Une politicienne trop sur d'elle. TRFS

La petite enquête de Tobias de la dernière fois lui était comme qui dirait rester en travers de la gorge du lieutenant. Pendant plusieurs jours, il avait laissé de côté ses rondes pour pouvoir se concentrer sur cet assassinat. Bien que tous jugeait que la demoiselle avait mérité son sort, Tobias lui n'était pas du même avis. Il avait un code d'honneur, et savait pertinemment que le monde était loin d'être remplit de personnes qui étaient blanches... Mais ce qu'il avait fait subir à cette femme, aussi garce et qu'elle ait pu être de son vivant, ça n'avait rien d'un sort qu'on puisse mériter. Tobias avait tiré toutefois certaines conclusions : le type qui avait fait ça était doué, à n'en pas douter. Il tirait diablement bien, il était rapide et préparait bien son coup, mais il était aussi assez... Négligent. La cartouche thermique qu'il avait laissé sur place lors de son dernier forfait montrait qu'il n'était pas encore très expérimenté... Un adversaire au même niveau que lui pour l'instant, avec un avantage pour Tobias : l'assassin qu'il avait décidé de poursuivre ne savait rien pour l'instant. Car oui, il était décidé à le coincer, lui bien-sûr, mais aussi tous ses clients!

Le jeune homme eut toutefois l'occasion de se venger, quelques temps plus tard, avec un nouvel assassinat qui survint au Presidium. Au moment du meurtre, Lieutenant Malkovich se trouvait dans son bureau, à signer et envoyer aux archives les rapports de ses subordonnées. Tâche ingrate, mais qui devait être accomplit. Une communication arriva jusqu'à lui pour lui prévenir du meurtre d'une des sénatrices les plus extrémistes qu'on pouvait croiser au Presidium. Elle n'avait jamais pu percer, et jamais elle ne percerait d'avantage encore, vu que toutes les espèces aliens avaient leur mot à dire lors des élections, mais avec l'expansion humaine depuis le sauvetage de la Citadelle par le Commandant Shepard, les humains gagnaient en réputation auprès des autres espèces. Nul doute que certains craignaient de voir ce genre de personne raciste grimper trop haut dans l'échelle politique, et mettre fin à ses jours était un moyen rapide et efficace pour enrayer cette menace. Quoiqu'il en soit, au début, Tobias était quelque peu perplexe quant à son utilité dans l'affaire, jusqu'à ce que son collège Lieutenant lui parle du fait que l'outil du meurtre était une Veuve... Et qu'il avait été abattu.

Ni une ni deux, Tobias s'équipa de son armure du SSC, ainsi que de son fusil Incisor, son Locust et son M-5. Et bien sûr, son viseur qui lui rendait bien des services, que ce soit pour viser ou afficher différentes visions et information, communications, etc... Un petit bijou qui allait l'aider à plus d'un titre dans cet affaire...

Un Tir Percussif, fait avec une Veuve... Les dégâts étaient tels qu'on aurait dit que le meurtre avait été commit avec un mini Lance-Roquette. Il ne restait pas grand chose de la sénatrice, tandis que ses gardes du corps étaient brûlés au deuxième degrés, tandis que l'attaché de presse avait survécu à l'attaque sans blessure. Inutile d'aller sur les lieux du cadavre : vu les détails que les médecins légistes lui communiquèrent sur place, il n'y avait littéralement pas grand chose à voir... De son côté, Tobias était agenouillé devant le corps du meurtrier présumé, transpercé par plusieurs impact de tir de fusils d'assauts. Comme il le pensait, il était brouillon comme assassin, doué mais peu expérimenté, au point de prendre comme itinéraire de fuite un chemin bondé de gardes. Finalement, ça n'avait été qu'un petit rigolo...

Lieutenant, regardez. La Veuve est là. Sacré engin... J'en avais jamais vu de ma vie! ∇

Le simple fait de toucher à une arme comme ça est un crime, soldat. Je me doute que vous n'en avez jamais vu, alors profitez... ∇

L'arme en question était couchée aux côtés de l'humain, le fusil entièrement déployé, presque aussi grand que lui... Quel canon. Une arme pareille servait à transpercer net des blindages de véhicules, ainsi qu'à traverser tout net une barrière biotique, un blindage et la chaire tout en laissant un trou bien net! Même modifié pour pouvoir être supportable, le recul devrait laisser des marques bien nettes. Tobias se releva, et alla examiner le poste de tir. La salle de maintenance était occupée par deux ou trois membres de la police scientifique qui essayait de trouver des traces inhabituelles dans les environs. Pendant ce temps, Tobias lui se mit à genoux devant l'ouverture sur le Presidium. La distance était bien plus importante que lors de l'assassinat aux 800... C'était... Bizarre. Oui, un type qui savait si bien tiré, un sniper professionnel, qui trouvait de très bons emplacements de tirs, comment pouvait-il se laisser tuer aussi bêtement? C'était insensé...

Plus tard, de retour au poste, on confia à Tobias les différents rapports balistiques et scientifique : le canon de l'arme portait les stries et les traces chimiques d'un tir percussif. L'analyse de la cartouche thermique montra que c'était bien elle qui avait servit au tir, et également qu'elle était du même calibre que celle retrouvé sur la scène du meurtre de Chloe Trial. L'arme avait servit aux deux meurtres, et son assassin avait finit par mourir sous les coups de feu des gardes... Ils n'étaient pas à blâmer : quand on savait qu'un meurtrier se baladait avec une arme aussi dangereuse, on se devait de ne pas faire dans la dentelle et l'abattre à vu, au risque de laisser d'autres personnes se faire tuer... Avec ça, on lui apporta les enregistrements montrant le suspect qui marchait en direction du point de tire, armé de la Veuve, bien devant les caméras de surveillances. Tout le pointait du doigt, et c'est ça qui mettait Tobias hors de lui!

Alors que son subordonné, l'agent Willis, d'un ans son ainé pourtant, lui faisait le rapport sur cette affaire, Tobias frappa son bureau férocement, au point de faire renversé sa tasse de café.

Et merde, c'est trop parfait! Et surtout, c'est trop... Con! ∇

Lieutenant? ∇

Réfléchissez, Willis. On a deux meurtres totalement différents : le premier est professionnel jusqu'au bout des ongles. Hormis la cartouche thermique laissé sur les lieux du tir, on avait pas la moindre trace de notre suspect. Et là, on a des enregistrements, des empreintes sur l'arme, l'arme du crime, et en plus son cadavre! Comment un assassin peut-il passer entre deux méthodologies aussi différentes? ∇

C'était peut-être une erreur de calcule. Il ne pensait peut-être pas croiser des gardes aux alentours. ∇

Mhm... Non : on ne parlait que de son précédent meurtre, dans toute la Citadelle. Un meurtre à la Veuve, c'est pas courant. Il utilise un tir percussif : pourquoi? Ca allait signaler sa position très facilement avec la fumée que ça laisse sur son passage, d'autant que c'était évident que les gardes étaient sur le qui-vive d'un tueur portant une veuve... Non, ça colle vraiment pas. 'Faut que j'aille à la morgue, pour en avoir le cœur net. ∇

Tobias laissa Willis en plan, prenant ses papiers d'identification avant de prendre la direction de la morgue du SSC. Regardant sa montre, il vit qu'elle était finie depuis peu, d'après les estimations que leur avaient fait les légistes. Après quelques ascenseurs, suivis de plusieurs identification par empreintes digitales et oculaires, le lieutenant arriva dans la salle d'autopsie. Là, les légistes étaient en train de se laver les mains, tandis que le corps du suspect gisait sur la table.

Lieutenant Malkovich, tu es tellement impatient de lire mon rapport pour descendre chez moi aussi tard? ∇

Non, je souffre tout simplement d'un mal qui s'appelle l'impatience et le doute. Vous sauriez remédier à cela, docteur Lawrence? ∇

Pour toute réponse, l'homme d'âge mur lui jeta un dossier par dessus la table d'opération avec un sourire amusé. Lawrence était... Un vieil ami de sa famille, plus ou moins. Tobias jeta alors un coup d’œil à l'intérieur du dossier, à la recherche d'un détail bien particulier sur son anatomie... Et après quelques petites minutes de lectures silencieuses, Tobias se mit à sourire et plaqua le dossier sur la table d'autopsie.

Je le savais! Sa ceinture scapulaire est intact! ∇

En effet; clavicule, humérus et omoplate. Tout est normal, pas de déformation ou de fracture... Alors tu m'expliques? ∇

Tobias lui sortir alors la photo du fusil Veuve et la glissa sur la table d'autopsie dans la direction du légiste, ainsi que divers rapports sur les meurtres commit par ce fusil.

Trente-neuf kilogrammes de ferrailles, propulsé contre votre épaule à chaque tir d'une force dépassant plusieurs milliers de Newton... Quelqu'un capable de réaliser de tels tirs avec ce fusils a du s'entraîner longuement avec... Alors maintenant, je vous pose la question : est-ce que quelqu'un qui manipule une telle arme peu avoir les os de son épaules dans un parfait état, sans la moindre courbure ou déformation? ∇

Le médecin légiste le fixa pendant plusieurs secondes sans dire le moindre mot, regardant les rapports... Son silence fut suffisamment éloquent : Tobias avait raison, quelque chose clochait avec ce cadavre depuis le début.

Ce pauvre type n'est qu'un pantin, manipulé... Le vrai meurtrier court toujours. ∇

C'était maintenant sûr et certain que l'homme mort devant eux n'avait rien à avoir avec celui qui avait tiré à deux reprises et avait tué plusieurs personnes avec le fusil Veuve actuellement entreposé dans la salle des preuves du SSC... Et Tobias n'avait qu'une chance d'en apprendre plus sur cette personne : ne rien révélé de ce qu'il venait de découvrir. Si la moindre fuite dans leur rang se produisait, l'assassin pourrait s'enfuir pour toujours de la Citadelle. Hors, Tobias n'avait de pouvoir qu'à l'intérieur de l'Espace Concilien. En dehors, il ne pourrait jamais le traîner en justice... Le silence allait être de mise...