Recherches et rencontre

Précédemment

La navette venait de se poser sur la Citadelle. Déjà la rampe et les amarres magnétiques se déployaient de part et d'autre de l'appareil en un balais plein de justesse et de précision. Quelques techniciens suivaient avec attention l'exécution des procédures d'appontage, affairés derrières leurs datapad et leurs écrans de contrôle. Au milieu d'eux, un veilleur vaquait à ses occupations, indifférent à ce qui se passe autour de lui...

-Mesdames, mesdemoiselles, messieurs, bienvenue à la Citadelle, secteur Tayseri. Il est exactement 19h03, heure concilienne. Vous pouvez à présent retirer vos ceintures de sécurité. Nous vous remercions d'avoir choisi notre compagnie et espérons vous revoir bientôt sur nos lignes. Des véhicules taxi sont à votre disposition pour vous déplacement à la sortie des contrôles du SSC. Nous vous souhaitons un excellent séjour.

Neil desserra sa ceinture et se leva de son fauteuil. Liirha, à ses côtés, l'imita. Leurs places en 1ére classe, spacieuses, le leur permirent. L'avocat n'avait avec lui qu'un attaché-case et un petit sac, qu'il retira du coffre au dessus de sa tête. Il descendit aussi le sac de Liirha et le lui tendit. Et, le plus tranquillement du monde, ils se dirigèrent vers la sortie de l'appareil. Remerciant leurs hôtes et hôtesses, le duo quittèrent le vol commercial pour rejoindre la Citadelle.
Ils prirent pied sur le secteur Tayseri au même moment qu'un agent du SSC leur fit signe de venir le voir. Neil prit les devants en sortant leurs passeports et en se préparant à défendre Liirha...
Et ça ne manqua pas. L'officier vérifia bien leurs papiers, les fit passer au scanner, mais se concentra principalement sur la quarienne, qui se contenta de répondre à ses questions. Toutefois, lorsque ses questions commencèrent à dériver du cadre du service, l'avocat intervint. Il signifia clairement à l'officier qu'il outrepassait ses droits et empiétait sur ceux de son amie. Alors qu'il allait rétorquer quelque chose, Neil cloua définitivement la conversation en assurant qu'un procès ne jouerait ni en sa faveur ni en celle de son administration. Sur ces derniers mots, l'agent les laissa passer. Neil soupira devant l'éternelle méfiance que pouvait provoquer chez les agents de sécurité de douane ou d'immigration la présence d'un quarien...
Tout deux rejoignirent un taxi qui les amena au Présidium, où Neil avait réservé une suite pour deux personnes dans l'un des hôtels les plus luxueux de la station. Lorsque Liirha le questionna discrètement sur le choix de cet hôtel, Neil lui avoua avoir un jour défendu son propriétaire -un riche Volus- dans une affaire à l'issue incertaine, le sauvant d'une condamnation sévère en sa défaveur. Il lui avoua également qu'il bénéficiait depuis de prix tout à fait intéressant...

Il était 20h lorsqu'ils atteignirent leur hôtel et poussèrent enfin la porte de leur suite. De par la dimension réduite de leurs affaires, ils ne prirent pas beaucoup de temps à s'installer. Neil n'avait prévu que quelques affaires, ayant dans l'idée de ne rester que quelques jours. Liirha avait suivie son conseil, n'emportant avec elle que le stricte nécessaire. Elle avait laissé son Viper et prit que son Predator. Quelques joints de rechange, son kit d'entretien et quelques affaires, vêtements et trousse de toilette.
Leurs lits, dans des chambres séparées, étaient moelleux et confortables. Et leur salle de bain vaste et comportait un système de stérilisation compartimenté, assez rare mais bienvenu. La quarienne apprécia la présence d'une telle installation, laquelle n'était pas vraiment standard, surtout sur la Ciadelle et au Présidium. Les clients en ayant l'usage étant pour le moins rare et pour le plus inexistants.

Descendant à la salle à manger, donnant sur le Présidium, ils furent accueillis par une maitresse d'hôtel asari qui leur indiqua fort poliment leur table et les aida à s'installer. Neil plaisanta un peu avec l'asari et demanda si son patron était présent. Elle acquiesça aimablement, après quoi l'avocat lui demanda de lui dire qu'il était présent et qu'il lui offrirait avec plaisir un verre s'il se joignait à eux. L'asari accepta de transmettre l'information et se retira en appelant le personnel de salle pour prendre soin d'eux.
Le sommelier venait de quitter leur table lorsqu'un volus à la combinaison bien entretenue et parée de couleurs chatoyantes fit son apparition. Neil se leva à son approche et lui tendit la main. Le volus s'empressa de la lui serrer, content de le revoir. L'avocat présenta Liirha, que le volus salua très respectueusement et avec une amabilité déconcertante. La quarienne commença a se demander ce que son compagnon humain avait pu faire pour qu'il soit reçu de telle façon.
Prenant un siège, le volus -qui se nommait Dotni Var- se joignit à eux. Il s'excusa de ne pas prendre plus qu'un verre avec eux, sortant à peine de table, mais insista pour payer le repas. Claquant des doigts, il fit venir le sommelier et lui glissa quelques mots à l'oreille. Ce dernier acquiesça et reparti. Il revint en poussant un petit chariot sur lequel se trouvait toute une sélection d'excellents alcools dextro et lévo-aminés. Certains devaient couter une petite fortune, à en juger par leur année... Liirha resta un moment interdite devant un tel choix et une telle débauche de qualité.
Tout en discutant, le sommelier remplit trois verres de trois boissons différentes. Puis, il servit à Neil le verre contenant un liquide transparent faiblement gazéifié teinté d'une douce couleur crème, à Liirha un verre contenant vraisemblablement une liqueur ambrée dense et à Dotni une boisson foncée aux reflets pourpres.
Ils trinquèrent et découvrirent alors que Neil buvait une excellente cuvée d'un très grand millésime de champagne venant de France, Liirha une délectable liqueur turienne presque bi-centenaire issue des environs de Cipritine et Dotni un verre d'un grand cru terrien.
L'avocat fit d'ailleurs un compliment au volus en apprenant la date et le cépage du vin choisi. Ce dernier révéla s'être intéressé à la culture et à la gastronomie humaine après son procès...
Ils discutèrent durant le repas de tout et de rien, Neil et Dotni s'entendant à merveille. Liirha resta un peu en retrait mais ne manqua pas rire ou de participer à certaines conversations. Elle profita d'un excellent repas et prétexta d'ailleurs souvent vouloir lui faire honneur pour esquiver quelques questions...
Il était presque 23h lorsqu'ils quittèrent la table et prirent congé de leur charmant et bavard hôte. Ils regagnèrent leur suite et se préparèrent à passer une nuit de repos. Courte...

Le réveil de Liirha sonna à 7h du mâtin. Elle n'avait pas entendue celui de Neil. Ce dernier achevait de se préparer. Il quitta la salle de bain lorqu'enfin Liirha se fit violence et quitta la couette.

-Bonjour.
-Mgn-onjour...
Neil achevait de nouer les boutons de sa chemise. Il se contenta de sourire à la réponse de sa partenaire :
-Une chance que tu n'ait pas à me couvrir aujourd'hui.
-Tu dit ça parce que je n'ai pas... les trous devant les yeux ?
-On dit les yeux devant les trous, mais c'est ça.
-Pfff, j'arriverais à te couvrir les yeux fermés...
-Sans doute... Mais évite : ça me rend nerveux.
Ce fut au tour de la quarienne de sourire. Neil ne la voyait pas derrière son masque, mais savait parfaitement ce que son visage s'était éclairé...

Liirha se prépara en une vitesse record. En moins d'une demie-heure, elle était prête et à peu près éveillée. Neil achevait de consulter quelques documents sur son objectif.
Il s'agissait d'atteindre physiquement un groupe de serveurs installés confortablement dans un des nombreux bureaux que comptait le Présidium. Les bureaux ciblés étaient ceux d'une compagnie d'origine humaine assez peu connue par les non-initiés. Cette compagnie, du nom de Fincal, s'occupait principalement de la gestion de portefeuilles d'actions et d'opérations boursières auprès de grands groupes financiers et de quelques nantis...
Liirha ne voyait pas ce que Neil pouvait vouloir et qui soit dans les locaux de cette entreprise. Mais au matériel qu'il portait avec lui, ça devait être important. L'avocat avait, dissimulé sur lui, deux passerelles réseau reliées à l'extranet. Il voulait extraire des informations en grand nombre et rapidement, manifestement...

Le duo quitta l'hôtel vers 7h45 et rejoignirent un taxi. Le véhicule commença à parcourir le Prédisium, jusqu'à atteindre une terrasse où se trouvait un café. Neil fit signe à Liirha et demanda au véhicule de se poser. La quarienne en sortit et rejoignit l'une des tables en terrasse, commandant une boisson auprès d'un serveur.
Neil fit redécoller le véhicule et parcourut encore quelques centaines de mètres avant de se poser à nouveau, devant les locaux de Fincal cette fois.
Il en sortit, rajusta sa veste et saisit sa mallette avant de rejoindre d'un pas assuré l'entrée des bureaux de l'entreprise.
Il passa le pas de la porte et fut accueilli par un employé qui lui demanda la raison de sa visite. Neil sortit de sa poche une carte de visite et la lui tendit. L'employé la contempla un moment avant de le conduire à un bureau situé à l'étage. Arrivés à la porte du bureau, l'employé frappa deux coups à la porte. Une voix masculine répondit d'entrer. L'employé s'exécuta et proposa à Neil de le suivre. Tout deux pénétrèrent dans le bureau.
Un homme d'un certain âge se leva de son bureau de métal et de verre et vint à la rencontre de l'avocat. Il lui tendit sa main, que Neil serra par politesse. Puis, l'homme prit la carte que lui tendit l'employé :

-Monsieur Da Ponte ? Bienvenue au siège de Fincal, je suis M. Nicolson, le directeur du département investissement et relations clients.
-Enchanté, monsieur Nicolson.


Liirha posa son verre devant elle. Le jus de fruit dextro-aminé était frais et délicieux et le soleil -bien qu'artificiel- particulièrement clément. Elle soupira de plaisir. Puis, affichant son omnitech et l'afficheur intégré à son casque, elle se connecta à l'holoviseur de Neil. Une image apparut soudain et montra ce que son partenaire voyait à l'instant même. Apparemment, il discutait avec un humain, fort bien vêtu et à l'allure dynamique. Sa chevelure grisonnante et ses traits témoignaient d'un certain âge...
La quarienne soupira une seconde fois en les entendant parler d'argent et de placements. Elle fut de même surprise d'entre l'interlocuteur de Neil nommer son partenaire « M. Da Ponte ». Mais elle se remit de ses émotions en buvant une nouvelle gorgée de son jus de fruit...

Il n'avait pas fallu longtemps à Liirha pour qu'un agent du SSC débarque dans le coin. Une ronde matinale, sans doute. Ou une dénonciation. Peut être. Les quariens étaient mal vu au sein du Présidium. En fait, ils l'étaient un peu partout sur la station et l'ensemble de l'espace concilien...
L'agent papillonna un moment avant de rejoindre la terrasse et la table de la quarienne et lui demander ouvertement de quitter les lieux dans les plus brefs délais.
Liirha tenta de lui expliquer qu'elle ne faisait rien d'autre que de prendre un verre -qu'elle avait payé- et ce sans histoires.
Le fonctionnaire ne paru pas la croire. Il demanda même au patron du café si ce qu'elle disait était exact. Le patron confirma les dires.
L'agent fut d'abord désappointé, avant de revenir à ses injonctions : Liirha devait -selon lui- quitter de suite les lieux, sous peine de se retrouver en prison pour le reste de la journée. Si ce n'est plus.
La quarienne n'entendait pas les choses de cette oreille. D'autant que pendant ce temps, Neil continuait son cinéma sans se douter des problèmes rencontrés par son amie...

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L'avocat, assit, posa sa mallette sur ses genoux.
-Ainsi, M. Da Ponte, vous désirez faire appel à nos services ?
-Tout à fait, M. Nicolson. Je représente une personne possédant un portefeuille d'actions équivalent à un montant de 150 millions de crédits.
-Puis-je connaître le nom de cette personne ?
-Elle a spécifié expressément ne pas vouloir révéler son identité. Elle tient à rester anonyme. Je serais votre seul intermédiaire entre elle et vous.
-Mais bien sûr, nous sommes habitués à ce genre de procédure. Il suffira de placer les actions sous numérotation spécifique. Nous avons une procédure pour les clients très...exigeants.
-Je ne suis pas chez vous par hasard, M. Nicolson : votre réputation vous a précédée.

En vérité, ce n'était pas la réputation qui l'avait précédé. C'était plutôt l'ouverture d'un des serveurs de la Fincal à la visibilité extranet qui avait motivé Neil -alias M. Da Ponte- à demander rendez-vous.
L'entretien s'était jusqu'à présent bien passé. Nicolson avait demandé des garanties, que lui avait fourni Neil. Les documents présentés étaient bien évidemment falsifiés, mais seulement partiellement : il s'agissait pour la plupart des documents relatifs aux actions financières de Hélène. Hélène était bien entendu le pseudonyme sous lequel Neil et Liirha avaient pris le contrôle financier du Hock Investment Fund...
Les documents avaient été retravaillés par Neil pour offrir une parfaite illusion. Ainsi, les documents correspondaient effectivement à une personne, mais les comptes étant secrets, il était impossible de vérifier avec précision l'exactitude des chiffres avancés par l'avocat auprès du financier. Cela paraissait ainsi tout à fait crédible et tout à fait correct. La supercherie était pour ainsi dire parfaite.
Ainsi, M. Da Ponte allait s'attacher les services de la Fincal pour la gestion d'un portefeuille d'actions qui n'existait -presque- pas. Le tout sans que personne ne sache à qui appartienne ledit portefeuille. Bien évidemment, Neil ne signerait aucun engagement : il suffisait que Nicolson le croit.
Ainsi, Neil acheva l'entretien en demandant à Nicolson que lui soit acheminé sur son adresse extranet privée -adresse bidon- une première mouture du contrat. C'est en sachant pertinemment que l'adresse serait détruite à peine une heure plus tard qu'il proposa ce mode opératoire au directeur des investissements et relations clients de la Fincal. Ce dernier approuva et assura Neil de la diligence de ses services juridiques à la rédaction de ce contrat. Ils se levèrent, se saluèrent et se dire au revoir. Un au revoir qui sonnait comme un adieu pour Neil.
Nicolson proposa à l'avocat de le reconduire. Il refusa poliment, prétextant connaître le chemin. Et, sans autre fioriture, les deux hommes se quittèrent.
Refermant la porte du bureau de Nicolson, Neil activa son holoviseur et visionna les plans des bureaux à la recherche du chemin des serveurs...

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Une humaine venait d'intervenir en la faveur de Liirha, laquelle était toujours harcelée, assise à sa table en terrasse. Une humaine qui venait défendre une quarienne. Parmi toute les races conciliennes, ça ne pouvait être qu'une humaine. Liirha sourit devant cet espèce de répétition du destin. D'abord Neil, ensuite cette femme. Soit elle devait attirer l'empathie, soit les humains appréciaient les quariens...
L'humaine en vint à menacer l'agent du SSC d'appeler un certain Chellick. A voir la réaction de l'officier, ce devait être quelqu'un d'important, puisqu'il sembla un instant se figer. Mais les efforts de sa « protectrice » ne suffirent pas, puisqu'il revint à la charge en commençant à chercher des noises non seulement à la quarienne mais aussi à l'humaine :

-Que vous connaissiez Chellick ne change rien ! Je pourrais vous coffrer pour complicité de vagabondage. Ou pour port d'arme illégal, peut être. L'agent désigna l'arme que portait l'humaine en affichant un sourire narquois.
-Excusez-moi, monsieur l'agent... Fit timidement Liirha, en sortant d'une de ses poches deux documents.
-Quoi ? Taisez-vous et foutez le camp avant que je vous coffre toute les deux ! S'emporta-t-il en se tournant vers la quarienne.
-J'aimerais d'abord que vous preniez connaissance de ces documents. Dit la quarienne en les tendant à l'officier.
Ce dernier s'en saisit d'un geste brusque, foudroyant du regard la quarienne. Il posa les yeux sur le premier et son visage se mis à changer d'aspect progressivement, à chaque nouvelle ligne lue.
Il s'agissait en fait d'un passe magnétique de haut niveau à son nom pour les étages administratifs de la HIF sur Bekenstein et d'une ancienne lettre d'attestation de services rédigée par Neil quelques trois mois plus tôt, alors que ce dernier était encore président du groupe. Le second document était une simple carte de visite de l'avocat avec ses coordonnées et une inscription manuscrite faite de sa main : « A ma grande amie Liirha'Vonan nar Gesko. »
L'agent resta un instant interdit. Qu'est-ce que c'était que cette affaire ?

-Vous connaissez cet homme ?
Liirha acquiesça :
-On travaille ensemble. D'ailleurs, vous m'avez interrompue pendant que je travaillais.
L'agent émet un rire sarcastique quoique mal assuré :
-Oh, vraiment ?
-Oui. Répondit-elle sèchement. Je travaille avec Neil...Me Jors sur un dossier confidentiel. Vous seriez bien aimable de cesser de m'importuner.
L'officier du SSC resta interloqué. Une quarienne venait de le rembarrer. Une quarienne qui connaissait un avocat humain talentueux, évoluant dans les hautes sphères de la finance de Bekenstein et avait remporté pour ses clients plusieurs procès ambigus et incertains par le passé. Le genre d'avocat pointilleux et casse-couilles, apte à briser une carrière en quelques mots. Et elle le connaissait suffisamment intimement pour l’appeler par son prénom.
Ça et l'humaine qui connaissait son chef direct au point de connaître son numéro direct...
C'était trop. Trop risqué, trop incertain. Prit d'un horrible doute, il préféra se retirer un peu précipitamment après avoir bafouiller vaguement quelques mots d'excuse.

La quarienne rangea ses documents et posa pour la première fois réellement ses yeux sur l'humaine qui lui était venue en aide.
Elle fut étonnée de constater à quel point sa tenue ressemblait à sa propre combinaison. Cette similitude était due à sa combinaison, sans conteste de facture quarienne bien qu'adaptée à la physiologie humaine, ainsi qu'à l'étoffe, elle aussi d'origine quarienne, que portait l'humaine. Elle la portait comme une quarienne, nouée autour de son corps et se finissant par une capuche recouvrant sa tête. Capuche qu'elle n'avait pas revêtue présentement, découvrant ses traits harmonieux.
Loin du charme que pouvait avoir Neil, elle dégageait une aura bien différente. Sa peau était plus sombre que celle de l'avocat et la structure de son visage différait beaucoup. Liirha se rappela ce qu'elle avait lu à propos des humains et de leurs différences morphologiques. Elle classa ainsi de façon incertaine les origines de l'humaine entre l'Asie et l'Europe. Tel un écrin pour un couple d'émeraudes, son visage était surmonté de deux yeux d'un vert électrique captivant. Liirha s'y serait noyée avec plaisir si elle n'avait cherché à la détailler rapidement. Elle avait toujours trouvé les yeux humains fascinants...
L'humaine possédait de longs et magnifiques cheveux d'un noir de jais à en faire pâlir d'envie une quarienne. Par chance, Liirha n'avait pas non plus à se plaindre de sa chevelure, mais eut l'envie d'aller toucher celle de l'humaine, qui semblait très douce au toucher.
Quittant un instant le visage pour s'intéresser à son corps, la quarienne constata qu'elle avait à faire à une beauté suivant les canons humains. Cette femme était svelte mais sa combinaison trahissait une musculature discrète et pourtant finement sculptée. Elle était fine, féline. Ses formes généreuses se dessinaient, pour ainsi dire parfaites, sous sa tenue.
Liirha n'avait passé que quelques secondes à détailler l'humaine et pourtant cela lui avait paru des heures. Elle essaya de reprendre sa contenance habituelle avant de s'adresser à sa sauveuse :

-Merci pour votre aide : il était du genre collant.
Puis, lui proposant de s'installer en face d'elle :
-Puis-je vous offrir quelque chose à boire ?

L'avocat traversa un couloir où des portes, de part et d'autres, semblaient mener à des bureaux divers. Les affichages holographiques orangés indiquaient les noms et les qualités de leur propriétaires.
Avançant d'un pas silencieux mais alerte et assuré, Neil traversa le couloir. Sur son holoviseur défilaient les plans des locaux. Quelques voix s'élevaient parfois de l'un ou l'autre des bureaux qu'il croisait. Sans doute des employés en pleine communication avec l'un ou l'autre des clients de la Fincal...
Cela n'intéressait pas l'avocat. Il n'était pas ici pour espionner les activités de l'entreprise. Au contraire, il s'en moquait éperdument. Il s'arrêta soudain à côté d'une porte et en vérifia les indications. « Bureau de M. Don, conseiller. » pouvait-on lire à côté de la porte. Etrange... D'après les plans, ce devait être l'une des salles réservées aux serveurs. Neil leva un sourcil. C'était étonnant. Quoiqu'à la réflexion, la Fincal avait peut être embauchée du personnel et n'avait trouvé mieux comme bureau pour ce M. Don... Se retenant d'ouvrir pour éviter de tomber par inadvertance sur le conseiller en question, Neil alla à la porte d'à côté. Les inscriptions indiquaient bien cette fois la présence de serveurs. Il esquissa un léger sourire amusé : « Ah, les voilà enfin... »
Jetant un rapide coup d'oeil à gauche, puis à droite, il posa sa main sur la poignée et entra dans la pièce. Il referma délicatement derrière lui. Quittant la porte, il découvrit un ensemble de terminaux reliés en réseaux et montés à l'intérieur de boitiers métalliques. Quelques lumières clignotaient sur chacun de ces boitiers, indiquant sans doute leur niveau d'utilisation. Tout ces boitiers emplissait la pièce d'un concerto assourdi de ventilateurs, auquel s'ajoutait le ronronnement de l'air conditionné. La température n'était pas désagréable, mais sans conteste plus chaude que le couloir ou le reste des locaux de la Fincal...

Avisant le premier des boitiers, Neil en vérifia des yeux la structure. Apparemment, un écran holographique permettait d'accéder en temps réel aux caractéristiques et données du serveur manipulé. Activant son omnitech, l'avocat transmis un programme créé par Liirha au serveur. Ce programme lança, de façon imperceptible, la recherche du serveur comptant les informations qu'il désirait. La barre de progression avança lentement, prenant plusieurs minutes pour enfin s'achever.
Le résultat de la recherche décontenança Neil. Les informations qu'il cherchait existaient, des références et quelques brides de code le mentionnait. Mais les chemins d'indexage indiquaient une rupture des connexions avec le serveur les abritant.
L'avocat resta un instant perplexe. Puis, se reprenant, il regarda rapidement si l'un des serveurs se trouvait déconnecté, ou hors tension. Mais tous semblaient fonctionner à merveille. Dans le doute, Neil se rapprocha du boitier qu'il avait infiltré. Il ouvrit sa mallette et sorti une paire de gants, qu'il enfila. Puis, il sortit deux petits disques. Il ouvrit le boitier et plaça le premier disque contre l'un des terminaux du serveur, à proximité de son système de transfert de données. Puis, satisfait, il referma soigneusement le terminal, et le boitier du serveur.

Restait la question du serveur disparu... Où pouvait-il se trouver ? Une idée folle atteignit son cerveau. Il en aurait le cœur net. Quittant silencieusement la salle des serveurs, il regagna la porte du soit-disant bureau de M. Don. Neil posa son oreille contre la porte. Pas de bruit. Soit M. Don était absent, soit il n'existait tout simplement pas...
Neil ouvrit doucement la porte, risquant un coup d’œil à l'intérieur.
Quelle ne fut sa surprise de découvrir un vrai bureau au milieu de la pièce. Il s'agissait donc bien de ce que l'affichage holographique indiquait à l'entrée ?! L'avocat referma la porte derrière lui et examina la pièce. Mis à part le bureau et un fauteuil en cuir, il n'y avait d'autre meubles que plusieurs grosses armoires comptant une certain nombre de tiroirs. Refermant sans doute les documents papiers détenus par la compagnie...
Désirant en avoir le cœur net, il ouvrit l'un de ces tiroirs.
Et effectivement, s'y trouvait une multitude de dossiers papiers. Il en prit un au hasard, par curiosité, et y jeta un œil. Le dossier paraissait tout ce qu'il y a de plus officiel. Aussi le replaça-t-il en ordre. Alors qu'il allait refermer le tiroir, il tendit l'oreille. Un léger ronronnement semblait émaner de l'intérieur du meuble.
Neil referma ce tiroir pour ouvrir celui se trouvant un peu plus bas. Le tiroir ne s'ouvrit pas comme l'autre : au grand étonnement de l'avocat, il s'ouvrit comme une porte de placard. Et derrière se trouvait un serveur caché, d'un modèle plus évolué que ceux se trouvant dans la pièce d'à côté. Activant son omnitech, il implanta le programme de recherche de Liirha. La réponse fut rapidement donnée : plusieurs dossiers complets contenaient des références directes à ce que recherchait Neil. Il tomba même sur une copie conforme d'un des documents qu'il avait pu dénicher au hasard.
Ce serveur avait été, accidentellement ou non, relié à l'extranet durant une durée déterminée...
L'avocat se saisit du second disque traceur/émetteur et l'installa sur le serveur, comme il l'avait fait pour le précédent. Il en vérifia le fonctionnement, puis remit tout en place, ne laissant aucune trace de son passage. Avant de sortir, il envoya à Liirha le feu vert pour le téléchargement des données qui l'intéressaient. Puis, son forfait accompli, il prit la direction du hall d'entrée de la Fincal.
Lorsqu'il passa le pas de la porte, quittant l'entreprise de conseil et de gestion, il ne s'était écoulé qu'une dizaine de minutes depuis son départ du bureau de M. Nicolson...

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La jeune femme qui lui faisait face semblait particulièrement amicale. Et elle semblait aussi apprécier les quariens, ce qui augmentait confortablement son capital sympathie auprès de Liirha.
Le serveur lui apporta sa boisson -un cocktail de fruit-.

-J'espère que je ne vous dérange pas dans votre travail Mademoiselle ? Vonan c'est ça ? Désolé, j'ai lue la carte de visite que vous avez tendue au garde du SSC... Je m'appelle Layla Archer.
Ce disant, elle lui tendit la main au dessus de la table, main que Liirha serra amicalement.
-Enchantée, mademoiselle Archer. Vous pouvez m'appeler Liirha...
La jeune quarienne activa son omnitech une seconde, comme pour vérifier quelque chose, avant de revenir sur l'humaine. Layla.
-Non, vous ne me dérangez pas du tout. Je ne l'ai pas encore commencé en réalité. Mais je ne peux vous en dire plus pour le moment. C'est assez... confidentiel.
Liirha bascula le suivi des péripéties de Neil sur son afficheur tête haute, sur son casque. Elle activa un affichage à faible luminosité, afin de ne pas trahir l'activation du dispositif...

Revenant sur Layla, la quarienne ne pu s'empêcher une fois de plus de fixer les vêtements de Layla. Sa combinaison était trop... quarienne. Ça ne pouvait être une copie d'une des leur, puisqu'elles ne quittaient jamais leur propriétaire. Ou alors avait-elle tué une quarienne pour s'approprier sa combinaison ? Non, ça ne semblait pas être le genre de cette humaine qui au contraire, se jetait au secours d'une quarienne inconnue en proie aux accusations d'un officier du SSC...
Ou alors l'avait-elle ramassée sur le cadavre d'une quarienne ? Peu probable une fois de plus. Son instinct lui indiquait que ce ne pouvait être le cas. Layla ne paraissait pas capable de faire ce genre de chose... Mais alors quoi ? Comment une humaine pouvait-elle avoir en sa possession un exemplaire des combinaisons les plus rares de la galaxie ?
Liirha se rendit compte que Layla l'observait elle aussi. Cela faisait sans doute un moment qu'elle se tenait silencieuse, à tourner la question sous tout ses angles.
Cessant de tergiverser plus longtemps, elle entreprit de lui poser la question :
-Je...je me posais justement une question : comment...
La quarienne fut interrompue par le signal de Neil.
Ce dernier venait de poser ses mouchards et d'envoyer à Liirha le signe convenu pour qu'elle débute son « travail »...
-Oh... Excusez-moi, je dois absolument faire quelque chose...

Activant son omnitech, Liirha déclencha le processus de téléchargement des données des serveurs de la Fincal. Elle vérifia rapidement l'état des pare-feux de la société et craqua leurs codes systèmes. Entrouvrant une brèche discrète dans les protections de la société, elle lança la copie des fichiers et en suivit le transit à travers un maillage de noeuds extranet savamment choisis, destinés à rendre le traçage impossible. Une barre de progression s'afficha sur son hud. Tout fonctionnait. Et à un débit régulier et élevé, qui plus est...
Ses doigts s'agitant à toute vitesse sur son omnitech, elle modifia les fichiers des caméras de surveillance dans le but de masquer le fait que Neil ne soit pas allé directement en direction du hall d'entrée au sortir du bureau de M.Nicolson. Elle falsifia aisément les images, les recréant pour les substituer à celles captées par le système de surveillance des bureaux de la Fincal.
En quelques minutes, elle remplaça les fichiers de la sécurité tout en gardant un oeil sur la progression du téléchargement. Elle s'amusa même à jeter un autre oeil à travers l'holoviseur de Neil. Ce dernier quittait à l'instant, d'un pas nonchalant, les locaux de la Fincal...
Lorsqu'elle éteignit enfin son omnitech, elle se rendit compte que Layla semblait avoir observée tout ses gestes. Essayant de se donner une contenance, la quarienne prit son verre et but quelques gorgées.
-Je suis désolée de vous avoir fait patienter autant... Cherchant à toute vitesse la question qu'elle voulait lui poser, elle la retrouva à l'instant où elle posait son verre :
-Vous semblez bien connaitre les quariens, n'est-ce pas ?
Liirha avait appliquée une des subtilités que lui avait transmis Neil. Cela consistait à déguiser une de ses questions sous une apparence anodine pour en apprendre plus. C'était une façon -plus élégante aurait-il dit, s'il avait été présent- de demander comment elle avait pu obtenir sa combinaison et pourquoi elle lui était venue en aide.
Mais, sans qu'elle ne put se le cacher, cette jeune femme l'intriguait autant qu'elle lui semblait sympathique. Et la curiosité était pour Liirha un moteur perpétuellement à plein régime.

Ce fut comme si l'on venait de l'assommer. Layla parlait le khélique comme une quarienne ! La surprise la figea un moment. Le temps qu'elle digère la révélation.
Liirha chercha dans sa mémoire tout en scrutant la jeune femme. Les humains parlant le khélique n'étaient pas nombreux. Et ceux qui le parlaient comme s'ils étaient nés sur la Flotte l'étaient encore moins...
La quarienne se rappela alors quelques conversations passées avec son père. Elle avait l'habitude de l'appeler régulièrement pour prendre de ses nouvelles et de celles de la Flotte Nomade. Mais ce n'était jamais très souvent pour de multiples raisons. Principalement par manque de temps, de moyen de communication fiable ou simplement oubli de sa part... Mais elle prenait toujours plaisir à discuter avec son seul parent. Lequel aimait beaucoup sa fille. Liirha faisait en sorte, en retour, qu'il soit fier d'elle. Les conversations n'étaient pas fréquentes mais en contrepartie duraient longtemps. Très longtemps.
Leur dernière communication remontait à quelques mois désormais... La quarienne inscrivit dans un coin de sa mémoire de l'appeler dans les prochains jours.

Liirha se rappela que son père lui avait parlé assez brièvement d'un nouveau capitaine un peu particulier. Un capitaine humain. Une femme qui aurait offert ses services et sa loyauté à la Flotte, au grand étonnement de beaucoup. La taille et la nature de ces services avaient grandement contribués à améliorer les conditions de vie sur la Flotte. On lui aurait même attribuée le titre de « capitaine de la Flotte Nomade ». Le père de Liirha, un peu conservateur, ne savait trop quoi dire de cette nomination. Elle n'était certes pas quarienne, mais il semblait la respecter pour ses talents et son aide précieuse. Il ne s'arrêtait pas à de vagues considérations raciales, montrant au contraire un certain respect et intérêt à toute personne lui proposant son aide. Un trait que Liirha avait hérité de lui...
Layla devait sans doute être cette femme. Plus elle la détaillait du regard et plus ça lui paraissait évident. Des détails ne trompaient pas. Sa façon d'agir, ses gestes, sa connaissance de la langue, sa combinaison de facture quarienne...
Et cette façon de scruter le moindre des gestes de son interlocuteur. Les deux yeux vert électrique de Layla la parcouraient sans interruption, comme cherchant à graver le moindre détail du corps de la quarienne dans sa mémoire. C'en était presque troublant au vu de l'intensité du regard de l'humaine.
Liirha en vint à se demander si elle agissait ainsi avec tout le monde ou si c'était elle en particulier qui excitait sa curiosité. Pourtant, elle devait avoir croisée par mal de quariennes si elle était bien qui Liirha pensait qu'elle était...

-Comment vous êtes parvenue à devenir l'associé d'un avocat comme Neil Jors?
Et oui, comment ? Liirha aurait été bien en peine de le dire, de but en blanc. Elle même ne savait pas trop comment elle s'était retrouvée associée de Neil. Elle était d'ailleurs bien plus qu'une simple associée : elle était une amie proche. Sans doute même la seule à qui l'avocat ai jamais pu faire confiance à 100%. Et cette confiance était réciproque : elle lui aurait confiée sa vie autant que lui la sienne.
Liirha jouait avec son verre, ses deux mains dessinant des arabesques autour du verre, les yeux distraitement posés sur ce dernier. Elle porta alors le verre à son conduit d'induction d'urgence et aspira une gorgée de sa boisson avant de le reposer. Prenant une aspiration et fixant Layla droit dans les yeux :
-C'est une longue histoire... Vous êtes sûre de vouloir l'entendre en entier ?
Devant le visage curieux de l'humaine, illuminé de ses deux émeraudes brillantes, Liirha se lança :
-J'ai quittée la Flotte il y a un peu moins de quatre ans pour mon Pèlerinage. Après plusieurs recherches infructueuses, j'ai finie sur la Citadelle, espérant trouver quelque chose à rapporter aux miens. J'étais à court d'argent. Un groupe de Soleil Bleu m'a proposé du travail. J'ai accepté. Il s'est avéré qu'ils cherchaient en fait un bouc émissaire à laisser sur place une fois leur méfait accompli. C'est comme ça que je me suis retrouvée accusée de meurtre par le SSC. Alors que j'allais passer en jugement, Neil a pris la place de mon avocat commis d'office quelques jours avant la première audience. Il m'a rassurée, m'a dit qu'on s'en sortirait. Il m'a défendu avec détermination et efficacité. Un mois et demi plus tard, j'étais acquittée. Je me doutais que c'était un bon avocat, mais je ne pensais pas qu'il l'était autant lorsque j'ai vu ses tarifs. Bien sûr je ne pouvais pas payer, mais il ne m'a jamais demandé de le faire. Nos chemins se seraient sans doute séparés si je ne lui avais pas demandée de le suivre. Il a accepté. On a alors commencés à travailler ensemble, lui poursuivant sa carrière et moi l'épaulant principalement comme secrétaire. Puis nous avons appris à nous connaître : nous avons sympathisé jusqu'à devenir des amis très proches, puis de véritables partenaires, l'un veillant sur l'autre lorsque c'est nécessaire. Et voilà.

Liirha acheva son monologue en jouant avec son verre. Sa longue tirade lui avait asséché la gorge. Elle pris une fois de plus une gorgé de son jus de fruit via son conduit d'induction d'urgence. Ses yeux captèrent une question silencieuse, pourtant presque écrite dans l'expression du visage de Layla. La quarienne sourit et haussa les épaules en signe d'amusement :
-Nous sommes amis, rien de plus.
Elle baissa les yeux sur son verre, amusée de ce qu'avait pu penser l'humaine.
Puis, se redressant et plantant son regard dans celui de Layla, elle suivit la voie tracée par l'humaine et enchaina sur une autre question :
-Et vous ? Parlez-moi de vous. Que faites-vous dans la vie ?

Qu'elle aimait parler avec des humains. Leurs traits changent constamment pour exprimer leurs émotions. Si cela pouvait paraître difficile à décrypter au premier abord, c'était devenu un jeu d'enfant pour Liirha. Sans doute était-ce à force de côtoyer des individus de cette espèce. Ou alors le fait qu'ils soient finalement physiquement très proches des quariens...
Mais le gros plaisir de Liirha était de profiter de leur visage. Simplement. L'harmonie de leurs traits, les expressions qui y défilaient, la couleur et la forme de leurs yeux, de leurs lèvres, la coupe de leurs cheveux... Toutes ces choses qui restaient cachées derrière un masque chez les siens. Des trésors inestimables qui s'offraient à des yeux n'ayant jamais vraiment eu l'occasion d'en profiter.
Si pour les turiens, asaris, humains ou galariens c'était quelque chose de commun, il en était tout autre pour elle et les siens.
Et elle ne se lassait pas d'admirer le visage de Layla. En plus du reste de sa combinaison finement ajustée, cela va sans dire. Toutefois, elle pouvait se le permettre sans trop attirer l'attention de la jeune femme, puisque cachée derrière la paroi semi-opaque de son masque. Quoiqu'elle se doutait que l'humaine était habituée à « voir » -pour ne pas dire deviner- au travers...

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Neil venait de rejoindre leur hôtel. Tout s'était passé sans encombre, comme il l'avait prévenu. Il s'autorisa un soupir de satisfaction, avant de prendre la direction du bar.
Se laissant glisser dans l'un des fauteuils en cuir jouxtant le bar, il vit presque aussitôt arriver un serveur humain auprès duquel il commanda un cigare du Honduras et un single malt irlandais de 18 ans d'âge, sec.
Le serveur s'empressa d'honorer la commande, qu'il apporta avec élégance à Neil. Ce dernier le remercia et lui offrit un pourboire.
Après l'avoir préparé et allumé, Neil porta son cigare à ses lèvres et entreprit de le déguster accompagné de son morceau d'Irlande liquide, ambré et tourbé.
Il avait les informations qu'il voulait. C'était l'essentiel...
Activant son omnitech, il écrivit un bref message à Liirha, lui indiquant qu'il était à l'hôtel si elle le cherchait et qu'il la préviendrait de tout déplacement futur, s'il devait en faire...