez le siège social.

La femme eut un moment de doute, ne sachant pas trop quoi faire.

-Maintenant !

Mon ordre avait claqué comme un fouet. Elle eut un sursaut, et ce remit à pianoter sur son terminal. Détourner des communications est un combine vieille comme le monde, mais avec les bons programmes, elle restait toujours d'une efficacité sidérante. Dans un bâtiment militaire de quelconque importance, ce genre de tour de passe passe a autant de chance de marcher que d'essayer de casser le poing d'un krogan avec les dents, mais dans ce genre de bâtiments là c'était souvent amplement suffisant. Pour faire simple, un boitier captait une transmission, la redirigeais vers la personne que vous désiriez, et à partir de là, les vessies pouvaient devenir des lanternes. Avec des bons programmes en prime pour rouler les I.V., c'était suprême.

Maintenant c'était au tour des autres d'agir, et d'être convainquant !

Bon, apparemment Marcus en arrivait aux mêmes conclusions que moi, fallait déterminer qui employait les mercenaires. C'est Vinna qui apporta un grain de nouveautés, en avançant l'hypothèse que peut-être les mercenaires étaient employés par les deux firmes.
J'avais du mal à voir comment c'était possible, mais après tout vu la réputation des petits gars de Kolrath, se n'était pas improbable.

Marcus nous expliqua son plan, et le rôle que nous aurions à jouer, Vinna et moi. Il comptait s'introduire par la grande porte, il avait intérêt à être bon acteur, même avec le petit tour que nous étions censés jouer à leur système de sécurité.
Marcus partis, Vinna s'empressa de définir nos rôles.

-Je peux m'occuper facilement de leur système de sécurité, et vous...
-Je me chargerais de faire la charmante hôtesse téléphonique de toute firme qui se respecte ? Vous avez vus la voix que j'ai, ils ne pourraient même pas me prendre pour un humain. Et vous savez que les modificateurs de voix ne parviendront pas à donner un résultat suffisant. Désolé, mais ça va être à vous de jouer ce rôle.

Elle baissa pudiquement les yeux, lui donnant un air d'innocence. En fait je crois bien que c'était la véritable différence entre elle et Merya, cet air d'innocence que possédait Vinna et qui étais totalement absent de Merya.
Mais j'étais pas là pour m'attarder sur les différences entre les deux sœurs. Je m'accroupissais pour être à sa hauteur.

-Vous pouvez le faire, ne vous en faites pas.
-C'est que, c'est plutôt ma sœur qui fais ce genre de trucs.
-Je suis sur que vous y arriverez à merveille. Sincèrement. Dites-vous que c'est comme faire une copie pirate d'un disque dur -je tentai l'humour.
-Si vous le dites -elle ne put s'empêcher de retrouver le sourire-... vous vous chargez des programmes ?
-C'est comme si c'était fait.

Je me relevai et allait m'asseoir devant la console extranet, tandis que Vinna se préparait à imiter la voix d'une humaine. Je la vis d'ailleurs programmer son omni-tech, sans doute allait-elle utiliser un logiciel mineur pour camoufler ses éventuelles tremblements de voix.
Quant à moi, je fis craquer mes doigts et me mis à pianoter sur la console extranet. Quelques minutes furent nécessaire pour trouver le réseau interne de Devlon, enfin de sa succursale à la Citadelle. S'y introduire allait mettre plus de temps.

Bon, j'avais pas le temps pour la finesse, aussi décidais-je d'y aller à la bourrin. Mais à la bourrin discret. Comment faire ? Et bien imaginez un système de protections comme un ensemble de fort répartis sur une gigantesque plaine, de façon à surveiller parfaitement la zone entre chaque fort. Y aller à la bourrin discret voulait dire regrouper tous ses moyens offensifs -donc en l’occurrence toute une flopée de programmes intrusifs, destructeurs, invasifs et j'en passe- pour raser intégralement un seul fort, assez rapidement pour l'empêcher de prévenir les autres forts. Et on répète l'opération sur chaque fort qui gêne.
Tout en utilisant des logiciels fantomatiques pour créer l'illusion d'un système de défense encore opérationnel.

Pour ce genre d'opérations, il fallait bien sur qu'aucun technicien n'ait l'idée de regarder à ce moment, sinon il s'en apercevrait tout de suite, mais j'avais vérifié avant que personne n'était connecté sur le réseau.
En une dizaine de minutes j'avais ouvert leur système, assez pour lancer mes programmes de contrôle. Isoler le terminal de l'accueil, le pirater, réorienter certains de ses appels vers un nœud virtuel créé pour l'occasion et sur lequel viendrait se connecter Vinna pour répondre à la place de celui censé le faire.

Tout ça prendrais un peu de temps, une autre dizaine de minutes. Mais pour le coup c'était automatique. Je m'assurais que le piratage soit invisible, renforçait l'illusion du système de sécurité que j'avais mis en place pour masquer mon intrusion, neutralisais certains systèmes mineurs pour créer des erreurs techniques à même d'occuper un éventuel technicien.
Tout ceci ne me prit guère plus d'une minute, et je m'autorisais à savourer mon verre en surveillant la progression de ces installations.

Je remarquai alors que le bruit de nos gentils gardes du corps aux prises avec les gentils hanaris s'était arrêtés. Peu de temps après des coups violents, à même de briser la porte du salon, retentirent. Je fis signe à Vinna de ne pas y prêter attention et me levais pour ouvrir la porte. Derrière attendait l'un des gros bras chargé de nous suivre. A la posture de ses jambes, je devinais qu'il faisait partie de ceux qui avait eus la chance de bénéficier de nos gentils copains hanaris -et on me demande parfois comment je supporte ces amas de tentacules, voilà la réponse, ils sont tellement funs.

-C'est la dernière fois que vous vous foutez de notre gueule.
-Je ne pense pas, non. Maintenant si vous pouviez nous laisser, on est en train de travailler pour vous là. De toute façon, Kolrath ne nous a rien interdis tant qu'on ne vous tuait pas et qu'on ne vous semait pas.
-Et nous il nous a rien interdis tant qu'on vous empêchait pas de faire le boulot, et tu m'as pas l'air particulièrement utile là...

Son poing partit en direction de ma tête, avec la visible intention de me l'aplatir contre quelque chose, de préférence de dur. Manque de bol pour lui, je me décalai sur le côté, passait de flanc et me projetait vers lui, coude en avant. Je heurtai violemment son plexus, lui coupant le souffle. Sans plus lui laisser de temps je revenais en arrière, m'appuyais sur mon pied droit, celui qui étais orienté vers lui, et d'une impulsion effectuai en demi-tour pour venir lui coller mon pied gauche dans la figure, l'envoyant au sol dans le couloir, sous le regard apeuré d'une asari de service.
Le mercenaire étant désormais évanouis, je me tournais vers elle.

-Ne vous en faites pas, c'est un petit entraînement amical.

Je me retournai vers les deux autres chaperons, qui semblait ne pas vouloir bouger.

-Si vous nous cherchez, on est toujours là, on respecte l'engagement. Et bougez le de là, il fait tâche...

Je refermai la porte et m’assis de nouveau devant la console. Il restait encore quelques minutes à tuer, et une idée me vint. Utilisant mon omni-tech cette fois, je me connectai au réseau interne de l'hôtel, et piratai le registre des factures.
Voyant que celle de Marcus n'avait pas encore été déduites, je la réorientais rapidement vers un autre compte en banque, celui qu'avais enregistré les mercenaires qui nous surveillaient. Pirater les systèmes bancaires est toujours malaisé, sauf quand on bénéficiait d'un accès prioritaire aux serveurs. Et grâce à la console de la suite, j'en avais un tout trouvé. Une fois satisfait d'avoir encore alourdis la note de la Légion de Kolrath, je pus revenir sur mon piratage de Devlon.

Juste à temps, les derniers fichiers venaient de s'installer lorsque je vis, grâce à la caméra piratée, Marcus arriver. Je faillis ne pas le reconnaître, dans son costard et impeccablement rasé. Il se présenta à l'hôtesse, et je fis signe à Vinna de se préparer.
L'humaine de l'accueil pianota un numéro, et je constatai avec plaisir l'appel être dérivé vers la boîte, puis vers l'appareil de Vinna.

Celle-ci laissa l'appel en suspens un moment. Je crus qu'elle était stressée, mais elle avait juste fait cela car, comme chacun sait, l'une loi immuable des services téléphoniques veut que l'on ne vous réponde JAMAIS avant les cinq minutes d'attentes réglementaires.
Puis elle répondit, de sa voix claire et assurée. Je l'encourageais en silence, d'un regard chaleureux.

-Oui bonjour, que voulez-vous ? Un visiteur imprévus, Monsieur Finley vous dites, attendez quelques secondes... Vous épelez ça comment ? F-I-N-L-E-Y ? Bien, je vérifie... Oui, en effet, visite de dernière minute, on a dus oublié de vous la transmettre. Vous êtes autorisée à le laisser entrez, il dispose de toutes les autorisations, veillez à ce que tout se passe bien. Et transmettez lui nos excuses pour ne pas avoir prévenus de son arrivée. Oui. Au revoir.

Elle raccrocha, et je vis avec satisfaction l'hôtesse faire signe à Marcus de passer. Bien, je me concentrai pleinement sur mes programmes informatiques et sur ce que faisait Marcus, chaque minute de plus augmentait les chances d'être repéré, aussi je m'apprêtai à tout déconnecter en quatrième vitesse dès que Marcus aurait finis.

Bien que mon visage n'en trahissait rien, j'attendais avec un stress assez incroyable la réponse de mes compagnons. Je vis la femme attendre patiemment d'être mise en contact avec son correspondant, poser les questions, entendre les réponses, et couper la communication. Elle releva la tête avec un visage contrit, et un sourire d'excuse aux lèvres.

-Toutes mes excuses monsieur Finley, vous pouvez procéder, fit-elle en me tendant un pass.

Je pris le pass et hochait la tête avec froideur, ignorant ses formules de politesses. Vous ai-je dit que Chuck Finley était un connard arrogant ? Je présentais mon badge devant le sas, et entrais dans le cœur du bâtiment. C'était un intérieur typique de ce genre de corporation, avec des sol et des murs nus et blanc, si ce n'est qu'un marquage au sol permettant de se diriger au plus vite d'un endroit à un autre. Je suivis la ligne conduisant au poste de sécurité.

Je rentrais en trombe dedans, me retrouvant dans un espace où cohabitait un zone de repos et une salle informatique. Tout le monde se retourna alors que j'avançais au pas de charge pour me placer au centre de la pièce.

-Qui est la personne en charge ici ?

Un homme d'une cinquantaine d'années se leva et marcha à ma rencontre.

-C'est vous je suppose. Votre nom ?

-Norton Blackspear, et vous êtes monsieur ?

-Finley, Chuck Finley, je suis envoyé par la maison mère. Vous et moi avons du pain sur la planche !

-Veuillez m'excuser, mais nous n'avons ….

-Écoutez, j'ai déjà eu cette discussion avec la réceptionniste, j'ai fait un trajet direct depuis la terre sans avoir le temps de me poser, et je suis de mauvaise humeur. Pourquoi ? Parce que mes patrons, vos patrons sont de mauvaise humeur. Vous voulez que je passe mes nerfs sur vous monsieur Blockswift ?

-Euh c'est Blackspear, monsi ….

-Peu m'importe ! Je suis venu en urgence pour contenir une tempête de merde qui risque de tous nous emporter, moi compris ! Et soyez certains que si je coule, vous coulez avec moi, alors à partir de maintenant, si je dis que l'entreprise requiert vos services pour aller tailler des igloos sur Noveria, croyez moi, vous feriez mieux de préparer des vêtements chauds dans l'heure !

En voyant l'explosion de postillons qui ponctua ma phrase, j'eus une petite pensée pour cette saloperie de caporal Connors, ce foutu chien de guerre de mon très cour passage à l'armée de terrain. Ce cher Norton pâlit en entendant ma longue logorrhée, visualisant déjà les glaces de Noveria. Sans lui laisser le temps de souffler, j'embrayais.

-Je veux que vous me fassiez un compte rendu du dispositif de sécurité interne et externe, je veux que vous me fassiez un listing du personnel par service et par ordre d'ancienneté, Je veux aussi que vous me fassiez un check up complet des activités extranet entre avant hier et les trois derniers mois. Une équipe de spécialistes sur Terre s'occupent déjà d'une surveillance active du réseau avec des moyens plus importants que les votre. Des questions ?

-Quel est exactement la nature de ....

-Nous en parlerons avec le responsable local si vous voulez bien, fis-je en l'accueillant à sortir de la pièce d'un mouvement de main.

Le chef de la sécurité se retourna et aboya des ordres à ses subordonnés qui étaient restés figés dans une expression de surprise depuis que j'avais ouvert la bouche. Aussitôt un joyeux chaos se mis en place, alors que chacun travaillait d'arrache-pied à satisfaire mes quatre volontés. Il m'amena ensuite jusqu'au responsable, marchant d'un pas vif dans les couloirs. Jusqu'ici tout marchait comme sur des roulettes !

En chemin je le cuisinais sur le dispositif de sécurité interne. Il m'assura que les sécurité internes avaient été désactivée, comme le demandait le mémo reçu il y a une semaine environ. Il m'apparaissait comme de plus en plus probable que la Légion de Kolrath était en fait employée par Devlon Industries elle-même. Rien ne disait malgré tout qu'Elkoss Combine n'y avait pas rajouté son grain de sel. Et tant qu'à faire je comptais exploiter cette théorie jusqu'à la corde. Avec un soudain accès de terreur, Norton s'arrêta, me regardant avec détresse.

-Ne me dites pas que …

-Non, le coupais-je. Ceci était en effet ce qui était prévu, ne vous inquiétez pas.

Il m'amena enfin au bureau du responsable local. C'était un homme au physique assez ingrat, petit. Ses mains étaient étonnement larges pour un employé de bureau. Autre détail intéressant, il portait des lunettes, choses plus que rare quand on savait que la médecine actuelle permettait de régler ce genre de petits problèmes physiques. Alors que j'entrais, il leva les yeux d'un bloc note - encore une pratique d'un autre temps – et me dévisageais avec un regard perçant.

-Vous êtes l'envoyé de la maison mère je suppose ? Hans Grubber, à votre service.

Je m'avançais vers lui, tendant la main. Sa poignée de main était ferme, bien qu'un peu moite. Il était plus tendu qu'il voulait le laisser croire.

-En effet, je suis Chuck Finley. Désolé d'arriver de manière aussi abrupte, mais nous souffrons d'un imprévu qui pourrait se révéler catastrophique. Mais qui pourrai aussi se retourner à notre avantage.

Je m'assis confortablement sur un des sièges luxueux qui se trouvait en face du bureau du petit homme, qui me regardait avec un intérêt évident. Je croisais mes jambes, joignait mes deux mains en forme de pyramide sous mon nez, tout en fixant le responsable d'un regard qui se voulait évaluateur.

-Vous pouvez me faire confiance, monsieur Finley, je me bat depuis une vingt huit ans pour les intérêts de Devlon Industries, et Norton est un employé modèle.

Le chef de la sécurité rougit de plaisir sous le compliment pendant que je me préparais à mes explications.

-Comme vous le savez, Devlon Industries a connu quelques déboires au cour de ces dernières années, nous forçant a presser certaines annonces de mises sur le marcher.

Hans hocha la tête, me faisant signe de continuer.

-Bien entendu comme vous le savez, certaines de ses annonces souffrent d'une précocité trop grande, nous forçant à ….. ruser pour ne pas perdre la face. Bien sûr cela a du se faire en comptant sur le travail d'un type de personnel spécifique.

J'entendis Norton s'étrangler dans mon dos alors qu'il comprenait la signification de ma phrase. Hans lui expliqua qu'en effet un vol avait été programmé. À ce stade j'étais presque sûr de voir l'enchainement des évènements, mais l'entendre dire de la bouche d'un des responsables était un soulagement.

-Le problème c'est qu'Elkoss Combine compte nous voler eux aussi nos prototypes. S'ils arrivent à mettre la main dessus et en profite pour faire circuler des informations comme quoi ils sont loin d'être au point, la compagnie pourrai bien ne pas s'en remettre. Nous ignorons si ces …. mercenaires sont à l'origine de la fuite d'information, ou si c'est du à une fuite interne.

-Je comprend où est le problème, mais que compte faire le conseil exécutif à ce propos, monsieur Finley ?

-C'est simple, nous allons déplacer les vrai prototypes, et les remplacer par des faux. Ainsi, si Elkoss Combine nous vole notre bien, ses allégations potentielles tomberont à plat quand nous feront un communiqué disant que les prototypes on était cachés en lieu sûr, mais ont été abimés pendant la tentative de vol. Naturellement si Elkoss Combine ne se révèle pas en cause, nous nous en tiendrons au plan. Un système de pistage distant devra être implémenté aussi sur les armures. Ainsi, si nos soupçons sont fondés nous pourrons avec un peu de chance et de talent prendre nos chers concurrents les mains dans le sac. Des questions ?

Je levais des yeux froids et inquisiteurs vers Hans Grubber. Celui-ci n'eut rien à ajouter. Je me relevais, lissant ma tenue.

-Je vous laisse dons la tache d'analyser les fichiers des employés, la possibilité d'une fuite interne doit être écarté au plus vite. Un groupe d'assaut doit me rejoindre d'ici une heure, et j'ai rendez-vous avec un employé du courtier de l'ombre dans deux heures. Gardez ce communicateur, Norton, vous m'appelerez en cas de problème. Messieurs, la compagnie compte sur vous, vous devez agir avec une extrême discrétion, avec toute la diligence qui vous caractérise !

Je pris congé sur ces mots, après avoir serré la main d'Hanz. Norton me raccompagna vers l'entrée, m'assurant le soutien sans faille de toute son équipe. Je résistais à l'envie de piquer un sprint une fois en dehors du bâtiment. Les deux gorilles m'attendaient un peu en retrait. Je pris le taxi, rentra chez moi, récupéra mes habits de touts les jours que je mis dans un sac, et repris la direction des Abysses. J'entrai en coup de vent dans la pièce ou se trouvait Loki et Vinna, prêt à faire mon compte rendu.

Grâce au système de caméras piratées, je pouvais visualiser sans trop de peine la position de Marcus dans le bâtiment. Pas de son par contre, tant et si bien que je ne pouvais qu'à peine comprendre à quel petit jeu jouait l'humain.
Vinna, dont le rôle était terminée -même si je gardais un œil sur les conversation qui filtraient vers l'extérieur, au cas où- s'était penché par dessus mon épaule pour observer également le système de piratage que j'avais mis en place.

-Tu es un odieux bourrin.

Je haussai les épaules, ne pouvant pas foncièrement lui donner tort. Mais quelle importance, Devlon devrait remettre à jour la majorité de son système électronique après mon passage, rien de faramineux.

-Là, regardes -fit-elle en montrant quelques lignes de codes.

J'observai sa trouvaille. Il s'agissait des programmes de commande de la sécurité interne de l'entreprise : alarmes, détecteurs, caméras... Et une bonne partie était débranché. En fait, c'était carrément tout un chemin vers l'entrepôt où attendait les armures qui était dégagé, libre de toute sécurité excepté le système de caméras.
D'autres systèmes de sécurité mineurs étaient débranchés ailleurs, dans des pièces sans importance, comme un mauvais camouflage de ce qui se révélait une belle escroquerie.

-Ils ont libérés l'accès vers leurs fameuses armures révolutionnaires, à l'exception des caméras. Comme s'ils voulaient que des voleurs s'introduisent, mais qu'on ai une preuve de leur passage.
-Mais quel intérêt ?
-Si les voleurs sont à leur service, cela peut leur permettre de retarder la date de présentation des armures et ainsi ne pas perdre la face. Ils ont surement embauchés la Légion de Kolrath dans ce but.
-Sans doute, mais si c'est si simple, pourquoi nous ? Et que viens foutre Elkoss là-dedans ?
-Ça je n'en sais rien...

Je me triturai la mémoire, tandis que Marcus continuait à jouer son rôle dans l'une des fenêtres que j'avais ouverte sur la console. Et le puzzle se mit en place, mon expérience dans tout ce qui concernait les réseaux criminels et les trahisons propres à ses milieux m'aidant à mettre le tout en place.

-Des boucs émissaires, nous ne sommes que des boucs émissaires...
-Comment ça ?
-Supposons que la Légion est bine été engagé pour voler ces armures, par Devlon elle-même. Supposons maintenant qu'Elkoss Combine ait payer la Légion pour qu'elle fasse disparaître une partie du stock d'armures et leur donne, sachant qu'Elkoss est un grand spécialiste de l'imitation de haute-technologie. Seulement, Devlon verra qu'il manque quelques armures au lot qu'on lui a volé, et quand ça arrivera, que fera la Légion à ton avis ?
-Elle nous accusera.
-Exactement. Et à ce moment-là, ils n'auront plus qu'à nous éliminer pour clore l'affaire ans trop risquer de représailles de Devlon. Bien sur leur réputation en souffrira mais je pense que ce coup peut leur permettre de gagner très gros.
-Bon, d'accord, mais qu'est-ce qu'on fait ?

Je restais pensif. Cette situation semblait d'abord inextricable. Si nous ne donnions pas les armures, Merya mourrait, et nous aussi probablement. Si nous les donnions, ils chercheraient à nous tuer et échapper à une telle organisation relevait du miracle. De tous côtés nous étions bloqués.
A moins que... oui, il fallait pouvoir faire arrêter la Légion de Kolrath avant qu'elle n'ai eu le temps de nous exterminer, le SSC pouvait facilement et rapidement mobiliser le nécessaire. Surtout si quelques agents ''en sous-marin'' les y aidaient. Et pour ça, il y avait un moyen somme toute assez simple de le faire.

-Vinna, tu saurais réactiver les systèmes de sécurité de Devlon sans qu'ils ne s'en rendent compte ?
-Avec le boulot que tu as fais sur leur système interne, ça sera dur, mais je peux sans aucun doute y arriver, pourquoi ?
-Parce que ça pourrait sans doute nous servir... Il faudra voir avec Marcus.
-Justement, il quitte ses chers camarades de Devlon à l'instant.
-Parfait, plus qu'à attendre son retour et voir ce qu'il pense lui-même de toute cette situation. Ensuite, nous aviserons.

Marcus ne fut pas très long à revenir, mais je restais scotchés sur mon piratage de Devlon, j'allais finalement devoir le maintenir plus longtemps que prévus, et je renforçais mon intrusion dans cette optique ; tout en essayant de camoufler au mieux les dégâts que j'avais causés. Jusqu'ici ça avait fonctionné, mais je ne savais pas combien de temps cela pourrait tenir.

Spoiler:

Je rentrais enfin dans la pièce où se trouvaient mes deux compagnon. Loky était très concentré sur le piratage de Devlon Industries et Vinna essayait de se reposer tant bien que mal. Je déposais mes affaires sur le lit, et m'affalais sur une chaise avec un soupir de lassitude. Il était tant de faire mon rapport. Je pris quelques secondes pour rassembler les informations dans ma tête, le temps de m'allumer une cigarette, en me massant les tempes de l'autre main.

"J'ai une bonne et une mauvaise nouvelle. La mauvaise c'est que nous sommes des victimes sacrificielles que Devlon et Kolrath vont essayer de joyeusement bruler sur l'autel des profits. La bonne c'est qu'on a peut-être une petite chance de s'en tirer. Reprenons depuis le début."

Je me levais et me servais un bon verre de whisky bien tassé.

"Devlon était proche de la banqueroute jusqu'à il y a peu. Par redresser la barre et avoir une chance de continuer à s'envoyer des mojitos sur des plages paradisiaques pendant les vacances, ils ont eu la joyeuse idée d'annoncer plein de nouvelles technologies qui débouleraient sur le marché dans un futur proche. Jusque là c'était une belle et bonne idée, sauf que ces fameuses nouvelles technologies n'étaient pas prêtes pour un futur proche."

Je finissais les dernières gouttes d'alcool, les laissant couler au fond de ma gorge. Je levais un regard vers mes deux compagnons d'infortune qui considéraient d'un air étrange le type qui recueillait amoureusement chaque infime fraction de ce breuvage.

"Ahem ... Donc c'est là où vous autres, mes jolies asaris, et la Légion de Kolrath entrent en scène. Étant donné que Devlon sait pertinemment que ses prototypes ne seront jamais prêt à temps, ils engagent la Légion afin de leur voler leur propre bien. Étant donné que ce cher Kolrath, si c'est bien son nom, est pas complétement débile non plus, il décide d'utiliser des intermédiaires pour s'occuper du vol. Je ne sais pas si c'est fait d'un commun accord entre Devlon et Kolrath, ou si c'est ces derniers qui manquaient de confiance envers les premiers, mais toujours est-il nos asaris préférée ont été ''engagées'' afin de récupérer les prototypes et, optionnellement, passer un long moment à l'ombre, au mieux, si ce n'est dans la tombe."

Je me servais un deuxième verre, me rassit sur la chaise, faisant tournoyer doucement le liquide dans le verre.

"Au final, tout le monde est content. Kolrath est plus riche, Devlon peut repousser la sortie du prototype en arguant que celui-ci a été détruit ou trop abimé. Enfin tout le monde sauf nous, hein ? Le bon coté de la chose maintenant c'est que nous n'allons pas voler des prototypes, mais des faux. Avec des traqueurs dessus. Ce qui nous permettra, une fois échangés contre ta sœur, Vinna, de retrouver où ce cher Kolrath a bâtit son petit pied à terre dans la région, de frapper à la porte en disant : ''bondour on est les tinois'', quoi que ne pas se faire repérer serai encore mieux, et avec un peu de chance de trouver dedans un moyen de se sortir de ce merdier."

Je regardais avec tristesse mon verre dont le contenant s'était évanouis sans même que je m'en sois rendu compte. Je relevais des yeux fatigués vers le drell et l'asari.

"Le coté roi de la cambriole, c'est pas ma spécialité, donc je m'en remets à vous mes mignons."

J'envisageais un instant de me resservir un verre, repoussa avec difficulté cette idée, et m'alluma à la place une autre cigarette, attendant les idées et autres illuminations de mes deux compagnons.