[Joab] Pèche urbaine au Volus ? Jamais sans une bonne bière !

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Trois semaines après l'incident sur Asteria
Nébuleuse de la Rosette, système Enoch
Joab, New Jericho

Isïana commanda un deuxième verre. Un cocktail sans alcool cette fois-ci. Elle et Narillia se trouvaient sur une colonie humaine des systèmes Terminus. Deux mignonnes Asaris ne passaient pas inaperçu dans le coin et on leur avait adressé plusieurs regards pour le moins, déplacé. Elle préférait donc rester la plus sobre possible, au cas où. De son côté, son amie Asari venait tout juste de se remettre de sa blessure qu'elle avait reçue sur Asteria et elle s'était contentée de prendre un verre d'eau aromatisé.

Le groupe s'était rendu par la suite vers la Nébuleuse de la Rosette parce qu'ils avaient eu vent que de l'élément zéro se trouvait dans le système d'Enoch. A leur arrivée, Houjili et Onthron avaient réalisé un rapide balayage de la zone et ils avaient confirmé que de l'ézo se trouvait sur deux planètes du système, dont Joab, la planète où les deux Asaris se trouvaient actuellement.

Leur vaisseau avait atterri en périphérie de la cité et seules les deux Asaris avaient quittés le vaisseau, histoire de faire un tour et prendre un verre toutes les deux. L'architecture en hauteur et les grandes places à la surface lui rappelait un peu Thessia - sa planète natale. Même si ici, les bâtiments étaient bien moins anguleux et harmonieux. Mais cela restait tout de même joli à voir. Seuls les différentes passerelles coupant parfois les rues la choquaient un peu. D'un autre côté, elle s'en fichait, elle n'était pas venue pour admirer la décoration locale.

La serveuse qui avait prise leur commande revint avec un plateau . Isïana prit le grand verre que l'humaine venait de poser sur la table. Elle le prit à ses lèvres. Elle reconnut immédiatement le goût de la pomme, ce fruit originaire de la Terre dont l'Asari était accro. Elle frissonna de plaisir. Elle ignorait pourquoi mais cet arôme produisait en elle le même effet qu'une drogue. Elle ne fit même pas attention aux autres fruits même si elle crut discerner de l'ananas.

Elle but la moitié du verre d'une traite. Narillia la regarda en souriant, amusée. Isïana la regarda après avoir passé sa main sur ses lèvres. Elle fixa son amie et leva un sourcil interrogatif, ce qui déclencha un petit rire chez celle-ci.

- Un jour, ce fruit te perdra , finit-elle par réussir à dire après s'être rapidement calmée.
- Je sais, répondit-elle, énigmatique.

Le visage de Narillia se rembrunit un instant, croyant qu'Isïana avait répondu sérieusement. Il redevint radieux quand Isïana se mit à rire à son tour. Elle porta sa main au visage et soupira. Elles continuèrent à discuter quelques minutes et Isïana finit par terminer son verre, celui de Narillia étant vide depuis un moment.

Elles ne firent donc pas attention à un humain assez grand et gros qui s'approchèrent de leur table. L'ombre qu'il projeta sur la table firent lever les yeux des deux Asaris dans sa direction. Et l'odeur leur firent lever le cœur. Isïana se força à ne pas réagir de manière impolie mais se ne fut pas le cas de Narillia, qui était un peu à cran depuis leur arrivée dans le bar. Elle jeta un regard mauvais en direction de l'humain pour lui signifier clairement qu'il les importunait.

- On peut vous aider?, tenta Isïana, diplomate.
- Je vous observe depuis tout à l'heure, vous êtes sacrément bonnes, dis donc! lança-t-il simplement sans la moindre once de tact, reluquant pleinement les poitrines des deux Asaris.
- Euhhh ..., se contenta d'émettre Isïana comme son, trop surprise par les paroles de l'homme pour savoir quoi répondre.
- On dit mater, dans ce cas-là. Et on peut pas en dire autant de vous., ajouta-t-elle en regardant rapidement le malotru de la tête au pied.
- Georges, mais laisse ces deux femmes tranquille, veux-tu! lança la serveuse en passant à côté de leur table. Tu ne vois pas que tu les déranges.
- Toi, me parles pas comme ça, conasse! s'énerva l'homme en levant son poing
- Allons, allons, calmez-vous, il n'y a pas de raison de s'énerver, lança doucement Isïana, pour pondérer les ardeurs de l'homme corpulent.
- Je m'énerve si je veux. Et je vous veux toutes les deux dans mon lit, mes mignonnes! ajouta-t-il en grognant grassement et bombant le torse, ce qui eut pour conséquence de bien montrer son ventre imposant, au plus grand dégoût des deux Asaris.
- Je ne pense pas, mon gros, rétorqua-t-elle en accentuant le dernier mot avec mépris.

Les environs de leur table étaient devenus silencieux et se fut lorsqu'il y eut un petit flottement le temps que l'homme s'énerve - laissant un blanc dans la discussion - qu'Isïana s'en rendit compte. Elle jeta furtivement un regard au alentour. Les clients les regardaient, attendant la suite d'évènement. Il semblait que le fameux Georges était un habitué de ce bar. Même la serveuse s'était figée, son plateau où était entreposée quatre verres remplis entre les mains.

Puis tout se précipita. L'humain grogna et leva violemment la table qui s'envola et manqua de peu d'atterrir sur celle de deux autres clients. Isïana et Narillia se levèrent de leur siège simultanément et profitèrent du mouvement pour éviter les deux bras de Georges et passer derrière lui. Celui-ci se retourna et grogna à nouveau. La serveuse s'était enfuie en direction du bar et plusieurs clients s'étaient en hâte éloignés des deux Asaris et de leur agresseur.

- Un peu lent, tu devrais faire un régime , lança Narillia en ricanant, ce qui fit rire Isïana mais énerva un peu plus Georges.

Avant qu'il ne fasse quoique soit, Isïana lança une singularité après s'être concentrée pour la créer durant le laps de temps entre l'attaque de l'humain et leur position actuelle. L'attaque biotique l'atteignit de plein fouet et il se mit à léviter doucement. Il y eut quelques cris de surprises. Sans doute certains colons n'avaient-ils jamais croisés de biotiques. Ou en tout cas en pleine action.

Isïana et Narillia dégainèrent leur Stilleto respective qu'elles transportaient toujours avec elles lorsqu'elles débarquaient sur une planète inconnue et le pointèrent dans la direction de l'homme. Ce dernier lançait à tout va que le traducteur d'Isïana peina à transcrire. Elles avancèrent doucement dans sa direction, leurs armes toujours braqués sur lui.

La singularité se dissipa finalement et Georges retomba lourdement au sol, sur le dos. Il poussa un cri de surprise puis grogna de douleur, ce qui lui octroya un grognement amusé de Narillia en retour. Celui-ci regarda les deux Asaris, enragé, mais ne fit rien.

- Tu vois quand tu veux.
- Bon, maintenant, tu vas te relever doucement et partir gentiment d'ici.
- Sinon quoi? grogna-t-il en reniflant bruyamment.
- Tu vois ces flingues? dit Narillia tout en montrant les deux Stilletos des Asaris du regard. Eh ben, c'est pas que pour faire joli, ajouta-t-elle avec un sourire menaçant une fois que l'humain est hoché la tête.

Soudain, un coup de feu se fit entendre. Isïana et Narillia se regardèrent mutuellement. Aucunes d'entre elles n'avaient tiré. De son côté, Georges avait porté ses mains devant lui et tremblait comme une feuille. Très loin de l'image agressive qu'il arborait auparavant. Elles regardèrent les environs du bar rapidement. La plupart avait déserté le bar suite à l'affrontement et la reste se tournait vers une fenêtre donnant vers le sol.

- Là bas, il y a des coups de feu! cria une jeune adolescente, visiblement paniquée.

Narillia sortit rapidement du bar. Isïana rejoignit la serveuse qui la regardait, complètement terrifiée. L'Asari pianota sur son OmniTech et paya leur commande, plus un supplément pour les frais de réparation.

- Et voilà pour vous. Et encore désolée pour le dérangement.
- Euh ... m-m-merci, bredouilla-t-elle en regardant bêtement Isïana, complètement tétanisée.

Isïana fit un sourire chaleureux à la serveuse pour tenter de la calmer mais se dépêcha de rejoindre Narillia. Celle-ci était accolée à une balustrade et avait sortit sa mitraillette Locust M-12, son Stiletto rangeait dans un holster. Isïana s'approcha d'elle tout en regardant en bas.

- Y a des affrontements là-dessous. Par contre je serai bien incapable de te dire qui est contre qui. On fait quoi?
- Bonne question.

Isïana pensait qu'il s'agissait d'une simple échauffourée entre deux bandits de bas-étage. Mais il était évident qu'il s'agissait de bien plus que cela. Elle n'arrivait pas à discerner combien il y avait de participants mais au vu des cadavres qui jonchaient la place publique en-dessous d'elle et les échanges de tirs qui continuaient, cela devait aisément se compter par dizaines. Une véritable guerre de gang en pleine ville. N'y avait-il donc pas de forces de l'ordre? Pourquoi l'Extranet ne l'indiquait-il pas aux voyageurs?

Eh. T'es dans les Systèmes Terminus, ma grande! lui jeta sa petite voix. Ouais, c'était le détail. Elle avait tendance à oublier que le Conseil ou l'Alliance se foutaient royalement de cette zone. Guère étonnant après tout. Les colons partaient en connaissance de cause.

Mais cela exaspéra l'Asari. Pas moyen d'être tranquille cinq minutes depuis qu'ils avaient pris leur vacances voilà presque un mois. Depuis l'incident sur Asteria et la blessure de Narillia, Isïana avait eu l'impression de ne pas avoir une minute à soi. Si ce n'était durant leur bref séjour sur Gei Hannom, avant d'être à nouveau embarquée dans une autre histoire le temps que son amie se rétablisse.

Isïana et Narillia n'avaient pas ouvert le feu. Après tout, pourquoi le feraient-elles? Elles n'étaient pas du genre à tirer à vue sur quelqu'un juste parce qu'ils tenaient une arme et se tuaient mutuellement, dans la joie et la bonne humeur! Sinon, Georges se serait à l'heure actuel troué d'impacts de balles Inferno et Cryo au milieu du bar, une marre de sang au alentour. Mais il semblait que ça ne soit pas le cas des types d'en face qui durent prendre les deux Asari pour des ennemis, ayant un meilleur angle de tirs qu'eux. Quelques balles se dirigèrent dans leur direction. Mais la très grande majorité finirent dans le mur en-dessous de la balustrade ou firent exploser quelques vitres du bar situées derrière elles. D'autres cris de panique apparurent parmi le brouhaha des combats.

Isïana jura dans sa langue natale. Évidemment, il fallait qu'elle n'est pas son armure et sa précieuse barrière cinétique sur elle à ce moment là. A la place, elle portait une tenue décontractée uniforme et noire un peu moulante qui donnait l'impression qu'elle portait une petite robe de cérémonie lui tombant jusqu'aux chevilles. Mais celle-ci était entrouverte suffisamment au niveau des jambes pour qu'elle soit libre de ses mouvements, mais sans trop pour éviter d'éventuels regards baladeurs. C'était le compromis idéal pour l'Asari qui pouvait ainsi se balader paisiblement et confortablement mais pouvait également être en condition de combat s'il le fallait. Comme s'était le cas maintenant.

Elle leva les deux bras et créa par réflexe une sphère biotique qui les entoura elle et Narillia. Les débris de verre et quelques nouvelles balles se vaporisèrent au contact de la protection composée d'énergie noire. Cependant, si cela les protégeraient un temps, c'était comme affichait un hologramme géant bleue, clignotant et luminescent sur lequel serait écrit pour toutes les langues: "Coucou! Je suis là! J'aime servir de cibles! Oh oui! Tuez-moi!" Bref, un changement de position s'imposait.

- Par là, lui souffla Narillia tout en tirant une rafale de Locust approximative vers la source des tirs.
- Je te suis, répondit Isïana en lançant une singularité en direction d'un étal de vêtements face à elles.

Narillia l'imita et la lança dans une autre direction. Deux hommes et une femme de différentes espèces reçurent l'attaque biotique et commencèrent à léviter. Il ne fallut guère quelques secondes avant qu'ils soient transpercés de part en part par les gangsters qui se trouvaient du même côté de la place que les deux Asaris. Isïana se demandait comment elle aurait pu se sortir de certaines situations si elle ne possédait pas de pouvoirs biotiques. Il valait mieux pas y penser, comme le confirma un léger frisson qui parcourut son échine à cette idée.

Narillia sortit du périmètre de la sphère biotique et fonça en direction d'un monte-charge où était entreposé diverses caisses de part et d'autre de la balustrade où se terraient une Turienne et une Asari, visiblement affolées. L'amie d'Isïana reçut quelques tirs mais sa barrière biotique absorba tous les chocs. Néanmoins, l'Asari devait avoir sacrément mangée. Elle réussit finalement à se mettre à couvert et repris son souffle.

C'était autour d'Isïana. Sa sphère biotique commençait sérieusement à flancher et ce n'était qu'une question de temps avant qu'elle ne disparaisse, laissant l'Asari comme nue. Elle lança une nouvelle singularité vers les gangsters qui lui tiraient dessus, plus au hasard qu'autre chose. Elle vit donc des culottes, des tee-shirts et des jupes volaient en un maelström incongru. Cela eut au moins le mérite de surprendre les types d'en face et de gêner leur visibilité. Toujours mieux que rien.

Elle quitta sa protection éphémère au moment même où celle-ci s'évanouissait en un frémissement audible. Elle courut rejoindre Narillia tout en espérant qu'aucuns tirs ne viennent se loger malencontreusement dans son corps. Elle se baissa le plus possible pour que les rambardes métallique fassent office de protection, quoique dérisoire. Elle regarda droit devant elle pendant les trente mètres qui la séparait de son amie Asari. Une balle l'atteignit à l'épaule mais sa barrière biotique lui permit d'absorber le choc. Elle fut tout de même désorientée et chancela, le ventre face au sol, ce qui lui coupa la respiration quelques instants et la désorienta. Cela lui permit d'éviter une rafale qui aurait due atteindre son crâne si elle n'était pas tombée.

Elle se releva doucement et entendit soudain un sifflement sourd, plus en bas. Elle vit de la fumée filait du bas du monte-charge et arrivait droit sur un étal. Celui-ci explosa en projetant bois, tissus, corps et matériaux divers un peu partout. Un début d'incendie commença à se répandre et les gangsters proches s'éloignèrent vers d'autres planques. Eh ben. Ils y vont pas de main morte ici!

Elle courut sur les derniers mètres qu'ils lui restaient à parcourir. Elle sauta presque dans les bras de Narillia, cette dernière tirant derrière un conteneur avec son Locust. Le nombre de morts devaient avoir bien augmenté depuis leur sortie du bar car la fréquence de tirs avaient diminué. Du moins, l'oreille d'Isïana habituée au combat depuis plusieurs décennies remarqua qu'il y avait quelques instants silencieux, se comptant en fraction de secondes. Ce qui n'était pas le cas auparavant.

- Dites. Y a quoi là dedans? demanda Isïana en criant par dessus le vacarme ambiant, à l'attention de la Turienne et l'Asari qui se réfugiaient toujours derrière les conteneurs, elles aussi, de l'autre coté du monte-charge par rapport aux deux Asaris armées.
- De la bière turienne et humaine, ça ne risque pas d'exploser si c'était votre question, répondit la Turienne sur le même volume sonore qu'Isïana.



Isïana et Narillia se regardèrent, surprises l'une comme l'autre, et cette dernière prit le risque de se pencher pour voir ce qu'il y avait en-dessous d'elles.

- C'était quoi ça? demanda Isïana tandis qu'elle activait la visée laser verte de son Stilleto et prenait le temps de renflouer sa protection biotique.
- Un Turien assez barge, on dirait.
- Manquait plus que ça. Ami? Ennemi?
- Je saurais te dire, rétorqua Narillia en se remettant à couvert tout en se tournant vers Isïana. Il vide son chargeur de Locust sur les types d'en face, c'est plutôt bon signe.
- Vous pouvez appelez le monte-charge pour le Turien d'en bas? demanda Isïana aux deux femmes de l'autre côté, désignant l'interrupteur.
- Je pense que ça peut se faire, oui, confirma l'Asari en s'approchant du bord de sa planque.

Elle prit le risque de sortir du conteneur quelques instants et appuya en hâte sur le dit interrupteur. Néanmoins, elle le resta un peu trop longtemps. Un tir perfora son épaule gauche et l'Asari tomba au sol - complètement à découvert, une flaque de sang commençant à se former - tandis qu'elle criait de surprise et de douleur.

- Par la Déesse! s'exclama Isïana, surprise.

Elle créa en catastrophe une sphère biotique entre les deux rangées de conteneurs de bière qui leur servaient de protection et se maudit de ne pas y avoir penser plus tôt. Elle courut aussi vite qu'elle put en direction de l'Asari qui geignait en se tenant l'épaule. Elle la ramassa et la porta sans ménagement en direction de Narillia, qui continuait à canarder leurs opposants. La Turienne la regarda emporter l'Asari blessée qui ne cessait de gémir, ne sachant quoi faire. Elle ne bougea pas d'un millimètre, de peur de subir le même sort que l'Asari, si ce n'était pire.

- Vous inquiétez pas, ça va aller, rassura Isïana à l'attention l'Asari lorsqu'elle la posa délicatement au sol.

Celle-ci était vraiment en train de paniquée. Il fallait dire que les salopards d'en face ne l'avait pas loupée. Un énorme trou se trouvait à la place de son épaule. Seul un fusil de précision était capable de faire un tir aussi net. Et cela n'était pas pour rassurer Isïana. Pourquoi, elle n'avais jamais son Naginata dans ces moments là! Cela aurait été un jeu d'enfants!

- T'aurais du médigel? demanda-t-elle en se tournant vers Narillia.
- Là, dans ma poche gauche, répondit celle-ci, qui continuait à canardait les types d'en face. Et toi, t'aurais des cartouches thermiques en rab?

Isïana récupéra la dose de médigel indiquée par son amie puis secoua la tête face à sa question. Celle-ci soupira et se mit à couvert. Elle sortit une cartouche et précisa que c'était sa dernière. De son côté, Isïana tentait de calmer la pauvre Asari et la soigna avec la dose de médigel via l'aide de son OmniTech. La blessée se calma rapidement et la remercia, tout en prenant en soin de se cacher derrière les deux combattantes Asaris, elles mêmes situaient derrière les conteneurs.

Les trois femmes se tournèrent vers le monte charge lorsque celui-ci finit par arrivée à leur niveau, des occupants à leur bord. Isïana et Narillia pointèrent par réflexe leurs armes dans leur direction.

Deux Turiens venaient d'apparaître au niveau du monte-charge dissimulés par des caisses et des barils de bière qui semblait être du même type que celle se trouvant dans les conteneurs où étaient cachées les quatre femmes. Isïana remarqua qu'ils portaient des tenues de combat de l'Armée Turienne. Rien de surprenant vu que quasiment tous les représentants de cet espèce devaient faire leur service militaire dans leur jeunesse. Mais assez rare sur une colonie humaine des mondes Terminus. Elle fut immédiatement suspicieuse et garda son arme braquée sur les nouveaux arrivants.

Ils semblèrent pour le moins surpris de tomber sur deux Asaris mais réagirent rapidement en pointant leurs armes sur elles. Deux pistolets dont Isïana ne connaissait pas le constructeur pour l'un ; un Carniflex d'une main et un lance-missile ML-77 de l'autre pour son acolyte. Cela levait déjà le mystère sur la nature de la destruction de l'étal qui continuait à flamber. Ce n'était clairement pas les premiers débiles venus. Du moins, pour le moment, ils n'en avaient pas l'air.

- Y a le givré? murmura Isïana à l'attention de son amie Asari.
- Ouais, le type avec les deux flingues, répondit-elle sur le même ton.

Traxus : Elles étaient prévu au programme les deux bipèdes à sexe indéfini ?

- J'ai comme un doute..

Ils restèrent ainsi quelques secondes, les deux partis se jaugeant. S'il devait y avoir affrontement, les deux Asaris en sortiraient vainqueurs sans hésitation. Une sphère biotique entourant Isïana, Narillia et la civile Asari puis un tir précis de son Stilleto sur le lance-missile du Turien à la peau jaune et s'était terminé. Le pointeur laser vert de son arme le ciblait déjà d'ailleurs, sans que ceux-ci s'en rendent compte. Dommage, un point en moins pour eux. Le seul soucis, c'était la Turienne innocente qui se trouvait derrière les deux Turiens et qui subirait elle aussi la déflagration. Et Isïana ne pourrait jamais se pardonner de provoquer la mort d'une innocente de sang-froid. Ils se trouvaient donc dans une impasse.

- Je sais pas, j'ai toujours rêvé de le jouer pour de vrai! rétorqua Narillia en s'exclamant, un grand sourire carnassier sur le visage.
- Elle plaisante, précisa Isïana en lançant un regard en ne plus explicite à son amie, lui intimant de ne pas plaisanter. Ce qui lui valut un haussement d'épaules en guise de réponse. Avant toute chose, je vous conseille de sortir du monte-charge, ajouta-t-elle à l'attention des deux Turiens.

En effet, ils continuaient à se faire canarder même si aucuns tirs ne les atteignaient directement. Mais un légèrement grondement leur indiqua que le monte-charge allait redescendre. Il n'avait vraiment pas l'air d'être en bon état. Les deux Turiens s'éloignèrent rapidement et se retrouvèrent à côté de la Turienne qui les fixait dans une posture mélangeant à la fois inquiétude et attirance sexuelle. Il fallait croire qu'ils étaient attirants pour des Turiens. Elle nota ce détail inutile dans un coin de sa mémoire, ça pourrait toujours peut-être s'avérer utile dans un futur proche. Elle crut entendre discuter les deux Turiens entre eux, mais à cette distance, elle n'entendait rien. Elle ignorait d'ailleurs où en était la bataille en-dessous d'eux.

- Sinon, vous savez ce qui se passe? cria Isïana en direction des deux Turiens, tandis que Narillia jetait un rapide coup d’œil vers la place publique.

Elle ne faisait absolument pas confiance aux deux Turiens, mais il ne semblait pas vouloir la tuer, ainsi que Narillia. Elle avait le sentiment qu'ils savaient pourquoi il y avait autant d'agitation ici. Sans doute, parce que le seul qui avait employé un lance-missile pour le moment se trouvait devant elle.

- Parce que bon, on veut bien tirer sur les types d'en face. Mais j'aimerai bien savoir pourquoi, voyez-vous, ajouta-t-elle rapidement.
- Ouaip, confirma Narillia. Même si ça me dérange pas de tirer à vue sur des criminels. Sauf ... que vous avez aussi de l'être vous aussi.

Narillia venait de toucher la corde sensible. Si les deux Turiens ne voulaient pas la jouer franc jeu, ils risquaient de ne pas avoir l'appui des deux Asaris. Ce qui déboucherait ou sur un affrontement auto-destructeur ou simplement l'éloignement respectif des deux partis.

Et puis ... Isïana détestait la bière!

Isïana regarda le Turien à la peinture faciale verte s'avançait dans sa direction et celle de Narillia dans une posture qui se voulait amicale et rassurante. Mais le résultat frôlait le ridicule au vu de la situation actuelle. Les deux Asaris se regardèrent. Mais sur qui elles étaient tombées?

- Tu crois qu'il se fout de notre gueule ou qu'il est naturellement comme ça? murmura Isïana.
- J'ai comme un doute, avoua Narillia en souriant. Je le trouve marrant moi.
- J'aurai plutôt dis: inconscient, rétorqua Isïana en levant les yeux au ciel, puis pris la peine d'écouter l'étrange Turien.

Il s'arrêta soudainement et s'éloigna du monte-charge qui redescendait doucement. Il cria quelque chose mais le son de sa voix fut coupé par l'explosion d'une grenade qui avait roulé sur le monte-charge. Les barils de bière explosèrent et leur contenu se versa dans toutes les directions.

Et évidemment, il fallait qu'une flaque du liquide turien ne se dirige dans la direction des deux Asaris. Narillia n'eut qu'à faire un petit pas sur le côté et ainsi éviter les quelques gouttes qui s'approchaient dans sa direction. De son côté Isïana tenta en vain d'échapper à la vague de bière mais se la reçut quand même en pleine figure.

Elle resta ainsi quelques secondes tandis que le liquide coulait le long de son visage puis se sa robe courte, elle aussi trompée et qui collait désormais à la peau d'Isïana. Dire qu'elle était remontée aurait été un euphémisme. On pouvait presque discerner une faible aura biotique autour de son corps, qui faisait évaporer les rares gouttes de bière encore sur sa peau.

De son côté Narillia était pliée de rire et cela empira quand Isïana lui jeta un regard furieux. Elle espérait que les deux Turiens ne l'avait pas remarqué. Elle se tourna dans leur direction. Non, heureusement celui dénommé Traxus aidait son compère à se relever, ce dernier ayant reçu l'onde de choc de l'explosion de plein fouet. Ainsi que la Turienne qui semblait contente de pouvoir enfin s'approcher des deux Turiens.

- Dommage que ça soit de la bière dextro, sinon je t'aurai bien nettoyée avec ma langue, murmura Narillia qui avait collée ses lèvres à l'oreille d'Isïana, ce qui eut pour conséquence de faire frissonner celle-ci.
- On verra ça une autre fois, rétorqua Isïana agacée mais un peu plus détendue.

Elle regarda le Turien clown qui peinait à récupérer un de ses deux pistolets, ce qui fit sourire Isïana. Bonjour l'image du héros! Il semblait néanmoins rapidement se remettre de ses émotions et semblait sur le point de recommencer son numéro, ce qui fit rapidement disparaître le visage radieux de l'Asari pour y implanter une moue contrariée. Fort heureusement, il fut coupé en plein élan par Traxus.

- C'est une blague? s'étrangla à moitié Isïana à l'attention de Traxus tandis qu'elle regardait le pseudo-héros entrer dans le bar.
- Je l'aime de plus en plus, ce Turien, lança Narillia, amusée.

Isïana regarda Traxus et le regard de ce dernier lui indiqua que ce n'était pas le cas. Elle porta sa main libre et la passa devant le visage en soupirant, ce qui fit rire Narillia et sembla amusée le Turien. Quant à la Turienne et l'Asari blessée qui s'étaient elles aussi retrouvées au mauvais endroit au mauvais moment, elles semblaient de plus en plus perdues et déroutées et semblaient simplement attendre que l'orage passe. Elles devaient avoir eu leur dose d'émotions fortes pour l'année!

Il ne fallut attendre que moins d'une minute avant qu'un bruit de verre brisé s'entende en provenance du bar et le Turien criait au sujet d'une histoire de bière. Narillia qui se trouvait la plus proche annonça à Isïana et Traxus qu'elle partait l'aider. Elle se retrouva nez à nez avec trois mercenaires qui avaient déboulé dans le bar par l'entrée de derrière - par où étaient arrivées Isïana et Narillia auparavant - en direction d'un large escalier qui donnait vers une rue annexe donnant par la suite sur la place du marché. Néanmoins, l'endroit était sensé être tenu par le gang pour lequel les Turiens travaillaient.

Narillia tomba alors sur une scène plutôt hilarante mais ne prit pas le temps de s'en amuser. Les rares personnes qui n'avaient pas osés quitter le bar s'étaient terrées sous les tables et étaient tenus en joue par deux gangsters, tandis que le troisième regardait avec dégoût la bière Turienne sur sa tenue, semblant faire fi des éclats de verre. Elle visa les deux gangsters qui menaçaient les civils. L'un d'eux fut fauché par les munitions Hammerhead malgré la protection de sa barrière cinétique. L'autre eut néanmoins le temps de se mettre à découvert en faisant basculer une table entre lui et l'Asari. Il suffit à celle-ci d'une singularité pour que l'homme et la table se mettent à léviter. Néanmoins, sa protection biotique venait de se dissiper et elle courut s'abriter derrière une autre table retournée par le combat qui avait lieu auparavant. Narillia espérait avoir fait suffisamment diversion pour que le Turien puisse nettoyer le bar. En supposant que des renforts ennemies ne pointe le bout de leur nez, mandibule, tentacules. Bref qu'il y est plus d'ennui.

De son côté, Isïana venait de vider son chargeur de munition Inferno entamée sur un nouveau gangster. Mais combien y en avait-il? Elle avait arrêté de compter à six. Elle tourna la tête vers Traxus qui regardait quelle serait la prochaine victime de son lance-missile. Il s’apprêtait à armer son arme lorsqu'un rebond métallique se fit entendre du côté de la Turienne. Celle-ci se retourna pour voir une grenade roulée non loin de ses pieds.

Son cri d'effroi cessa très vite lorsque l'explosion déchiqueta et brula son corps qui s'envola fumant par-dessus la rambarde. Celle-ci tint bon mais un gros trou venait d'apparaître - montrant les mercenaires et gangsters au niveau de la place publique - qu'aidait le petit groupe. La mort de la Turienne énerva un peu plus Isïana. Elle remarqua néanmoins que le conteneur semblait lui intact et cela lui donna une idée.

- Bon. On va jouer à Angry Pyjaks un peu, lança froidement l'Asari. Mais si, ce jeu sur Extranet où des Pyjaks doivent lancer des objets explosifs sur des Krogans avec un lance-missile. Eh bien, je vais en faire une remix version biotique Asari

Elle ne laissa pas le temps à Traxus de comprendre de quoi il s'agissait et se contenta de se lever et de concentrer tout son potentiel biotique en direction du conteneur. Elle ferma les yeux et leva les deux mains. Le conteneur fut soudain pris d'une lueur bleue et une fumée mauve s'en échappa. Il lévita et monta de quelques centimètres pour finalement se trouver au-dessus de la barrière donnant sur la rambarde.

Elle poussa un cri aigu, presque animal, et baissa rapidement ses bras. Cela eut pour conséquence de faire accélérer le conteneur avec une force phénoménale. Celui-ci fila à toute vitesse et termina sur un pilonne d'une arche décorative. Celui-ci fut complètement arraché et le conteneur termina sa course plus loin, encastré et déformé dans un mur tandis que la bière se répandait au sol et le long du mur - sous le regard horrifié des gangsters ennemis. Certains prirent peurs et commencèrent à détaler. Ce qui énerva le Volus. Celui-ci sortit un brève instant de sa cachette. Dommage pour lui car Traxus le repéra.

Isïana avait quant à elle un peu trop usée de ses pouvoirs biotiques, sa dernière attaque l'ayant vidée complètement. Elle chancela - ses jambes devenues tremblantes comme des brindilles croulant sous son poids - et fut rattrapée in extremis par la civile Asari blessée à l'épaule.

- Mademoiselle? s'inquiéta-t-elle tout en posant Isïana contre le conteneur qui leur servait encore d'abris.
- J'éviterai de jouer au Pyjak biotique à l'avenir, réussit difficilement à dire Isïana tandis qu'elle attrapait le pistolet d'une main tremblante et tentait de baisser son rythme cardiaque qui était monté à une vitesse folle et menacé de l'évanouir.